Nasr & Dinn, deux idiots sublimes

Loufoquerie un peu laborieuse
Adaptation, mise en scène et interprétation : Valérie Da Mota & Romans Suarez Pazos
Dessin numérique en direct : Romans Suarez Pazos
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

La Manufacture des Abbesses
7 rue Véron
75018
Paris
01 42 33 42 03
Jusqu’au 29 juin 2025. Samedi à 16h30 Dimanche à 15h

Thème

  • Le conteur Nasredinn Hodja, qui aurait vécu en Turquie au XIIIe siècle, est ici métamorphosé en deux personnages qui vivent des aventures à la fois quotidiennes et fantastiques. D’emblée le ton, impertinent et malicieux, est donné : Dinn ne veut pas aller au paradis, mais « rester sur cette bonne vieille terre. »

  • Du souk local aux montagnes de la Chine, ils s’interrogent : comment tailler la crinière d’un âne ? Qu’est-il légitime de lui faire porter ? Comment faire venir la pluie ou refuser de prêter quelque chose ? Qui est le plus utile de la lune ou du soleil ? Comment parvenir à dormir lorsqu’on est un débiteur impécunieux mais doté d’une conscience ? Et comment survivre sans se renier quand on est le conseiller éclairé d’un tyran nommé Tamerlan ? 

Points forts

  • Faire de Nasredinn Hodja un duo - mixte de surcroit - c’était osé, mais aussi indispensable pour une mise en théâtre convaincante. De ce point de vue, le pari est gagné, tant le courant passe bien entre les deux comédiens et les différentes histoires astucieusement agencées et souplement articulées.

  • Le dessin en direct - exécuté par Romans Suarez Pazos sur une palette numérique colorée et projeté sur les toiles suspendues - le violon sur la scène : autant de trouvailles de mise en scène qui, à l’instar de l’usage malin des quelques accessoires, donnent de la vie, de la gaité et de la saveur au spectacle. Le bidon transformé en narguilé puis en couvre-chef est bien dans l’esprit, absurde et décalé des contes de Nasredinn Hodja. 

Quelques réserves

  • On peut regretter que la philosophie à la fois pleine de sagesse, de bon sens et de fantaisie de ces petits contes moraux et éducatifs ne soit pas davantage exploitée et développée, afin d’en dégager mieux le piquant. Ces histoires de revanche des humbles face aux puissants pourraient donner lieu d’ailleurs à davantage d’échanges ludiques et intéressants avec le public.

  •  … public du reste, dont on ne sait pas bien qui il est censé être : enfants, mais peuvent-il saisir vraiment le sel des chutes de ces histoires ? Adultes, alors le contenu est un peu trop élémentaire pour être vraiment rassasiant. 

  • Car le spectacle manque un peu de rythme, ce dont les enfants présents dans le public ne semblent pas se plaindre toutefois. Mais les adultes aimeraient que ces « idiots sublimes » soient à la fois plus idiots et plus sublimes…

  • Si le violon ajoute de la grâce aux bouffonneries des deux compères, le chant en revanche ne s’imposait pas.

Encore un mot...

  • Personnage mythique de la culture populaire en Turquie, Nasredinn Hodja est célèbre sous des noms divers à travers le monde musulman et jusqu’en Mongolie. Ses aventures sont connues dans de nombreuses langues : serbo-croate, persan, grec, russe, arabe, turc. Juché sur un âne (c’est ainsi qu’il est souvent représenté par les estampes et la statuaire), c’est à grand renfort de bons mots et de raisonnements par l’absurde qu’il résiste à l’autorité et à l’oppression.

  • En 1996, l'UNESCO a proclamé une « année Nasredinn Hodja » reconnaissant ainsi la valeur patrimoniale de cette figure de la tradition orale orientale.

Une phrase

  • « A chaque fois que j’étends mon linge il pleut. »

  • « Essaye de faire sans l’aide de Dieu, ça te retarde. »

  • « La route vers soi est toujours une belle route. »

L'auteur

  • Diplomé de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre (ENSATT), Romans Suarez Pazos s’est formé à l’acrobatie et à la voltige équestre, mais aussi au dessin avec palette graphique. On l’a vu à la télévision et au cinéma, dans Engrenages, Plus belle la vie, Au bout des doigts. Il met en scène les spectacles de différentes compagnies et les siens propres. 

  • Comédienne et musicienne, metteuse en scène et autrice, Valérie Da Mota a obtenu l’ADAMI déclencheur pour le projet Nasr et Dinn, deux idiots sublimes

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