Maîtres Anciens

Un jeu de massacre jubilatoire et émouvant
De
Thomas Bernhard
Traduction française : Gilberte Lambrichs
Mise en scène
Eric Didry
Avec
Nicolas Bouchaud
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre de la Bastille
76 rue de la Roquette
75011
Paris
0143574214
Jusqu'au 22 décembre, à 19h. Théâtre de Chelles en janvier et Théâtre Garonne en février

Thème

Maîtres anciens se déroule intégralement au musée d’histoire de l’art de Vienne où le vieux Reger, critique musical, a donné rendez-vous à Atzbacher pour un motif qu’on ne découvrira qu’à la toute fin.

Atzbacher est là, en avance, et observe Reger à la dérobée.

Dans cette attente d’un rendez-vous viennent se nicher réflexions, supputations, spéculations de l’un sur l’autre. Sous la forme d’un discours indirect, sans chapitre, sans retour à la ligne, sans même de point, le texte piétine, répète, ressasse et passe sans transition d’un sujet à un autre : sont convoqués pêle-mêle Heidegger, le deuil, l’art, l’héritage, la filiation.

Roman de la transmission, Maîtres anciens est aussi un roman de l’émancipation : si nous héritons, en effet, de ceux qui nous ont précédés – des œuvres comme des hommes – il appartient à chacun de s’emparer librement de cet héritage.

Points forts

  • Nicolas Bouchaud, seul en scène, est excellent. Son rythme, sa voix, son souffle, ses silences, sont captivants et portent ce texte sarcastique et désespéré au sublime.
  • L'adaptation théâtrale, donc orale et gestuelle, du roman de Thomas Bernhard est intéressante.
  • Le choix des camaïeux de couleurs sobres des décors et des habits du comédien qui laissent libre l'imagination des spectateurs.
  • Le mélange de sentiments que ce spectacle provoque quand le rideau tombe : goût de la liberté, sensation de notre dérision à tous, et tendresse amusée pour les personnages de la comédie humaine.

Quelques réserves

Je n'en vois aucun

Encore un mot...

Un jeu de massacre jubilatoire et émouvant. Du rire aux larmes, on pense beaucoup aux logorrhées de l'Ulysse de James Joyce.

Une phrase

« L'enfance est le trou noir où l'on a été précipité par ses parents et d'où l'on doit sortir sans aucune aide. Il faut un effort surhumain pour sortir du trou de l'enfance. Et si nous ne sortons pas assez tôt de ce trou vraiment le plus noir, nous n'en sortirons jamais. »

L'auteur

Thomas Bernhard (1931-1989) est un écrivain et dramaturge autrichien.

Maîtres Anciens, publié en 1985, est son avant-dernier roman.

Paru en français chez Gallimard en septembre 1988, Maîtres Anciens reçoit, dans la foulée, le prix Médicis étranger dès l'automne 1988.

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