 
Les preuves de mon innocence
Entre fiction ironique et dénonciation du populisme, un roman et une satire politique très réussis
      
        De
              Jonathan Coe
          Gallimard
Traduit de l’anglais par Marguerite Capelle
Paru le 18 septembre 2025
480 pages
24 euros
      
          
          
          
          
        Traduit de l’anglais par Marguerite Capelle
Paru le 18 septembre 2025
480 pages
24 euros
Notre recommandation
              4/5
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  Thème
- Le livre démarre en septembre 2022, lorsque, concomitamment, Liz Truss est nommée Première ministre et que La Reine Elizabeth II meurt. Et c’est toute la vie politique anglaise qui va défiler dans Les preuves de mon innocence.
- Les discours populistes ultraconservateurs servent de toile de fond au roman, entre développement de l’ultra conservatisme et instabilité gouvernementale.
- Dans sa veine plus littéraire, Les preuves de mon innocence déploie une vaste histoire, qui démultiplie les personnages, les lieux et les temporalités qu’il est difficile de résumer en quelques lignes.
- Et voilà deux livres pour le prix d’un : un essai politique satirique et mordant en plus d’un roman drôle et réjouissant.
Points forts
- l’Angleterre, sous une forme romanesque qui donne une certaine légèreté à son propos, sans pour autant l’édulcorer.
- Les preuves de mon innocence est un plaidoyer vigoureux, bien que teinté d’ironie et d’un humour très British de l’auteur, contre cette idéologie ultralibérale qui gagne la société britannique. A partir des années 80 à Cambridge, on suit sa progression dans les esprits jusque dans les diverses strates de la société contemporaine.
- L’histoire met en scène une foule de personnages, à différentes époques, avec brio, de quoi surprendre le lecteur et l’embarquer dans une nouvelle aventure au moment où il s’y attend le moins. Le récit mêle une société secrète d’étudiants à Cambridge, plusieurs morts mystérieuses, deux jeunes femmes en quête de vérité et une policière très gourmande proche de la retraite …
- Jonathan Coe passe avec dextérité d’un genre à l’autre avec un récit qui s’emboîte comme des poupées russes. Sans déflorer ni l’intrigue ni sa construction, c’est non seulement deux livres pour le prix d’un mais aussi plusieurs récits romanesques qui s’enchaînent et se développent en jonglant avec les codes du polar, de l’autofiction, du cosy crime ou de la dark academia.
Quelques réserves
- Une petite réserve : le grand nombre de personnages qui existent, passent et repassent (et parfois trépassent) peut parfois générer un peu de confusion.
Encore un mot...
- « Lorsque j’écris, je le fais pour deux personnes : le lecteur, et moi-même. J’ai réalisé que l’écriture était une sorte de thérapie. Cela m’aide à comprendre le monde. Cela me permet de capturer le passé afin de lui donner une sorte de permanence. C’est une démarche proustienne. C’est la raison pour laquelle Proust écrit. Sans me comparer, ma motivation est similaire. Mais j’écris aussi pour le lecteur auquel je veux faire plaisir. Je veux lui faire ressentir quelque chose. J’espère provoquer une sorte de changement émotionnel, en le faisant rire ou pleurer.
 Je ne crois pas que l’écrivain ait un rôle politique, même si j’écris tout le temps sur la politique. Ou alors disons le autrement : si l’écrivain a un rôle politique, il est très secondaire par rapport à celui de raconter des histoires qui emportent les lecteurs. »
 (Extrait d’une interview de Jonathan Coe, parue sur le site Ernest)
Une phrase
- « Par ailleurs, nous avons deux autres suspects dans cette affaire qui sont impliqués dans une organisation politique à laquelle Mr Swann s’intéressait depuis un moment. Il semblait sur le point de publier ses conclusions et, encore une fois, si l’on regarde les révélations qu’il s’apprêtait à faire, on s’aperçoit qu’il y a de grosses sommes d’argent en jeu. On en revient toujours à ça, en général. L’argent. Les gens n’arrêtent pas de parler de valeurs, de nos jours, et de guerres culturelles, mais d’après mon expérience, on s’entre-tue rarement pour des histoires de valeurs ou de culture. On s’entretue pour l’argent. Les humains sont des créatures primitives, en réalité ».
L'auteur
- Jonathan Coe est né en 1961 près de Birmingham.
- Il marie parfaitement un humour British très grinçant avec un amour fraternel pour les personnages qu’il met en scène.
- Diplômé de littérature anglaise, musicien, Jonathan Coe est un auteur dont le succès ne s’est jamais démenti, édité chez Gallimard, depuis la publication de Testament à l'anglaise en 1994, une satire de la période thatchérienne.
- La satire violente des débuts a progressivement laissé la place à des récits plus apaisés mais toujours comiques et incisifs, ajoutant à l’humour l’élégance et la délicatesse du moraliste.
- Chroniques des 3 livres de Jonathan Coe :
 
 
 
 
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