Un Temps de Chien

De
Brigitte Bue
Mise en scène
Jean Bouchaud
Avec
Valérie Lemercier, Pascale Arbillot, Patrick Catalifo et Mélanie Bernier
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre Montparnasse
31 rue de la Gaîté
75014
Paris
0143227774
du mardi au samedi, à 20H30. Matinées: samedi, à 17H30; dimanche à 15H30

Thème

Quand trois femmes qui n'ont, à priori, pas grand chose en commun, sont amenées à passer une journée ensemble, par un temps de chien, dans l'arrière-salle d'un café, sous l'oeil pour le moins dubitatif d'un garçon à la misogynie arrogante.

Points forts

1 Le "ton" : on est au plus près de la vie, tout simplement, comme si çà allait de soi.

2 On sourit  souvent, on rit parfois. On apprécie cette élégance qui consiste à dire, mine de rien, plein de choses importantes sur les apparences, l'amitié, l'amour, la famille etc...

3 Au passage on apprécie les bons mots, les formules bien frappées, dans le genre :"On devrait choisir la mère de ses enfants en pensant à la séparation"...

4 L'interprétation. Les quatre comédiens sont remarquables :
- Mélanie Bernier est très drôle dans le rôle de la commerçante qui vend de la lingerie féminine et dont le langage est brut de fonderie: "Je suis bonne oui, conne non!". C'est un plaisir de la voir pratiquer, comme le dit un autre personnage, de "la psychanalyse à la serpe".
- Pascale Arbillot m'a vraiment épaté par l'intelligence et la subtilité de son jeu dans le rôle de la fille intello qui semble avoir tout raté. "Je ne suis, dit-elle, ni vraiment en vie ni vraiment morte". Joyeux programme...
- Patrick Catalifo sait très astucieusement ne pas en faire trop dans le rôle du macho par compensation, qui va craquer assez facilement...
- Et puis il y a Valérie Lemercier, dans le rôle de la femme cadre écolo-bobo pratiquant l'auto-culpabilisation généralisée. Comme elle dit," çà fait dix ans que je suis en psychanalyse, et je me sens de plus en plus coupable". Elle embarque la pièce avec autant de fragilité que d'énergie -ce qui est très fort- et sait profiter de ses abus de cocktail cognac-champagne pour partir dans des imitations désopilantes de Jean Gabin et du Général de Gaulle.

5 La pièce est courte, ce qui aujourd'hui constitue une bonne surprise.

Quelques réserves


1 Le décor est sinistre. Il y a quand même des arrière-salles de café qui ressemblent à autre chose.

2 Le niveau baisse dans les dix dernières minutes, à partir du moment où l'on voit poindre une chute positive, amenée avec beaucoup moins de finesse que le reste. Personnellement, j'aurais préféré que le ton caustique l'emporte jusqu'au bout. La loi des fins heureuses dans les pièces de boulevard ne fait pas nécessairement le bonheur des spectateurs. D'autant qu' en l'occurrence, sous le sourire et le rire, se cache une vision assez sombre des rapports humains. Comme le dit le personnage de Gabrielle, la paumée: "C'est compliqué, les autres". Quant à Hélène, la bobo incarnée par Valérie Lemercier, elle a dans l'alcool cette révélation: "En fait, la vie est pourrie et personne n'a eu le courage de nous le dire".
 

Encore un mot...

Voilà une bonne comédie sans prétention, mais bien dans l'air du temps, et révélatrice de l'évolution de notre société et des fragilités nouvelles que cette évolution génère. Le théâtre, c'est la vie...

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