Chroniques festivalières d'Avignon - 26 juillet

Notre recommandation
4/5

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Je m’appelle Asher Lev - d’Aaron Posner, d’après Chaïm Potok, adaptation : Hannah- Jazz Mertens

Mise en scène : Hannah-Jazz Mertens

Avec : Guillaume Bouchède, Stéphanie Caillol, Martin Karmann

Théâtre des Béliers - 11H50

Asher Lev dessine comme il respire. L’histoire d’un jeune juif orthodoxe de Brooklyn, qui, aux portes du monde prodigieux de l’art, devra choisir : obéir aux exigences des siens et à son éducation religieuse, ou s’abandonner à son destin exceptionnel.

Servie par une très belle distribution au jeu sensible, l’histoire de ce drame entre un père intransigeant et un fils qui n’aspire qu’à respirer hors de la cage qui lui est imposée pose tout le problème de l’antagonisme entre l’Art et les Cultures. Quelles sont les limites de la foi qui se veut généreuse et altruiste face à l’Art qui se veut libre et éclairant ? Un combat à âmes inégales. Une tragédie familiale qui pose les bonnes questions.

Recommandation : 3 coeurs

 

K. d’Alexis Armengol

Mise en scène : Alexis Armengol

Avec : Laurent Seron- Keller, Shih Han Shaw, Romain Tiriakian

Théâtre 11. Avignon - 9H50

Imaginons quelqu’un qui ne serait pas de langue étrangère mais de langue inconnue. Kadhiravan ne parle pas. Du tout. Mutique, complètement. Comment trouver le chemin de “nous” à lui et de lui à “nous” ? On imagine. On projette. On chante : la mélodie semble trouver une voie que le sens ne trouve pas.

Quand le flot des mots et de la parole représente un fleuve infranchissable qui vous noie et que l’émission d’un simple son pour l’enfant mutique déchire tout son être, comment parvenir à tisser le lien, comment faire langue. C’est tout le parcours du combattant de cette équipe qui soigne et tâche d’accrocher au radeau de la vie, le petit naufragé à force de patience, d’écoute et de persévérance. Un bel hommage à ces forcenés de la médecine de l’enfance.

Recommandation : 3 coeurs

 

Guerre - d’après Louis-Ferdinand Céline

Mise en scène : Benoît Lavigne

Avec Benjamin Voisin

Théâtre du Chêne Noir - 17H20

Guerre est l’adaptation théâtrale sous forme de monologue du roman inédit de Louis-Ferdinand Céline. Puissant, violent, dérangeant, le récit se fait aussi émouvant, burlesque et poétique. Tout le génie littéraire de Céline y est présent dans une écriture argotique, outrancière et jubilatoire.

Il est fascinant, étonnant, charismatique, magnétique. Il est pétri de force et de fragilité dans cet exercice et nous offre une incarnation exceptionnelle de ce texte de Céline. Benjamin Voisin nous entraîne dans ce récit âpre, insolent, parfois obscène avec un lyrisme shakespearien. Il a la beauté insolente d’un démon ayant chuté sur la terre et qui porte une parole rugueuse en phase avec une actualité qui résonne fort. C’est aussi un parfaite maîtrise de ce texte qu’il distille avec virtuosité et une jubilation qui emporte l’auditoire. La galerie de personnages qu’il interprète, brossée sans concession, est renforcée par un engagement physique d’une grande qualité. La mise en scène sobre et les très belles lumières du spectacle laissent le champ libre au comédien qui offre une proposition magistrale. Un grand choc et une très belle révélation théâtrale. A ne manquer sous aucun prétexte.

Recommandation : 5 coeurs

 

Je suis la maman du bourreau - de David Lelait-Helo

Mise en scène et jeu : Clémentine Célarié

Théâtre du Chien qui fume

Elle aimait un ange, il était le diable.
Quand Gabrielle découvre quel monstre est vraiment son fils adoré, il est déjà trop tard
... Sous l’armure de cette femme sévère, éclate le cœur en miettes d’une mère. Comment survivre à la trahison ultime ? Où peut la mener son amour de mère ? Vacillante, Gabrielle part en quête d’elle-même. À quel moment s’est-elle trompée ? A-t-elle donc mal aimé ? Ou simplement trop ?

Quel texte bouleversant d’authenticité et de force ! Toute la force de l’amour d’une mère dévorante, trop aimante, confrontée à l’indicible dans sa chair. Clémentine Célarié nous offre là une interprétation magistrale de cette femme déchirée entre ses convictions et ses sacrifices. D’une grande sobriété, mais avec puissance et une profonde intégrité, elle nous livre un jeu sans concession dans le combat qu’elle mène.
Pardon, culpabilité, foi, sacrifice et amour inconditionnel, tout se bouscule et bascule dans cette cellule, véritable écrin de jeu pour un texte écrit à l’encre du sang et des larmes.
C’est un cadeau, et un cri qui résonne et qui mérite l’ovation qui lui est réservée à la fin du spectacle.

Recommandation : 5 coeurs

 

Jonasz au grenier - de et mis en scène par Franck Harscouët

Avec : Malaurie Duffaud, Tristan Garnier, Amala Landré

Théâtre Actuel - 23H

Chaque nuit, dans l’atelier d’une costumière, trois mannequins de celluloïd prennent vie. Entre leurs mains, le journal intime de l’ancien propriétaire. Témoins muets des émotions humaines le jour, la nuit ils chantent les rêves, les voyages, le temps qui passe, l’espoir d’une nouvelle vie. Et puisent dans le répertoire populaire et délicat de Michel Jonasz le souffle d’humanité qui leur permettra de s’extraire de leur condition.

Voilà un délicieux spectacle pour finir vos soirées du festival avec ce trio enchanteur qui nous régale des mélodies de Michel Jonasz (parfois peu connues) et qui nous entraîne dans une féerie tendre et naïve, concoctée par Franck Hascouët avec beaucoup de tendresse. Une qualité musicale parfaite, dont les harmonies retravaillées pour l’occasion, donnent une couleur différente aux chansons. On se laisse porter dans cet atelier à découvrir ou redécouvrir ce swing si particulier qui enchantera votre fin de soirée.

Recommandation : 4 coeurs

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