Francophonie

AU QUEBEC, LA POESIE SE PORTE BIEN... ET MEME TRES BIEN !

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Il est à présent loin le temps  où les écrivains du Québec se sentaient isolés. Une première génération soucieuse de s'ouvrir au monde sut cristalliser cette quête de liberté si nécessaire à la création. Grâce à Saint-Denys Garneau, Anne Hébert, Alain Grandbois et quelques autres, de jeunes auteurs purent s'émanciper. Et ce fut bientôt l'explosion talentueuse autour de "l'Hexagone", maison d'édition dirigée par le magnifique poète Gaston Miron, auteur de l'Homme Rapaillé, recueil repris par la fameuse collection Folio Gallimard, laquelle, très bonne nouvelle, vient d'accueillir la première poétesse québécoise Denise Desautels, auteure de l'angle noir de la joie.

Il est un fait qui remonte aux années 1960 et qui se prolonge aujourd'hui (je le raconte de façon détaillée dans la 3ème édition de mon essai Poésie et Société au Québec publié aux éditions Champion en 2016) la poésie se porte bien au Québec. Depuis dix ans, les ventes de poésie au Québec ont doublé.

Autre excellente nouvelle, la poétesse Vanessa Bell a codirigé La nouvelle anthologie de la poésie actuelle des femmes au Québec. Elle couvre la période 2000-2020 et vient de sortir aux éditions du Remue-ménage (fondée par des femmes en 1976). Elle répertorie 55 auteures femmes poètes. On peut la trouver à la librairie du Québec à Paris (30 rue Gay-Lussac). C'est un bel éclairage sur la poésie féminine de "la Belle Province". Le Québec poétique jouit donc d'une nouvelle vitalité grâce au féminisme, à l'éclosion des auteurs autochtones et à la deuxième génération d'auteurs immigrés parmi lesquels il faut notamment signaler les poètes Ouanessa Younsi et Lorrie Jean-louis. Cette dernière est née à Montréal de parents haïtiens. Elle vient de connaître un beau succès avec son recueil La femme cent couleurs qui s'est vendu à 2500 exemplaires au Québec, un best-seller pour un premier ouvrage de poésie.

En son temps, la poétesse Michèle Lalonde une pionnière, avait ouvert la voie de l'universalité. En 1969,  elle répondait ainsi à ma question sur le pouvoir de la poésie :  " La poésie est proche parente du rêve et son pouvoir est comme lui souverain. Toutes les grandes réalisations humaines sont profondément poétiques. L'idée d'une paix mondiale par exemple, comme aussi le désir d'abolir le temps, d'ouvrir l'espace. Et aussi l'instinct de liberté". Après des années d'hésitations, tâtonnements, recherches et de succès mérités, le bouillonnement québécois trace sa route en France et dans le monde francophone. C'est encore une excellente nouvelle. Liberté et poésie empruntent décidément le même chemin.

Axel Maugey donnera une conférence sur "Découverte du Québec et de la poésie québécoise", le 7 juin prochain à 19h au restaurant des sénateurs, palais du Luxembourg, 15 ter rue de Vaugirard. 75006. Pour s'inscrire, contacter Nathalie Brousse: tél 06 79 96 63 87 ou richelieu.senghor@gmail.com