Peaux vives

Neufs récits sur neuf feux intérieurs
De
Alice Renard
Héloïse d'Ormesson
Parution en octobre 2025
128 pages
17 €
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Il est des moments où la vie bascule ou s'éclaire. Des moments où s'éveille ou se révèle la conscience de soi, de son empreinte dans le temps, de sa place parmi les autres. Hasards du destin, volonté de révolte ou de lâcher prise. Dans les neufs monologues qui composent ce roman kaléidoscopique, Alice Renard nous invite à enfiler ces Peaux vives, à vivre ces minutes de conscience qui orientent une vie. A travers le temps et les continents, du Moyen âge aux marches du théâtre du Châtelet à Paris, de Tunis, Noirmoutier, Bruxelles, Nantes  à Saint-Pétersbourg, ils sont Robin ou Gilles,  Maria ou Alexeï Alexandrovitch, neuf écorchés "vifs", neuf convictions mises à nues, neufs étincelles à la surface de leur feu intérieur.

Points forts

Ce roman a des qualités simples à énoncer : la simplicité des récits, la qualité de ses monologues et la diversité des situations. 

Il n'est pas nécessaire d'en dire beaucoup plus sur ces voyages intérieurs, dans le temps, dans l'espace, dans les méandres de l'existence. 

Neufs convictions pour s'ouvrir au renoncement, à la peur, à la révolte, à la confiance, à la foi, à neufs expression de soi, dans la solitude ou dans la foule, au sein de sa famille, sur les murs des villes, dans le secret d'une chambre ou des murs d'un couvent.

Chaque portrait est accompagné, en ouverture du récit, d'un dessin d'Alice Renard. Petit bonus, ces dessins originaux sont reproduits en couleur dans les rabats de couverture. 

Quelques réserves

Aucune réserve pour ce petit ouvrage aussi agréable à lire qu'à tenir en main.

Encore un mot...

Peaux vives, comme La Colère et l'Envie, premier roman de l'auteure, est un texte gigogne. Il est plaisant à lire, vite parcouru, pour qui aime donner à la lecture des petits espaces dans le temps d'une journée. Pas d'intrigue compliquée, pas de nécessité de le lire dans l'ordre. Mais rentrer dans ces neuf peaux n'est pas nécessairement qu’une immersion amusante. C'est aussi l'occasion d'affronter ces moments de bascule, voulus ou reçus, qui marquent un choix de vie, de personnalité ou de destin. C'est une occasion de toucher "du cœur" la résilience, ses chemins voulus ou reçus, la diversité de leur expression. Cela a été écrit il y a deux ans presque jour pour jour, "attention talent" ! Dans ce nouveau roman, celui-ci s'exprime par la simplicité du récit et la justesse du propos.

Une phrase

  • Gilles 
    " J'ai le visage en ruine, oui, un visage qui a bouffé trop de kilomètres, qui a exhalé trop de sueur.
    Elle regardait, attendrie en même temps qu'apeurée, les profonds sillons qui se creusent de mon nez à mon menton : c'est qu'en cinquante ans d'existence j'ai beaucoup souri. Cela, sûrement, elle ne le savait pas. […]
    Des rides, sûrement, elle ne connaît que ce que l'on en dit dans les publicités et sur les affiches du métro pour des pommades à n'en plus finir.
    Elle ne peut rien savoir, la tendre enfant, de la quantité immense - les tonneaux - de sentiments qu'il a fallu pour me donner ce visage-là, ce visage de monstre. Et le nombre de nuits à dormir dehors, sous la brume des étoiles ou la rivière acide des réverbères." P 57

  • Maria 
    " Je porte en moi l'intransigeance de ceux qui sont tout, qui n'ont pas eu à choisir. A la kasbah on me prend pour une Touareg, et sur la place Lafayette les dames me regardent comme une petite blanche qui se serait gâté le teint.
    Qui mieux que moi sait habiter cette ville, sait vivre sur la ligne de crête de cet équilibre fragile des peuples, qui d'un jour à l'autre menace de disparaître ? Moi seule suis faite pour Tunis, cette ville qui va mourir, car seuls les êtres sans mémoire peuvent habiter les pays où partout hurlent les souvenirs de l'humiliation et de la douleur. Je sais aussi que ces paysages et moi partageons la même colère. Les morsures du ciel, l'électricité de la mer, le jaune impitoyable des montagnes au loin - cette colère est mienne. Je porte ces paysages empierrés en moi comme d'autres portent leur Dieu dans le cœur. Ces déserts sans espoir sont miens. […]
    À ceux qui vivent sur cette terre loin en face de la nôtre, et qui, un beau matin, ont entrepris de façonner notre pays, qui a inventé ce dosage impossible des peuples et des sangs, j'apporterai les restes fumants de leur maudit rêve. Par moi, ils verront ce soleil qu'ils furent incapables de dompter." Extraits des pages 109 à 111

L'auteur

Alice Renard est diplômée en littérature médiévale de l'Université Paris Sorbonne. Elle a été considérée à six ans comme une enfant précoce, singularité et source inspirante pour son premier roman La Colère et l'Envie, Prix Méduse, prix de la vocation, Prix de l'Académie Française Maurice Genevoix. Elle a été, à 21 ans, une des révélations littéraires de la rentrée 2023.

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