LE BETIN

Un jeune garçon de 7 ans sous emprise renaît à 33 ans
De
Olivier Lusse Mourier
Mise en scène
Olivier Lusse Mourier
Avec
Bérengère Dautun, Thomas Priscoglio, Maurine Dubus, Antoine Gatignol, Manon Potier
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Studio Hébertot
78bis, boulevard des Batignolles
75017
Paris
01 42 93 13 04
Jusqu’au 1er juin 2025 Les Jeudi, vendredi et samedi à 21h, le dimanche à14h30

Thème

  • Malmené dans son enfance par un père violent et tyrannique et une mère à l’équilibre psychologique fragile, le héros, Axel, 33 ans, essaye tant bien que mal de se reconstruire une vie harmonieuse ou au moins équilibrée. 

  • Un événement fortuit annoncé à la radio - la dernière éclipse du soleil du XXe siècle - a déclenché chez Axel un choc irrépressible et libérateur. Grâce à l’aide d’une  psychiatre, il va se libérer d’un secret insoutenable. En effet, Axe est perturbé, torturé, tyrannisé et malheureux.

  • Son potentiel créatif énorme ne suffit pas pour mener un combat intérieur inévitable avec “le Bétin“, sorte de pantin invisible et obsédant, personnage imaginaire issu d’une vieille tradition populaire de la région de Reims où s’est déroulée l’enfance brimée du petit Axel. 

  • Le Bétin, tel un  Peter Pan qui ne voulait pas grandir, est installé en permanence sur le devant de la scène et incarne un  Axel tout petit subissant  les pires avanies de la part de son faux père, mais vrai beau-père, dangereusement abusif et profitant de l’indifférence d’une mère fragile, trompée  et dépassée. 

  • Cécile Sale (Bérangère Dautun), une psy expérimentée et bienveillante, offre une main secourable à Axel avec la patience et l’écoute nécessaire pour accompagner cet enfant devenu adulte en souffrance. La psychiatre, femme douce et chenue, dotée d’une grande humanité, mêlant rigueur et empathie, parvient à aider son patient à renouer les liens avec sa mémoire d’enfant jusqu’à sa libération et son épanouissement professionnel en auteur et metteur en scène de théâtre.

  • Cette pièce, construite à partir d’une histoire vraie vécue par l’auteur, est un cri contre les  violences familiales, en particulier celles faites aux enfants, et une alerte devant les risques liés à la pédo-criminalité.

Points forts

  • Une grande émotion  se dégage au fur et à mesure du développement du thème des échanges entre Cécile et Axel. Cette histoire, extrêmement triste, mais pas sombre, nous touche au plus profond de nous-même,  quel que soit notre âge, car il y a toujours un enfant qui sommeille en nous. 

  • La qualité de l’interprétation doit être soulignée : 

    • celle tout à fait exceptionnelle de Thomas Priscoglio dans le rôle d’Axel, à la fois comédien convaincant, danseur expressif et gymnaste communiquant sympathique, un personnage qui exprime à la fois souffrance, joie, spontanéité ;

    • en passant par celle de Bérangère Dautun (ex-sociétaire de la Comédie Française, 1er prix du conservatoire d’art dramatique), tout en murmures et en finesse, trouve les quelques mots salvateurs dignes d’une véritable psychanalyste lacanienne ;

    • Manon Potier, issue du cours Florent, est une Claire passionnée et pleine de charme qui campe l’amie d’enfance inoubliable devenant le rayon de soleil à l’aube du renouveau de son ancien camarade ;

    • la maman, interprétée par la très belle Maurine Dubus (cours Florent aussi), est émouvante et d’une impuissance tragique ;

    • sans oublier « Il » (Antoine Gatignol), horrible bonhomme, irresponsable de tout !

  • Une belle mise en scène, autour d’un divan très XVIIIeme, rythmée par une musique jazzy années 1950 conférant à l’ensemble une couleur nostalgique, contrastant avec des scènes d’une rare violence ente l’adulte-enfant et le faux père/ beau-père. 

Quelques réserves

  • L’intensité dramatique faiblit au dernier quart de la pièce lorsqu’Axel, ayant retrouvé Claire, évoque avec elle ses souvenirs d’adolescents, ces véritables « madeleines de Proust » que sont des bonbons à la violette ou le spectacle des étoiles qui les réunissait sous dans la voute céleste : c’est long, comme la nuit des temps…

Encore un mot...

  • Les souvenirs d’une enfance lourde à porter sont venus frapper fortement la mémoire de l’auteur quand il avait 17 ans. Pour l’auteur Olivier Lusse Mourier, révéler son histoire devient inéluctable pour modifier au plus vite sa trajectoire de vie, mais il lui faut patienter pour devenir « plus riche en mots et pour nommer ses maux. »

  • Vingt ans plus tard, pousser à s’exprimer sous la pression de l’actualité, l’intention d’Olivier Lusse Mourier se précise : protéger ces enfances où la maltraitance est le seul langage exprimé  et entendu dans certaines familles. Il s’agit d’être un porteur d’espoir pour les victimes.

Une phrase

  • « Je suis vivant, vivant, je suis le capitaine de ma vie. Chaque jour j’écris le livre de mes aventures, je suis le roi de ma destinée. »

L'auteur

  • Olivier Lusse Moutier est un interprète protéiforme :

    • comédien pendant 25 ans pour le théâtre, avec notamment Les Parents terribles de Jean Cocteau puis Britannicus et Andromaque de Racine, Le Barbier de Séville et Les Lettres de mon moulin ;

      • pour la télévision, il joue dans Navarro, au cinéma dans La Vie rêvée des anges, Paradoxe, Ton rêve, le mien… 

  • Comme créateur, il on lui doit :

    • Reflet, un court-métrage sur le harcèlement scolaire (plus de 1 million de vues en quelques semaines) en 2019 ;

    • un autre moyen métrage, La face obscure du soleil (2024), qui remporte le Grand prix de l’International Children Care Film Festival

  • Auteur, il entame ensuite une carrière d’écrivain et de metteur en scène de spectacles musicaux pour enfants, avec par exemple Peter, l’enfant imaginaire, puis des pièces plus classiques ou contemporaines, comme Parler pour ne rien dire, Arlequin poli par l’amour, L’Hôtel des deux mondes.

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