
La Malédiction du cygne
Un cygne qui bat de l’aile…
De
Anne-Marie Sapse
Mise en scène
Fred Fayt Thérisod
Avec
Delphine André, Rosalie Bonneville, Albert Dufer , Julie Léger, Véronique Multon Christophe Rouillon, Frédéric Thérisod
Notre recommandation
2/5
Infos & réservation
La Folie Théâtre
6 rue de la Folie Méricourt
75011
Paris
01 43 55 14 80
Jusqu’au 21 juin 2025. Du jeudi au samedi à 21h30
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Thème
- Nous sommes dans une ferme de la forêt finlandaise et un couple d’âge mûr, Kaisa et Jan, devise autour du repas du soir. Les protagonistes évoquent “Elle“, la jeune sœur de Kaisa, qui, recueillie par son ainée après la mort de leurs parents, vit recluse et prostrée. Son comportement indolent et fantasque inquiète Kaisa, agace son beau-frère, et fait murmurer les villageois.
- Quand Ahti, un jeune homme du voisinage marié à Kylliki, croise “Elle“, c’est le coup de foudre. Une passion irrépressible et brûlante va dès lors bouleverser la petite communauté rurale.
Points forts
- On peut aimer les résonnances oniriques d’une action qui, baignée dans une lumière bleue, emprunte largement aux thèmes de l’épopée finlandaise.
- Modernisée, elle donne lieu notamment à une assez jolie scène de rupture, qui doit beaucoup au naturel de Rosalie Bonneville
Quelques réserves
- Cependant, n’est pas Ibsen qui veut… Certes, ce texte est vibrant du désir des personnages d’échapper à l’enfermement de vies étriquées, de leur besoin de liberté, de leur révolte parfois inspirante. Mais l’articulation entre le très contemporain et la « malédiction du Cygne noir » glissant sur le lac est bancale, car les dialogues manquent de nerf, de saillances, de poésie et de profondeur, et une mise en scène laborieuse sent un peu trop l’amateurisme.
- Ce qui aurait pu être envoûtant l’est d’autant moins que le parti pris de l’interprétation ne sauve pas le spectacle de la platitude. “Elle“, emphatique, démonstrative et désespérement artificielle, finit par s’imposer comme une figure de psychotique hallucinée qui, refusant la finitude humaine, entraîne celui qui l’aime dans sa sombre folie destructrice… sauf qu’on n’y croit pas une seconde : tout sonne faux, du dialogue lourdement mis en gestes avec le sapin mourant, jusqu’au baiser appuyé, censé introduire une sensualité dévorante là où le charme du fantastique aurait dû suffire.
Encore un mot...
- La Malédiction du cygne puise dans la mythologie du Kalevala, un cycle épique finlandais de 22800 vers rassemblés au XIXème siècle par Elias Lönnrot.
- Tuonela, le royaume des morts, est ici prétexte pour donner à voir un monde rural gouverné par le travail, les obligations conjugales et l’enfermement familial.
Une phrase
- « Personne n’est en dehors du mal ou du bien. »
- « C’est mal de trop aimer la vie car rien n’est éternel. »
- Ahti : « Je suis vide, mais d’un vide qui attend quelque chose. »
- Vaïno : « Le Cygne est la paix, il est l’oubli, c’est la tristesse aussi. »
L'auteur
- Professeure de chimie à l'Université de New York, philosophe, autrice d'ouvrages de vulgarisation scientifique et poétesse, Anne-Marie Sapse est l’autrice de deux pièces : Yseult aux blanches mains (créée à New York) et Cassandre à travers les Ages, jouées à Paris en 2020 et 2022, puis à Avignon en 2023.
- La Malédiction du cygne est sa dernière œuvre théâtrale.
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