Là où chantent les écrevisses

Une enquête policière envoûtante où l’on apprend que la lumière émise par la luciole peut être mortelle
De
Delia Owens
Editions du Seuil
traduction de l’anglais (Etats-Unis) de Marc Amfreville
477 p.
21,50 €
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Thème

Cachée dans un marais de Caroline du Nord, vivant dans une cabane délabrée, Kya est une petite fille abandonnée de tous qui survivra grâce à son intelligence et aux ressources naturelles de ce marais qui deviendra sa seule famille. Enfant sauvage, elle évite les habitants de la ville sauf un vieux noir bienveillant et un jeune garçon qui lui apprendra à lire mais qui, lui aussi, l'abandonnera. Grandissant au milieu des oiseaux, elle deviendra belle et mystérieuse, se méfiant de tous les hommes mais pas suffisamment du beau Chase qui la courtisera et que l’on retrouvera mort sur une plage, bizarrement tombé du haut d’une tour de guet. Naturellement les hommes de la ville accuseront Kya, la “fille des marais”, trop solitaire et trop différente pour pouvoir être innocente de ce possible meurtre.

Points forts

L’extrait ci-dessous montre une belle écriture qui berce le lecteur dans une douce mélancolie.

L'exubérance et la richesse de la faune et de la flore dans les marais sont merveilleusement décrites par l’auteur qui met brillamment en scène ses connaissances en zoologie et en biologie pour nous initier aux mystères de la nature, avec des mots et des phrases aussi beaux que la plume du sourcil d’un grand héron bleu, l’un des personnage de ce roman.   

Parallèlement à ce voyage initiatique dans le marais, l’auteur nous tient en haleine en nous contant l'enquête liée à la mort du beau Chase. Elle nous décrit efficacement comment les préjugés de races et de castes peuvent influencer le jugement des hommes, comment un témoignage peut être différemment interprété selon l’état d’esprit des protagonistes. 

Quelques réserves

Sans doute il y en a quelques uns, mais aucun qui diminue le plaisir et le rythme de la lecture.

Encore un mot...

En plus de l’angoisse liée à l’enquête policière, vous apprendrez que les lucioles peuvent émettre des signaux différents selon qu’elles cherchent à attirer un mâle pour s’accoupler ou un autre insecte pour le dévorer. De même, le chant des crapauds présente une source d’inspiration inégalable sur le comportement humain ou comment un vilain petit crapaud peut tenter sa chance avec une belle crapaudine.

Une phrase

“Kya se leva et alla se promener dans la nuit, sous la lumière opaline d’une lune à son troisième quartier. L’air doux du marais enveloppait ses épaules d’un châle de soie. Les rayons lui montrèrent un chemin inattendu entre les pins, où les ombres se dédoublaient comme les vers d’un poème. Elle marchait telle une somnambule tandis que la lune émergeait nue de l’eau et escaladait les chênes de branche en branche. L’épaisse boue de la lagune était baignée de lumière, et des centaines de lucioles constellaient les bois. Vêtue d’une robe blanche de seconde main à la jupe bouffante, elle agita lentement les bras, et se mit à valser au chant des sauterelles et des grenouilles-léopards.” (p.209)

L'auteur

Delia Owens aura attendu 71 ans, elle est née en 1949 en Georgie aux Etats-Unis, pour écrire ce premier roman, qui a immédiatement connu un énorme succès aux Etats-Unis. Mais comme universitaire spécialisée en zoologie et en botanique  elle n’a sans doute pas attendu si longtemp pour bien savoir écrire sauf que dans ce premier roman elle marie merveilleusement la connaissance scientifique avec l’imagination du romancier.

Commentaires

Martine Monsallier
jeu 06/02/2020 - 12:05

Je ne peux qu’approuver la critique de ce livre que j’ai dévoré avec bonheur. Que ce soit ce personnage d’enfant abandonnée de tous qui survit grâce à son intelligence et qui considère la nature non comme hostile mais comme une amie qui la console des humains. La recherche du coupable de la mort de Chase montre bien comment les préjugés font d’une personne différente un coupable idéal.
Un vrai bonheur de lecture

Lili ouzo
sam 03/07/2021 - 15:57

Combien de fois me suis je fait violence pour ne pas sauter qq merveilleuses pages et espérer lire une fin heureuse pour kya
Il me laisse, j’en suis sûre, un souvenir impérissable que je me dois de partager

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