Je me souviendrai … de presque tout
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Thème
Un père, un grand-père, un fils. Trois générations. Trois étapes de vie. Trois destins fortement influencés par leur famille. Trois vies, l’une proche de s’achever, l’autre à poursuivre, et la dernière qui débute….
Le grand-père est au sommet de sa gloire d’acteur. Le père, écrivain raté, vit d’expédients et a perdu foi en la vie. Le fils adolescent est encore émerveillé par les promesses que l’avenir lui réserve, il soutient son père et n’a quasiment jamais vu son grand-père.
Le retour inattendu du grand-père dans la vie de son fils pour qu’il rédige ses mémoires provoque des retrouvailles féroces et poignantes, qui leur permettront de revisiter un passé pas très commun.
Points forts
La famille est un creuset fertile dans lequel faire fondre la matière inépuisable que constitue la famille. Encore faut-il y mettre les bons ingrédients, les faire mijoter et ajuster le temps de cuisson pour en faire une bonne pièce. Ici, la recette est parfaitement au point.
Les dialogues mordants d’Alexis Macquart sont ciselés pour faire ressurgir ces secrets de famille avec un sens parfait de la dramaturgie. Mêlant tendresse et cynisme, les répliques font mouche et installent une tension entre les trois personnages, entre non-dits, sous-entendus et révélations. L’émotion est partout présente grâce à un subtil équilibre entre gravité et légèreté.
Le rôle est taillé sur mesure pour un Pierre Arditi qui, à 80 ans, n’en finit pas d’étirer sa présence sur les planches, avec une gourmandise et une excitation de jeune premier. Il est accompagné par Nicolas Briançon qui, à force de confirmer qu’il était l’un des tout meilleurs second rôle de la scène française, est maintenant en haut de l’affiche. La compagnie de ces deux-là doit être, pour Miguel Vander Linden, un exemple en même temps qu’un plaisir, dont il se montre tout à fait digne.
La mise en scène de Julien Boisselier laisse toute la place au texte et aux comédiens, en les accompagnant discrètement. Toute la pièce se déroule avec fluidité et le plus grand naturel. Seules sont palpables la sincérité des personnages et leur évolution au gré des rebondissements du scénario.
On est forcément touché – pas seulement lorsqu’on est, ou on a été, un grand-père, un père ou un fils - par la thématique de cette pièce et la qualité de l’ensemble. Je me souviendrai… de presque tout est une magnifique réussite, une pièce élégante et chaleureuse, juste et sincère, de celles qui laissent un trace et donne envie de la recommander…
Quelques réserves
- Pas de réserve, si ce n’est peut-être une conclusion qui s’étire comme une épitaphe avec un ou deux mots de trop.
Encore un mot...
« Le théâtre, c’est ma vie. Je n’aurai pas assez de ce qui reste de ma vie pour faire tout ce qu’on me propose. » Pierre Arditi est un monstre sacré du théâtre. A 80 ans, et malgré des malaises sans gravité en 2023 ayant entraîné la suspension de quelques représentations, l’acteur deux fois oscarisé, déborde de projets.
Après son interprétation ici d’un acteur fantasque, irresponsable mais diablement attachant, il reprendra la saison prochaine Le Père, de Florian Zeller, et jouera en tournée Le Prix. Il tournera également deux films et la série télé Le Sang de la vigne, qu’il a créée.
Une phrase
« Le père [reposant le combiné du téléphone] : « C’est ton grand-père…
- Le fils : Il est mort ?
- Le père : Pire, il vient nous rendre visite, il sera ici dans cinq minutes. »Le grand-père : « On m’a demandé d’écrire mes mémoires, et puis je me suis souvenu que j’avais un fils qui écrivait lui aussi et je me dis “pourquoi pas lui ?“. »
- Le grand-père : « Et si on repartait à zéro ?
- Le père : D’abord je veux que tu me promettes une chose.
- Le grand-père : Promesse accordée.
- Le père : Promets-moi de dire la vérité.
- Le grand-père : J’essayerai de me souvenir de presque tout. »
L'auteur
Alexis Macquart, né en 1977, est un humoriste et acteur français repéré en 2006 par Jamel Debbouze, qui l’intègre à son Jamel Comedy Club. En 2007, Alexis Macquart interprète son premier spectacle, intitulé Corrosif, au théâtre des Blancs-Manteaux puis un deuxième, Alexis Macquart, faites-le taire, en 2011 au Palais des glaces.
Il a également participé à des émissions de télévision, pour France 4 et Canal +.
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