Conte d’hiver

Shakespeare brillamment servi
De
Declan Donnellan
D'après William Shakespeare
Mise en scène
Declan Donnellan
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre les Gémeaux
49 avenue Georges-Clemenceau
92330
Sceaux
01 46 61 36 67
ATTENTION, dernière, le 31 janvier: Du mercredi au samedi, à 20h45. dimanche, 17h
Vu
par Culture-Tops

Thème

Ce drame (du moins au début) surprend par sa noirceur, par l’abrupté de la folie du roi de Sicile, Léonte. Persuadé que sa femme Hermione, enceinte, le trompe avec son fidèle ami Polixène (roi de Bohème), Léonte glisse irrémédiablement dans la démence. Plus aucune parole n’a de valeur, ni de prise sur son esprit prisonnier de la toile paranoïaque qui s’y tisse.  Il est condamné à devoir se torturer et faire souffrir ceux qu’il aime. Mais Léonte est finalement sauvé par sa foi; Il a fait envoyer des émissaires au Temple d’Apollon et nous attendons fébrilement l’oracle. Lorsque Apollon innocente la pauvre Hermione, Léonte défie encore le sacré. Alors l’oracle se vérifie. Ne pouvant plus nier les preuves du réel, Léonte se soumet enfin au divin. La noirceur initiale laisse place à la rédemption, le temps mène les personnages à une fin inattendue et joyeuse. 

Le Conte d’hiver est sans doute l’une des pièces de Shakespeare les plus mystérieuse et folle : une famille détruite par la jalousie, une suite de rebondissements extravagants, une ellipse temporelle de 16 ans en plein cœur de la pièce, un retournement final digne d’un conte de fées… Entre comédie et tragédie, Conte d’hiver ouvre, malgré sa fin heureuse, une réflexion sur le rapport au temps, à l’homme et au sacral.

Points forts

-       La mise en scène est d’une simplicité brillante. Une très grande boîte blanche sur le plateau sert tout à la fois de vaisseau, de maison, de cercueil. La scénographie et la mise en scène sont tournés vers une maîtrise du temps exceptionnelle, tant dans les époques (costumes, langage, lumière), que les ellipses (16 ans !) et littéralement avec la figure du temps incarnée sur scène. C’est la clé de cette pièce centrée sur cet homme, irraisonnable, à qui pourtant la maturité et le renouvellement des saisons offre la rédemption.

-       La transcendance a partie prenante de la mise en scène et de la vision de l’auteur. Comme si sa foi en l’homme venait nous contaminer pour nous emmener vers le Happy End.

-      Declan Donnellan retrouve le sens du conte, à la fois fantastique, brutal, littéral et divin. Il nous offre des moments d’entertainment proches de la télé-réalité à l’italienne, des scènes dramatiques ou poétiquement drôles.

-       Qu’il est doux de retrouver la langue originale de Shakespeare! Les acteurs, tous issus des plus prestigieuses académies de Théâtre anglaises sont étincelants. Ils brillent par leur symbiose, leur présence, leur technique et justesse admirables.

Quelques réserves

Je n’en vois aucun…

Encore un mot...

Dans nos temps troublés, et pour restaurer la confiance en l’homme (politique) il faut voir « Conte d’hiver », pour suivre cet itinéraire exceptionnel qui conduit chacun des personnages le long d’un chemin qui franchit les pires souffrances pour s’ouvrir, soudain, à un avenir possible.

Une phrase

« Il est pernicieux de monter trop d’oeuvres dramatiques qui disent qu’il n’y a pas d’espoir pour la condition humaine (…) Mais, pour moi qui ne suis pas croyant au sens chrétien du terme, et qui cependant crois fondamentalement en la vie même, celle qui nous est donnée pour nous accomplir, l’idée de cette possibilité d’une seconde chance doit être défendue». Declan Donnellan

L'auteur

En quelque vingt-trois ans d'activité fiévreuse, Shakespeare, outre les Sonnets et les poèmes lyriques ou narratifs, a produit trente-huit pièces de théâtre. Au 19e siècle, on les répartissait commodément en trois périodes : la première, marquée principalement par des comédies, légère et heureuse ; la deuxième, celle des tragédies, période noire et qui correspondrait à un profond désarroi personnel ; la troisième, celle des pièces romanesques, réaffirmant, au terme des conflits et des désastres, l'ordre et la lumière. Le Conte d’hiver est l'une des dernières pièce de Shakespeare.

Quant au metteur en scène, Declan Donnellan, il est devenu metteur en scène associé au Royal National Theatre de Londres en 1989. Il a  monté trois pièces pour la Royal Shakespeare Company, le Cid à Avignon, Falstaff à Salzbourg, le ballet Roméo et Juliette au Bolchoï etc… Il a reçu de nombreuses distinctions à Londres, Moscou ou New-York, dont 3 Lawrence Olivier Awards. Il a  réalisé en 2012 « Bel-ami » av

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