Médecine générale

Une excellente potion… qui ne guérit pas
De
Olivier Cadiot
Mise en scène
Ludovic Lagarde
Avec
Valérie Dashwood, Laurent Poitrenaux, Alvise Siniva
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Théâtre de la Ville - Les Abbesses
31 rue des Abbesses
75018
Paris
01 42 74 22 77
Jusqu’au 13 mai 2025. Du lundi au mercredi et vendredi et samedi 20h, dimanche 11 mai à 15h

Thème

  • Le narrateur enterre son frère, l’anthropologue revient de trente ans d’exil volontaire en Amazonie, le musicien surdoué est une rencontre de hasard et de train :

    • Mathilde, l’anthropologue, ne comprend plus les usages de son pays ;

    • Pierre, le surdoué, est un orphelin errant ;

    • enfin le narrateur, qui n’a pas endossé le testament moral de son frère mort, est hanté par des questions religieuses, notamment celles relative à la très mystérieuse Trinité. 

  • Ces trois endeuillés, plus ou moins inadaptés et tout à fait égarés, décident de s’installer ensemble dans la maison de famille quasi abandonnée de l’anthropologue, et ce afin de « tout reprendre à zéro », et pour soigner ensemble leur mal de vivre. 

  • L’abandon dans lequel ils trouvent la vieille maison est à l’image de celui qu’ils vivent et qui stimule leur désir de faire quelque chose ensemble, de faire vivre leur petite communauté sur le modèle d’une utopie rêvée, autour du projet insaisissable du narrateur.

Points forts

  • Le texte, d’une précision clinique alors même qu’il est parfaitement exempt de tout psychologisme, est traversé par les brefs éclats d’un humour noir et élégant et admirablement servi par l’interprétation tendue de Laurent Poitrenaux et l’acuité de sa diction ciselée. 

  • L’espace scénique, très dessiné par de grands panneaux blancs et la présence d’un piano à queue est opportunément ouvert sur le monde par des moments vidéos qui en complexifient la respiration. 

  • On s’accroche à quelques jolis passages, trop vite enfuis, comme ces considérations sur la façon très profondément différente dont les Jivaros et l’anthropologue se saisissent d’un paysage et ce que ce mot veut dire pour eux, ou le rétrécissement de la Terre.

Quelques réserves

  • Mais les réserves qu’on peut émettre, et qui tiennent peut-être aussi à l’insuffisance de l’autrice de ces lignes, sont en miroir des qualités évoquées. Riche et protéiforme, le texte est aussi d’une confusion telle qu’il amène à penser qu’il n’était pas fait pour le théâtre, même un théâtre “nouveau“. 

  • Ces personnages qui parlent ne se parlent qu’à peine, ils n’échangent pas grand-chose ce dont témoignent des répliques qui n’en sont qu’exceptionnellement, la plupart des paroles étant proférées sans obtenir de réponse, sans rencontrer d’écho véritable (cf. extraits plus bas). Et c’est cela - bien plus que l’absence d’intrigue ou de narration - qui ennuie : la déliaison absolue de ces individus qui se lancent des aphorismes brillants, des formules percutantes sans rien créer d’autre qu’une agitation (que soulignent d’ailleurs leurs gesticulations gratuites, leurs déshabillages et leur rhabillages, l’escalade du piano, la manipulation des magnétophones et d’un tableau de régie son) laisse perplexe et froid. Pourquoi tant de constance dans le déplacement incessant de ces meubles, si ce n’est pour donner un dynamisme factice à un texte qui est tout sauf dramaturgique ?

  • On ne saisit pas bien en quoi consiste le “projet“ du narrateur, ce que les personnages espèrent ou pas ensemble, ni pourquoi et en quoi leur tentative échoue. Tout ceci, qui va trop vite et se dissout dans l’apesanteur de la scène de théâtre, semble un peu vain et vide.

Encore un mot...

  • Il s’agit ici, on l’entend, de parler du monde sans donner de leçon, d’aborder la complexité des choses avec poésie, de proposer davantage de questions que de réponses. 

Une phrase

  • « Heureux les pauvres en esprit, ils resteront pauvres, mais deviendront heureux. »
  • « Le ciel n’est pas vide, il est horriblement plein d’autres choses que nous. »
  • « On ne devient pas quelque chose, on devient tout court. »
  • « Ne te nourris pas de l’illusion que tu vends aux autres. »

L'auteur

  • Dramaturge, et traducteur (il a traduit la Bible), auteur de livrets d’opéra, Olivier Cadiot est avant tout un poète et un romancier salué par la critique, et sujet de plusieurs travaux universitaires. 

  • Médecine générale, gros opus de plus de 400 pages, a été publié chez POL en 2021, et la pièce a été créée en 2023.

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.

Toujours à l'affiche