Une bonne bière

Quand on perd son père, c’est amer (à boire)…
De
Xavier Martel
Mise en scène
Gilles Dyrek
Avec
Florent Aumaître ou Julien Héteau, Jerémy Malaveau, Xavier Martel, Manon Rony ou Marie Le Cam
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre Le Funambule Montmartre
53, rue des Saules
75018
Paris
01 42 23 88 83
Jusqu’au 25 février 2024. Du jeudi au samedi à 19h ou 21h (en alternance une semaine sur deux), les dimanche 16h.

Thème

  • Nous sommes dans un salon tout ce qu’il y a de franchouillard : la télé noir et blanc diffuse le tour de France, les Poulbot sont bien accrochés au mur, de même que les sabots de bois contenant les clefs du pavillon. Bienvenue chez Gérard Mouffette - porté sur la picole et la “petite reine“ - qui vient de passer l’arme à gauche…
  • Le défunt Gérard laisse quatre enfants, très inégalement éplorés : 
    • l’ainé, Gildas, a fui une ambiance familiale très “Groseille“ pour une vie maritale placée sous le signe du catholicisme et d’une « famille Ricoré » (« Le soleil vient de se lever / Il va bientôt arriver / l’ami Ricoré »), bref, Gildas a viré “Lequesnoy“ ;
    • Gaëlle, sa sœur cadette, la quarantaine sans enfants, semble assez acide et aigrie, car son xième amoureux, Bob, n’a pas daigné l’accompagner dans le pavillon familial, et elle refuse obstinément les diminutifs affectueux (« Galinette ») que ses frères lui avaient donné dans son enfance ;
    • Erwan, très cool (sauf sur les questions d’héritage), chambre tout le monde, mais c’est un apprenti comédien qui a bien du mal à percer en dehors de campagnes de publicité pour des rayonnages du Leclerc local ;
    • enfin il y a Rico, un drôle d’hurluberlu, le seul qui ait choisi de vivre avec son père pochtron, et qui donc reçoit sa fratrie après avoir installé son défunt père dans la cave, étendu sur la table de ping-pong…
  • Durant cette veillée précédant les obsèques de Gérard Mouffette, bien d’autres cadavres vont sortir des placards et gambader sur scène…

Points forts

  • Quatre comédiens tout à fait convaincants, chacun à leur manière, d’autant qu’ils sont bien servis par des dialogues laissant à chacun assez de répliques pour tenir durant toute la veillée funèbre, et même au-delà (si l’on est croyant)…
  • Dans une mise en scène efficace, les dialogues fusent et ne laissent aucun temps mort, et l’on assiste à des échanges fort réjouissants :
    • lors du « coming out de la bonne du curé » ;
    • avec l’indignation d’un fils resté seul avec son père quand sa fratrie s’est évaporée dans la nature (« Fais pas ta majorette avec ton respect ! Moi j’ai passé treize ans avec Eltsine ! ») ;
    • en passant par les affres d’un père-la-morale quand il apprend par ses frères (Erwan à Gildas : « Y faut qu’y grandisse un peu, le chef de patrouille. Tiens, prends une latte, ça va te détendre ! ») que son ado Pierre-Henri fume, qui plus est des substances  prohibées…

Quelques réserves

  • L’enfance des protagonistes aurait mérité d’être un peu plus creusée, même sous l’angle de l’humour, ce qui aurait donné un peu plus de consistance aux personnages. 
  • Une affiche qui n’est pas vraiment au niveau de la pièce qu’elle est censée représentée.

Encore un mot...

  • Même si l’argument central de la pièce - règlement de comptes avant obsèques - n’est pas d’une folle originalité, on passe un très agréable moment avec une comédie qui évoque avec un humour percutant les jeux de rôle familiaux, les trajectoires variées d’une fratrie, l’affection et l’empathie demeurant malgré les multiples petits contentieux revenant à la surface. 
  • En définitive, Erwan résume bien l’état d’esprit des spectateurs qui ont rempli la salle et applaudissent chaleureusement après s’être fait servir cette Bonne bière : « Ah là, Gildas, je regrette plus d’être venu ! »

Une phrase

Erwan [partisan d’obsèques à l’économie qui ne pénalisent pas trop son héritage] : « Avant de mettre le pâté en boîte, on lui met pas un smoking au cochon ! »
Gildas [au moment d’opter pour la crémation] : « On parle de ton père, Erwan ! 
Erwan : de ton père… en poudre ! »

L'auteur

  • Xavier Martel s’est formé au cours Florent, puis à l’école de la rue Blanche. On a pu le voir au théâtre dans diverses comédies : Amour et chipolatas, Venise sous la neige, La vie avec l’amant de ma sœur … Au cinéma et à la télévision, il collabore avec Jean Becker, René Philippe Bensoussan… En 2012, il est à l’affiche au Théâtre L’Alhambra dans Ladies Night, mis en scène par Thierry Lavat.
  • Son metteur en scène pour Une bonne bière, Gilles Dyrek, semble avoir une prédilection pour les comédies sur fond de relations familiales comiques et compliquées, puisqu’on lui doit le très réussi Le retour de Richard 3 par le train de 9h24.

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