Iliade

Un spectacle jubilatoire
De
Homère
Adapté par Damien Roussineau et Alexis Perret
Mise en scène
Damien Roussineau et Alexis Perret
Avec
Damien Roussineau et Alexis Perret
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Le Lucernaire
53 rue Notre Dame des Champs
75006
Paris
0145445734
Jusqu'au 4 fécrier 2018: Du mardi au samedi à 18h30. Le dimanche à 15h
Vu
par Culture-Tops

Thème

Après les obsèques de leur père, deux frères reviennent dans la maison de leur enfance. Au grenier, ils retrouvent leurs déguisements, faits de bric et de broc, avec lesquels ils jouaient à « L’Iliade » comme d’autres aux gendarmes et aux voleurs. Bien que devenus adultes, ils ne résistent pas au plaisir de réinterpréter tous les personnages d’Homère. Et la guerre de Troie a lieu, une dernière fois.

Points forts

- Les deux comédiens Damien Roussineau et Alexis Perret sont tout simplement époustouflants d’énergie, de sincérité, de sensibilité et d’endurance physique. Ils se partagent les 35 personnages de cette « Iliade », les dieux, les Troyens, les Achéens, les guerriers, les femmes, Hélène, Andromaque… et passent de l’un à l’autre en un clin d’œil, avec seulement pour les évoquer une coiffe ou un élément de costume. Quel tourbillon maîtrisé !

Ils traversent le plateau, se battent, s’habillent, se déshabillent, jouent toutes les situations sans retenue, dessinent leurs personnages d’un trait sûr, le tout sur un rythme effréné. Ils savent aussi ralentir pour faire passer une émotion, comme celle d’Achille à la mort de Patrocle ou lorsque Priam vient réclamer le cadavre de son fils Hector en territoire ennemi. 

- Que d’invention dans les costumes et dans les accessoires, tous imaginés à partir de récup ! Les hauts murs de Troie sont de simples casiers à bouteilles, les casques, des brosses à reluire renversées ou des passoires, les armures, du molleton découpé, les boucliers, un couvercle de poubelle ou un skate-board, les chitons, de vieux rideaux, et les tuniques de cuir, un assemblage de chaussettes rouges pour les Troyens, jaunes pour les Achéens…

- Ce spectacle est aussi un hommage aux jeux de l’enfance, si proches du théâtre et de l’art dramatique. Cet âge merveilleux où l’imagination est illimitée et la force de conviction, dure comme fer, lorsqu’un bout de carton grossièrement découpé fait figure de glaive ou de revolver.

Ici, les deux comédiens interprètent deux personnages qui jouent à jouer. Cette mise en abyme est tout simplement jubilatoire pour le public qui a le sentiment de s’amuser avec eux.

Quelques réserves

- Les enfants qui ont étudié « L’Iliade » à l’école, ou lu l’un des nombreux ouvrages de vulgarisation, ou vu le film de Wolfgang Petersen avec Brad Pitt, sortiront enthousiastes du théâtre. Pas sûr en revanche que les autres, ceux pour qui ce spectacle est une première prise de contact avec le texte d’Homère, ne soient pas un peu perdus par la multiplicité des personnages et la rapidité du récit.

- Certes, les puristes vous le rediront : « L’Iliade » s’arrête après les obsèques d’Hector, mais les auteurs de ce spectacle ont peut-être manifesté trop de respect à l’égard du texte d’Homère. De la salle, on aimerait que cette guerre aille jusqu’à sa conclusion, jusqu’au fameux cheval de Troie (même brièvement).

Car ce récit martial sans son issue (évoquée dans « L’Odyssée » mais que Virgile détaille plus dans « L’Enéide ») est un peu comme une représentation de « Hamlet » dont le metteur en scène aurait coupé « Être ou ne pas être… ». Parfois au théâtre, il est bon de dire basta aux exégètes ! Ainsi le cheval à roulettes qui trône dans le décor aurait trouvé sa pleine utilité...

Encore un mot...

Texte fondateur de la littérature occidentale que l’on ne se lasse pas de s’entendre raconter, « L’Iliade » est ici présentée comme un jeu d’enfants, avec une imagination débordante mais aussi une rigueur stricte et une grande fidélité. Un spectacle jubilatoire.

Une phrase

Hector, guettant le lever du jour du haut des murailles de Troie : « Ce n’est pas l’aurore. La nuit hésite toujours. »

L'auteur

A-t-il réellement existé en tant qu’individu ou représente-t-il une identité construite ? Qu’importe. Homère, selon la tradition, est le poète grec, l’aède, à qui l’on doit notamment « L’Iliade » et « L’Odyssée ». Vieux et aveugle, il est représenté allant de ville en ville et déclamant ses vers.

La traduction, parue chez Gallimard, disponible dans la collection Folio, est de Jean-Louis Backès, écrivain et professeur.

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