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Juste un mot, le billet d'humeur de Pierre Bénard : Féerie de Noël

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En cette fin d’année et comme à chaque retour des fêtes, on lit et l’on relit partout les mots « féerie » et « féerique ». Leurs syllabes scintillent dans la bruine, la brume et le brouillard, mêlées aux guirlandes lumineuses et aux joyeux reflets dans les yeux des enfants.

« Féerie », mais très souvent « féérie ». « Féerique », mais fréquemment « féérique ».

Ce qui était hier une faute est reçu maintenant, comme une variante permise, par les dictionnaires.

C’est dommage. 

Le e « caduc », qui s’ « amuït », produit (ou produisait), dans « féerie » et « féerique », un allongement plein de douceur, soyeux et vaporeux. Soyeux et vaporeux comme la robe des fées.

La « féerie », c’est d’abord l’opération des fées, les puissantes « dames » qui féent. Féer, c’est enchanter, ensorceler, c’est toucher avec la baguette magique. 

« Féer » donne naturellement « féerie », comme « rouer » donne « rouerie », comme « tuer » donne « tuerie », comme de « soie » on a fait « soierie ».

« O Lou, ma très chérie, Faisons donc la féerie De vivre en nous aimant Etrangement Et chastement »… 

Continuons d’écrire « féerie », sans double accent aigu, comme l’écrivait Apollinaire.

Dessin de  Xavier Broxolle.