Variations pirandelliennes
Du “théâtre dans le théâtre“ un peu en vrac…
De
Luigi Pirandello
Mise en scène
Valérie Aubert
Avec
Cédric Altadill, Valérie Aubert et Samir Siad
Notre recommandation
3/5
Infos & réservation
Théâtre de Poche
75, boulevard du Montparnasse
75006
Paris
01 45 44 50 21
Jusqu’au 9 novembre 2024. Du mardi au samedi 21h00.
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Thème
- Le spectacle donne quatre pièces ou extraits : Cecè (1913), Circulez, La Fleur à la bouche (1926) et La vie que je t’ai donnée (1923) :
- Cecè, homme d’affaire plutôt retors, est connu de tous, mais personne ne sait vraiment qui il est et il se demande comment les autres le perçoivent ;
- Bijou, la marchande ambulante invective son père mort et rage contre l’iniquité de l’ordre social ;
- dans un café, deux hommes - dont l’un est un paisible père de famille qui a manqué son dernier train - parlent de tout et de rien, de l’art de faire un paquet, de l’ennui de la vie, d’une femme jalouse ; l’autre, qui se fait peu à peu plus grave et même inquiétant, finit par dévoiler son tragique secret ;
- enfin, Anna, après ses sept années d’absence passées dans la solitude et les « vapeurs de marécage », ne pleure pas son fils mort, mais le fait exister en elle.
- Ces âmes en peine, placées dans des intérieurs anecdotiques, se confrontent au vague de leur existence, à l’indécision de leur identité et à la mort. Déposant leur masque social, elles sont rendues au ridicule comme au tragique de l’existence humaine.
Points forts
- Sur le plateau faiblement éclairé, les lumières blafardes et tamisées permettent aux protagonistes de suggérer dans l’espace, et avec lui, le flottement de la réalité qui caractérise le texte pirandellien.
- Les changements de décors, opérés presque en dansant dans la pénombre, mettent en scène l'illusionnisme qui fonde non point seulement le langage ou la raison, mais le jeu théâtral lui-même. Ce “théâtre dans le théâtre“ est une heureuse intuition de mise en scène.
- Il faut aussi saluer l’interprétation inspirée et dense de Valérie Aubert
Quelques réserves
- Néanmoins, c’est un peu le foutoir, il faut bien le dire : le choix du premier extrait, dont on a d’ailleurs du mal à suivre le fil, témoigne certes de la variété formelle qui fonde l’œuvre d’un Pirandello essayant tous les genres, tous les tons, tous les styles. Mais on est au théâtre, et ce moment de Vaudeville au jeu excessivement expressionniste (cette perruque qui virevolte en tous sens !) détonne si fort avec le reste qu’il entame l’unité de l’ensemble du spectacle.
- La sélection des musiques est elle aussi discutable : l’inévitable « Lasciate mi cantare » pour évoquer l’Italie, est d’un pittoresque tellement attendu !
Encore un mot...
- Une large partie du “pirandellisme“ est là, dans ces scènes qui ne forment pas des pièces à thèse, dans cette évocation tourmentée de « la vérité relative » du langage et de la raison, de l’impossibilité de connaître autrui et de communiquer avec lui, des avatars multiples d’une personnalité toujours insaisissable, bref de l’absurdité d’une vie, ce « séjour involontaire sur la terre », sans cesse traversé par la mort.
Une phrase
- « Je vis éparpillé en 100 000 personnes. »
- « Tout se fait tout seul quand on n’a plus envie de rien. »
- « La vie a toujours mis sur les morts une pierre pour passer dessus. »
L'auteur
- Dramaturge, écrivain et nouvelliste né à Agrigente en 1867, prix Nobel de littérature en 1934, Luigi Pirandello, quoiqu’essentiellement romancier et nouvellistes, a largement contribué au renouvellement de la dramaturgie contemporaine, lui qui se voulait avant tout écrivain. Sa trilogie du « théâtre dans le théâtre » (Six Personnages en quête d'auteur, Comme ci [ou comme ça], Ce soir, on improvise) est demeurée la plus célèbre de ses œuvres.
- Après avoir adhéré au fascisme dès 1923, Pirandello fit partie des premiers membres de la Reale Academia d’Italia, cette institution culturelle si purement fasciste. Tout en prenant ses distances avec le régime, il ne rompit ni avec le Parti National Fasciste, ni avec le Duce.
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