
Mon vrai nom est Elisabeth
Publication en février 2025
392 pages
22€
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Thème
Une jeune chercheuse, arrière-petite-fille de Betsy diagnostiquée schizophrène, craignant de devenir folle et après le suicide de son grand-oncle, va se lancer dans une enquête exhaustive sur la maladie de son arrière-grand-mère. La famille est au départ réticente mais peu à peu elle apprendra beaucoup sur la vie de Betsy. Son enquête la mènera dans des directions très variées en plus de la famille.
Points forts
Le récit se déploie sur plusieurs axes, d’abord dans cette famille bourgeoise où il est de bon ton de se taire
Les recherches de la narratrice nous emmènent dans la psychiatrie du début du XXème siècle où la lobotomie était considérée comme une thérapeutique, la maladie mentale étant alors jugée physiologique.
Une visite dans un de ces asiles psychiatriques laisse paralysé d’effroi, vu les « soins » prodigués. Un internement se faisait souvent sur simple demande de la famille.
On apprend beaucoup sur les archives et les archivistes.
Quelques réserves
Les recherches scientifiques sont parfois un peu longues bien que intéressantes.
Encore un mot...
Ce récit nous montre à quel point ce sont les femmes qui ont le plus souffert de ces lobotomies pratiquées souvent pour faire rentrer dans le moule de la bonne épouse et mère des femmes peut-être simplement trop indépendantes. La « folie » de Betsy n’était-elle au départ qu’un refus du rôle qu’on voulait lui assigner ? Le problème est que cette hérédité a pesé sur toutes les femmes de la famille à un moment ou un autre.
Une phrase
« Betsy avait appartenu à une famille dont j’aurais pu connaître les derniers représentants…Je me rends compte à ce moment-là que je n’ai jamais envisagé le rapport à Betsy autrement que sur le mode de la curiosité personnelle, une affaire entre mes grands-parents, quelques vieux papiers et moi. Une histoire à tenir cachée, discrète, pour trouver sans bruit la réponse à la seule question qui me hante : Suis-je folle, moi aussi ? » p.112
L'auteur
Adèle Yon est née à Paris en 1994. Elle enquête, écrit et cuisine. Normalienne, chercheuse en études cinématographiques, c’est à l’occasion de sa thèse au sein du laboratoire de recherche-création SACRe qu’elle se lance dans l’écriture. Parallèlement elle travaille à Paris et dans la Sarthe comme cheffe de cuisine.
Commentaires
Cet ouvrage, entre enquête et essai, mérite en effet les suffrages du lecteur.
Original dans sa forme, entre récit, recueil de témoignages et de pièces d’archives, il dresse l’inventaire de l’ignorance et de la suffisance des psychiatres de ces années d’après-guerre, du moins certains d’entre eux,
du machisme ambiant qui veut réduire la femme bourgeoise à une entreprise de reproduction, de l’incapacité des familles et de la société tout entière à tolérer les esprits frondeurs… C’est le génie de ce livre d’associer tous ces aveuglements pour rassembler ces acteurs vertueux au cœur d’une association de malfaiteurs, avec pour chacun des responsabilités d’intensité variée. A lire pour mieux comprendre l’état d’indignité de la médecine psychiatrique d’une époque et la confiance qu’on lui accordait impunément dans la détresse.
Ce livre est le récit d'une enquête familiale dans le cadre d'une thèse de doctorat. Adèle à 26 ans. Dans le contexte d'une relation amoureuse toxique, Adèle a peur de devenir folle. Elle apprendra plus tard, que toutes les femmes de la famille sont submergées par cette angoisse, dès l'âge fatidique de 25 à 30 ans.
Betsy sera le fil d'Ariane qui va la mener au coeur du drame et dont les soubresauts transgénérationnels seront d'une grande violence.
Cette enquête familiale m'a prise aux tripes car les faits exposés sont brutes, sans vernis ni artifices.
Lire cette histoire suppose que l'on puisse accueillir une vérité cruelle et dérangeante. C'est également affronter les ombres du passé.
Êtes-vous prêt à ouvrir la boîte de Pandore?
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