Chroniques festivalières d'Avignon - 9 juillet

Notre recommandation
3/5

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Et aussi

  • Madeleine Béjart – de Pierre Olivier Scotto et  Xavier Lemaire

Théâtre de la Luna du 5 au 26 juillet à 11h45 - relâche les 11, 18 juillet

Mise en scène : Xavier Lemaire

Avec : Isabelle Andreani 

La confession d'une immense comédienne, à l'aune de sa vie, dans une époque où les femmes étaient empêchées.

Pour incarner une comédienne légendaire, il fallait une interprète d’exception et Isabelle Andréani est là pour l’incarner. Dans ce livre d’images de sa vie on découvre une Madeleine Béjart libre, passionnée, indépendante et au revers de la médaille, une amoureuse inconditionnelle et un cœur soumis et résilient. Avec simplicité et  générosité Isabelle-Madeleine nous charme , nous émeut et nous fait revivre l’ombre bienfaisante et inspirante qu’elle fut pour le grand dramaturge Jean-Baptiste Poquelin. Sans elle, ce génie ne serait jamais peut-être parvenu à sa maturité. Ce que l’on aime chez cette comédienne, c’est ce naturel stupéfiant qui sur tous les registres du jeu qu’elle aborde , elle déploie son talent avec sobriété emportant les cœurs d’une salle conquise avec pour irradier le tout son rire communicatif. Un voyage dans le temps dont le guide vaut tout autant que son histoire.

Recommandation : 4 cœurs

 

  • Blanc de Blanc – de Shu Okuno

Théâtre Golovine du 5 au 25 juillet à 14h - relâche les 7, 14, 21 juillet

Chorégraphie et interprétation : Shu Okuno 

Dans le calme de son atelier, à l’abri des regards, un tailleur donne vie au tissu qu’il façonne. Blanc de Blanc est le quotidien d’un artisan qui se métamorphose en une épopée intérieure, où le mime, la danse et le geste chorégraphié s’entrelacent pour révéler les fragments de plusieurs vies.

Quel bonheur de retrouver l’art de la pantomime dans sa plus belle expression. C’est un corps qui raconte, tout le verbe est dans la gestuelle précise de Shu Okuno qui nous propose plusieurs tableaux, réalistes ou poétiques (les deux mains qui s’aiment est de toute beauté).

Jean-Louis Barrault eut été heureux de voir cet artiste évoluer avec cette simplicité tout en nuance qui vous susurre aux yeux l’histoire d’un rêveur. Redécouvrir le silence incarné des mots dans de simples mouvements donne un langage universel qui saura réunir le plus grand nombre dans son auditoire. Laissez-vous emporter.

Recommandation :  3 cœurs

 

  • Le témoin – de  Stéphane Guérin

Le Buffon du 5 au 26 juillet à 18h10 - relâche les 9, 16 juillet

Mise en scène : Christophe Gand 

Avec Benjamin Jungers 

Amis depuis vingt ans, l'un se marie, l'autre est son témoin. Un discours de mariage peut libérer des secrets.

Stéphane Guérin signe là un texte fort, une comédie-tragique aux allures de massacre sous la langue policée d’un jeune homme en mal de vérité. Benjamin Jungers est ce témoin juvénile et charmant qui va laisser s’évacuer le flot de ses états d’âme pour cet ami, ce frère dont c’est le plus beau jour de sa vie. C’est un scalpel qui lentement déchire les voiles d’un passé et chaque mot retenu, chaque pensée prisonnière s’échappent lentement de cet esprit déchiré pour celui qui fut son modèle. L’interprétation de Benjamin Jungers est brillante et la direction d’acteur de Christophe Gand est glaçante de colère et de douleur.

Quand le secret étouffe un cœur gare à la moindre brèche. Être candidat au bonheur se mérite… méfions nous.

Recommandation : 4 cœurs

 

  • Je n’ai pas lu Foucault – Chefs d’œuvre en prison – de Céline Caussimon

La Factory – espace roseau teinturiers du 5 au 26 juillet à 10h - relâche les 8, 15, 22 juillet

Mise en scèneSophie Gubri

Avec : Céline Caussimon 

Quand l'art révèle l'humanité cachée derrière les murs d’une prison !

C’est sur une expérience folle que Céline Caussimon vient nous raconter son pari osé : faire écrire des détenus sur les chefs d’œuvre de la peinture. Quelle que soit la peine purgée par ses « privés » de liberté, elle va leur ouvrir les portes de l’imagination.

Ce sont des mots simples, frustres parfois qui s’échappent de ces âmes recluses et a-culturées qui évoluent dans un monde violent, pétris de règles strictes, sans concession.  On est ému, on rit souvent des échanges que nous rapporte cette comédienne discrète et authentique qui interprète tour à tour détenus, surveillants et coordinatrices culturelles.

L’humanité résiste à tout et l’imagination est la clé d’un bonheur parfois fugace mais rédempteur. Pudeur et délicatesse flotte sur cet univers carcéral à la lumière de Van Gogh, des impressionnistes, des symbolistes. C’est une belle fenêtre qui s’ouvre et brise les barreaux d’un ciel grillagé.

Recommandation : 3  cœurs

 

  • Peu importe – de Marius Von Mayenburg

Scala Provence du 5 au 26 juillet à 15h35 - relâche les 7, 14, 21 juillet

Mise en scène Robin Ormond 

Avec : Marilyne Fontaine - Assane Timbo  

Simone occupe un poste important qui l’amène à partir fréquemment en mission tandis que son partenaire Erik, dont le métier de traducteur et éditeur lui permet de télétravailler, s’occupe des enfants à la maison en son absence. Le texte de Marius von Mayenburg s’emploie à interroger jusqu’à l’absurde tout ce qui semble pouvoir cimenter un couple : l’égalité, l’écoute, le dialogue. À chaque déception, si infime soit-elle, à chaque réponse manquante aux questions les plus simples, ce sont de petites cathédrales qui s’effondrent. Comment rester soi-même lorsqu’on s’est si longtemps abandonné à l’autre, lorsque son propre désir a créé un vide en soi que l’autre n’a fait qu’accroître sans le combler ?

C’est une véritable performance de comédiens que nous offre la merveilleuse Marylin Fontaine et Assane Timbo. Maitrisant à merveille ce flot ininterrompu de mots qui se bousculent, se percutent sur un rythme effréné, c’est une joute verbale dont on e sort pas indemne. Tout part d’un paquet cadeau ! 

C’est sur un texte en miroir masculin-féminin que Mayenburg analyse de façon étourdissante ce qui construit et cimente un couple et ce qui le défait quand l’habitude s’installe, le déséquilibre des tâches s’impose, les rapports d’argent creusent la différence.

En poussant les situations jusqu’à leur paroxysme on est étourdi, on perd ses repères et il nous faut du temps pour remettre dans l’ordre après ce chamboule-tout de mots, de coups de griffes et d’état des lieux un peu amer. Dans un scénographie particulière qui évoque la submersion des émotions et des sentiments, on se pose tous la même question : mais qu’y avait-t-il dans paquet cadeau ?

Recommandation : 4  cœurs

 

  • The fisher king – de Richard LaGravenese

Théâtre les Lucioles du 5 au 26 juillet - relâche les 9, 16, 23 juillet

Adaptation : Axel Drhey
Mise en scène : Axel Drhey 

Avec : Charlotte Bigeard, Stéphane Brel, Julie Cavanna, Christophe Charrier, Axel Drhey, Alexandre Texier et Jo Zeugma 

Jack Lucas, ancien animateur radio arrogant et irrévérencieux, va croiser la route de Parry, un clochard, illuminé, à la recherche du Saint-Graal. Une rencontre improbable mais prédestinée qui les conduira sur les sentiers de l’amitié et de la rédemption.

Bouleversante histoire menée tambour battant par une équipe d’une belle intensité dramatique dans une mise en scène originale.  L’adaptation se fond au plateau avec intelligence et on en oublie sa matrice première pour s’attacher à ces deux personnages perdus dans leur vie, intimement lié par un traumatisme et une culpabilité. Les quatre protagonistes principaux sont incarnés avec une densité charnelle qui agit comme un coup de poing sur le spectateur qui ne peut rester insensible. Nous sommes immergés au cœur d’un esprit troublé et d’une amitié improbable et poignante. 

Une belle fable moderne à partager entre amis.

Recommandation : 4  cœurs

 

  • Inscape game – de Eric Boucher

Théâtre du Rempart du 5 au 26 juillet à 21h50 - relâche les 10, 17, 24 juillet

Mise en scène Mathieu Hoarau

Avec : Mathieu Hoarau, Yannick Blivet, Eric Boucher, Mathieu Hoarau et Michaël Msihid 

4 amis d'enfance se retrouvent dans un "bar digital immersif". Soudain, au détour d'une révélation, tout bascule : une trappe s'ouvre, un verrou se ferme, et le jeu d’évasion commence. Mais est-ce vraiment un jeu ? Qui se cache derrière cette porte, ce miroir, ces écrans ? Les émotions vont alors prendre le contrôle de la soirée...À moins que ce soit cette Intelligence artificielle espiègle, tantôt alliée tantôt adversaire, qui en sait tant sur eux, leurs secrets, leur intimité...Vous avez 60 minutes !

Un spectacle dans l’air du temps qui vous emmène sur les chemins de l’I.A. et de ses possibles dérives. Pièce d’intrigue sur fond d’amitié bousculée. Voilà une pièce qui a enchanté le public adolescent et geek qui remplissait le théâtre ce soir. Effets garantis pour vous faire sursauter dans une atmosphère de jeu de la vérité dans lequel les 3 interprètes s’en donnent à cœur joie.

Recommandation : 3  cœurs

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