Iliade et Odyssée

Pour le spectacle, pas pour certaines intentions
De
Pauline Bayle
Inspirées d'Homère
Mise en scène
Pauline Bayle
Avec
La Compagnie A Tire-d'aile
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre Bastille
76 rue de la Roquette
75011
Paris
0143574214
ATTENTION: dernière, le 3 février: Spectacle en alternance (1h30): Iliade les 23, 25, 30 janvier et le 1er février à 19 h précises/ Odyssée les 24, 26 et 31 janvier et le 2 février à 19 h. Intégrale le 27 janvier et le 3 février à 19 h

Thème

L'Iliade et l'Odyssée, évidemment! Faut-il en dire plus ? La notice de présentation affirme que l'adaptation s'appuie sur les traductions de Victor Bérard et Leconte de Lisle (chronologiquement, ce serait plutôt l'inverse...). Et pour ceux qui ignoreraient le contenu de ces épopées, un résumé le rappelle.

Points forts

  • Le spectacle donne une idée juste du foisonnement du texte grec.  Même si on se doute que certains dialogues, d'un ton très contemporain, ne figure pas chez Homère, d'autres passages en sont manifestement extraits. L'humour n'est pas absent, tant mieux ! Les récits de combats sanglants sont réalistes et bien rendus.
  • Les énumérations (la liste des bateaux, les guerriers engagés) respectent bien la manière d'Homère. Les comédiens ont du mérite de citer de mémoire tous ces noms grecs !
  • Bonne initiation pour qui ne connaîtrait pas ces chefs d'oeuvre et voudrait les aborder de manière plus ludique. La moitié de la salle était d'ailleurs composée de jeunes.
  • La mise en scène minimaliste surprend (les bras trempés dans des paillettes dorées suggèrent une armure, ou dans la peinture rouge, le sang). Le début se fait dans le hall d'entrée quand, soudain, alors qu'on est tous debout, attendant l'ouverture des portes, un acteur vient résumer la situation des forces armées en présence.
  • Les 5 comédiens (Charlotte van Bervesselès, Florent Dorin, Alex Fondja, Vickoria Kozlova, Yan Tassin) ont du métier, sont sympathiques, prometteurs, compétents.

Quelques réserves

  • Comme ils ne sont que 5 pour la multitude de personnages, amis-ennemis, Grecs-Troyens, combattants, dieux de l'Olympe, etc... il ne faut pas manquer l'instant où chacun est obligé de rappeler le rôle qu'il joue : "Moi, Achille" ou "Moi Zeus, et ainsi de suite. Seuls quelques éléments de costumes aident à les repérer : Zeus porte en pendentif un éclair, Poséidon une casquette à trident, Aphrodite une perruque blonde... Heureusement, un panneau dans le fond du décor, dresse en partie la liste des Grecs et celle des Troyens, on s'y retrouve !
  • Que la jeune femme metteur en scène tienne, dans le dépliant de présentation, un discours de féministe militante, c'est son droit. Mais on suppose qu'elle n'ignore pas que faire jouer un rôle féminin par un homme n'est pas une nouveauté, il y'a belle lurette que le théâtre, antique ou classique, en faisait autant. L'inverse est sans doute plus rare... Aussi Hector, comme Achille, sont-ils tenus par de jeunes comédiennes (courageuse celle qui joue Achille d'ailleurs, quand elle reçoit des seaux d'eau censés figurer la colère du fleuve). Quant à Héra, jouée par un homme qui porte un soutien-gorge rouge, cela ressort du comique, et pourquoi pas ? Mais qu'elle nous affirme péremptoirement (c'est écrit dans la note d'intention) :  "En faisant jouer un rôle d'homme par une femme, on peut concrètement voir qu'une femme peut avoir en elle de la rage, de la colère et qu'elle a les épaules pour mener une armée. A l'inverse, on est témoin de la douceur et de la compassion dont peut témoigner un homme à l'égard de quelqu'un d'autre. Finalement, j''attends du théâtre qu'il vienne questionner et faire évoluer des conceptions toutes faites afin de se familiariser avec une nouvelle vision du monde, neuve et surprenante"... c'est tout de même un peu prétentieux, non ?
  • Les grandes scènes d'émotion (la mort de Patrocle, le dialogue entre Hector et Andromaque, la supplique de Priam) auraient pu être plus vibrantes, plus sincères. On n'est pas à la Comédie française, certes, et le classique est ici revisité, mais tout sympathique qu'il soit, tout animé d'un "élan vital énergique" (sic), on reste gentiment sur sa faim. 

Encore un mot...

On aime tellement ces deux grands textes qui fondent notre patrimoine culturel qu'on est heureux qu'il reste encore des gens pour aller les écouter ou les découvrir.

Une phrase

"Tandis que l'Iliade racontait comment faire la guerre, l'Odyssée raconte comment s'en remettre".

L'auteur

Pauline Bayle, après des études classiques et d'art dramatique, a créé l'Iliade en 2015. Elle décide de monter maintenant l'Odyssée, créé en 2017 à la MC2 de Grenoble. Plusieurs villes de province ont bénéficié de cette création: Albi, la Rochelle, Chartres...). 

Mais pitié, qu'elle cesse de se servir d'Homère pour diffuser ses convictions personnelles sur la théorie du genre  : "Je pense que c'est la culture qui a assigné aux genres leurs rôles dans la société et je refuse fermement le fondement biologique de ces caractéristiques". Le théâtre doit-il à n'importe quel prix diffuser des idées "politiques" ? La question -et la réponse- se posait déjà cinq siècles av. J.-C...   

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