Cyrano

Fusion des genres
De
Edmond Rostand
Mise en scène
Bastien Ossart
Avec
Iana-Serena de Freitas, Macha Isakova, Mathilde Guêtré-Rguieg
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre Funambule Montmartre
53, rue des Saules
75018
Paris
01 42 23 88 83
4, 5 et 30 septembre à 20h, 23 et 30 août, 6 septembre à 15h30 Du 12 septembre 2020 au 3 janvier 202 :les samedis à 17h, dimanche à 15h30 et lundis à 19h

Thème

Cyrano de Bergerac, un cadet de Gascogne indépendant, insolent et bretteur, est amoureux de sa cousine Roxane, une de ces précieuses du XVIIe siècle qui aime les beaux discours et les jolies phrases.

Hélas, Cyrano est affublé d’un nez considérable qui le défigure et lui interdit toute tentative de séduction. Il accepte dans les rangs de ses cadets le jeune baron Christian de Neuvillette à la jolie figure, qui lui aussi aime Roxane, mais n’ose l’aborder tant il se sait incapable de la moindre élégance langagière et de la moindre saillie spirituelle.

Cyrano décide d’aider Christian et d’aimer par procuration. Les deux hommes concluent un pacte.

Points forts

Le texte, qui est un des plus populaires du théâtre français, est aussi un des plus accessibles et des plus beaux. Ses moments de bravoure équilibrent - la fameuse “tirade des nez” - les passages plus faibles et sont gravés dans la mémoire collective.

Quelle audace il fallait pour adapter Rostand après tant de mises en scène et de films !  Adopter un parti original s’imposait : Bastien Ossart confie tous les rôles à trois femmes, mélange comme Rostand les genres théâtraux allant du drame à la comédie héroïque et les registres dramatiques, puisque le spectacle décline déclamation, farce, pantomime, comedia del arte.

Quelques réserves

Certaines scènes sont moins réussies que d’autres. L’académisme  et la solennité de la déclamation de la “tirade des nez“ insuffisamment entamée par l’alternance des  trois comédiennes, lui fait perdre de sa séduction  : les voix sont forcées, les vers pas toujours compréhensibles, la gestuelle un peu lourdement mécanique.

On comprend ce choix, il était en effet indispensable d’inventer une modalité nouvelle pour rendre de sa fraîcheur à ce monument théâtral toujours menacé de pétrification, mais la tentative n’est pas ici pleinement convaincante.

Encore un mot...

Le pari est globalement remporté : le jeu des masques, des postures et des échange de rôle confèrent une théâtralité savoureusement inédite à ce classique, dont le drame est d’autant plus concentré et intime qu’il se déroule  sur un plateau nu et partiellement éclairé à la bougie.

Tout ceci restitue avec charme cette tragédie de la parole impossible vécue par un homme qui ne peut se livrer autrement que dans l’ombre qui le dissimule et pratique une escrime des mots par laquelle il ridiculise et humilie ses ennemis. Ce Cyrano revisité est plein de panache.

Une phrase

“J’aime - mais c’est forcé - la plus belle qui soit (…)
Je m’exalte, j’oublie et j’aperçois soudain
L’ombre de mon profil sur le mur du jardin.”

L'auteur

Inspirée de la vie et de l'œuvre de l'écrivain libertin Savinien de Cyrano de Bergerac, l’oeuvre est la pièce la plus jouée d’Edmond Rostand. Représentée pour la première   fois le 28 décembre 1897 au théâtre de la porte Saint-Martin, où elle a connu un succès aussi énorme qu’immédiat, elle a depuis été jouée des milliers de fois dans le monde entier, donnant lieu à plus de 80 mises en scène à l’intérieur de l’hexagone.

Cyrano a inspiré huit cinéastes, jusqu’au groupe Police pour sa chanson Roxane (sur un thème sensiblement différent), a donné lieu à cinq opéras, un ballet, et des bandes dessinées.

La pièce est bien entendu au répertoire de la Comédie française. C’est véritablement une œuvre patrimoniale, ce que Rostand espérait vraisemblablement.

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