Ma transhumance, carnets de route

Une nouvelle symphonie pastorale, celle d’un marcheur invétéré avec lequel on prend plaisir à randonner
De
Antoine de Baecque
Editions Arthaud
380 pages
19.90 €
Notre recommandation
4/5

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Thème

Noire et blanche, la couverture sobre du livre est un premier pas de la quête de l'ailleurs intemporel que poursuit l’auteur. Marcheur invétéré, il est à la recherche de la mémoire et de l’absolu de la route. La transhumance, pratique nomade, ancestrale, originelle, mène des troupeaux de milliers de bêtes, de moutons surtout, d’une terre à l’autre pour gagner l’estive fraîche et nourricière des alpages. L’ouvrage fait œuvre historique, ethnologique, poétique, et même utile, pour un retour à la « routo ». Ce chemin légendaire unit la Provence et le Piémont, relie les Alpilles, la Crau, la haute Provence de Giono avant de gagner, par les vallées et les cols, l’Ubaye et l’Italie, à l’ombre ou à la lumière, selon le versant emprunté, des sommets des Alpes. A l’aplomb des pas de ce marcheur qui sent, voit et apprend, beaucoup de vies se rêvent et se rencontrent.

Points forts

Le talent de cette transhumance personnelle, c’est de s’abandonner au chemin de ceux qui l’accueillent, c’est de suivre son corps souvent douloureux, de s’immerger dans les paysages traversés, de s’émerveiller autant du présent que du passé. Bellement écrit, souvent inspiré, puisant aux meilleurs auteurs, « Ma transhumance » livre une belle synthèse itinérante d’un noble sujet, dévoilant au passage le bien que cette routo fait aussi à sa vie privée réconciliée. Au cœur du récit, l’admiration du berger, le plus vieux métier de la terre, nous offre des portraits forts en caractère et en saveur humaine. Sur leurs traces, l’auteur réalise une part de sa vocation d’enfance. Un livre de chevet à glisser au bivouac sous la tête des amateurs de lenteur imposée, d’herbes capiteuses et de sentiers aux odeurs fortes.

Quelques réserves

Même si l’analogie est acceptable, j’ai peu goûté l’intrusion de l’épitre, commode et politiquement correcte, sur les migrants d’aujourd’hui dans l’univers pacifié des chemins de montagne. Concession au vent qui devait souffler ce jour-là dans le sens attendu.

Encore un mot...

Marcher en transhumance, c’est comme chanter à l‘église, cela compte double. Plein d’un bonheur contagieux, Antoine de Baecque termine sa marche en pleine forme, prêt, comme son lecteur, à recommencer. A la question : « Comment allez-vous ? », je réponds à sa place : « à pied ! ». C’est tout dire.

Une phrase

Tout voyage commence par un premier pas.

Un berger reçoit ses ordres du temps qu’il fait et du temps qui passe.

Le moi se fond dans le paysage, l’histoire s’incruste sous la terre, la pensée se frotte au chemin.

« Connaître, c’est quitter, maintenant tâche d’aimer ; aimer c’est joindre. Alors tu seras berger. »

D’énormes morceaux de pays tombent dans le silence.

Mais mon voyage me hante et me reste.

Ecrire comme on marche, à l’aventure, en faisant son chemin.

J’étais déjà berger, avant, sans le savoir.

L'auteur

Né en 1958, historien de formation, journaliste, critique et biographe du cinéma, professeur à l’école normale supérieure où il a été élève, auteur de documentaires, Antoine de Baecque a consacré plusieurs de ses derniers ouvrages à l’art de marcher : Histoire de la marche (2016), Les godillots pour une histoire marchée (2017). Son « Histoire des crétins des Alpes » ( Vuibert, 2018) a été chroniquée par Culture Tops (voir le site).

Commentaires

daniel.thomass…
dim 16/02/2020 - 15:18

Je viens de lire ce livre. Effectivement je le trouve bien écrit et l'idée d'une routo (GR69 en 2020) suivant l'une des drailles de transhumance est une idée intéressante, historique, une forme de renaissance même pour l'auteur.

Pratiquant assidûment la randonnée sous toutes ses formes (pied, ski, ski de fond) depuis 1973, je trouve que le récit est l'oeuvre d'un randonneur bobo-écolo gâté. Comment ne pas supporter les cabanes et les refuges (avec des "ronfleurs-pisseurs") lorsque l'on se veut proche de la nature et passionné de marche ?. Comment préférer les hotels 2* avec internet évidemment pour un écolo qui critique tout (stations de ski, villes touristiques,..) et qui prend volontiers une voiture lorsqu'il y a trop de goudron ?.

Bref, si vous êtes ou avez été un vrai randonneur aimant les bivouacs, les cabanes sommaires et le confort spartiates des GR français ou des itinéraires à l'époque peu fréquentés à l'étranger dans les années 1980-1995, fuyez ce livre ou alors dites vous comme moi que vous avez mal vieilli.
Cordialement.

daniel.thomass…
lun 17/02/2020 - 15:25

Merci de m'indiquer où les avis concernant ce livre sont disponibles à la lecture.
Cordialement

Bonjour, les avis sur ce livre se trouvent dans cette rubrique.
La rédaction

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