
Finistère
Publication le 20 août 2025
425 pages
23,90 €
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Thème
L’approche affective et la grande considération d’Anne Berest pour les hommes de sa famille, sur trois générations, qui lui permettent de comprendre ce dont elle est faite.
A partir des cahiers de souvenirs de son grand père Eugène Berest décédé en 1994, remis par son épouse à la mère de l’auteure, et de conversations avec son père malade, Pierre Berest, qui a aussi souhaité lui confier des éléments importants de sa vie, Anne Berest raconte les engagements divers de ces 3 hommes qui sont les piliers de sa famille. L’histoire familiale commence à Saint Pol de Léon dans le Finistère.
Points forts
Un récit chronologique par génération avec une présentation des éléments spécifiques de la vie de ces 3 hommes : l'arrière-grand-père Eugène est un paysan qui vit à Saint Pol de Léon, pays d’agriculture qui produit l’artichaut devenu « le légume » de ce début du XXème siècle. Très vite, il décide d’organiser une défense des intérêts des agriculteurs face aux marchands parisiens. Il crée un syndicat rural professionnel puis, en 1910, une coopérative La Bretonne dont il devient le gestionnaire. Son fils -également prénommé Eugène- né en 1922, élève au collège religieux Notre Dame du Kreisker, est un écolier particulièrement doué et passionné par le grec. Ses maîtres lui prédisent une très belle carrière ecclésiastique, son père ne voit pour lui que sa succession au sein de La Bretonne, mais le jeune Eugène veut enseigner les Lettres. Troisième homme de cette lignée, Pierre le père de l’auteur, mathématicien diplômé de Polytechnique. Son parcours de jeune lycéen puis d’étudiant est marqué par son appartenance au mouvement de la Ligue communiste révolutionnaire.
Le contexte sociopolitique dans lequel les personnages inscrivent chacun leur destin et leurs choix de vie : au début du XXème siècle il est interdit de parler le breton y compris dans les églises ; Eugène I est influencé par les idées du mouvement Le Sillon ce qui le conduit à vouloir défendre les intérêts légitimes des agriculteurs ; Eugène II, élève en prépa au lycée Henri IV à Paris, s’implique dans les mouvements étudiants de la Résistance pendant l’occupation allemande ; Pierre, lycéen en maths sup au lycée de Brest (où son père enseigne les Lettres), adhère aux idées de la Ligue communiste révolutionnaire en 1968. Il poursuivra cet engagement ayant intégré le Lycée Louis le Grand afin de préparer le concours de Polytechnique.
Les événements significatifs de cette époque sont rappelés : soutien au mouvement MLF en faveur de la liberté de l’avortement, marche des Fiertés pour défendre la dignité des personnes homosexuelles, identification du SIDA qui touche ces communautés.Le récit de la vie privée de chacune de ces familles sur trois générations est traité avec respect et un fond de tendresse. Quelques anecdotes sont parfois amusantes.
L'auteure déchirée par l’annonce de la maladie de son père relate avec délicatesse ses sentiments pour cet homme « taiseux, austère » dont elle écrit qu’elle a toujours cherché à l’approcher et à l’intéresser.Les interrogations de l’auteur sur sa propre personne sont le fil directeur de cette plongée dans l’histoire familiale. Cette construction est très intéressante.
Quelques réserves
Je ne puis avancer une quelconque réserve concernant ce magnifique roman.
Encore un mot...
Cette recherche de l’auteur, qui remonte son arbre généalogique pour se trouver, me rappelle un tableau de Gérard Garouste représentant un arbre aux racines puissantes et au feuillage tendre et copieux dont il expliquait qu' il voulait qu’il soit présenté avec les racines au sommet et le feuillage en bas.
Une phrase
“ La vie n’est certes pas une ligne droite que nous traçons croyant qu’elle progresse sans retour, mais une tapisserie complexe de fils qui se croisent où chaque point, chaque nœud, relie les vivants et les morts, où quand leurs souvenirs s’effacent, leurs désirs continuent de vivre en nous.” Page 92
L'auteur
Anne Berest, née en 1979, a déjà écrit six livres dont deux racontaient l’histoire de femmes de sa famille Gabriële -coécrit avec sa sœur Claire Berest (Stock, 2017) et La carte postale (Grasset, 2021). Ses quatre autres romans sont : La Fille de son père (Seuil, 2010), Les Patriarches (Grasset, 2012), Sagan, 1954 (Stock, 2014) et Recherche femme parfaite (Gallimard, 2025). Elle a créé la maison d’édition Porte-Plume visant à concevoir des biographies sur mesure.
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