L’autre Collaboration. Les origines françaises de l’islamo-gauchisme

Un essai qui s’inscrit dans une série d’ouvrages où Michel Onfray traque, à sa manière, les clichés contemporains
De
Michel Onfray
Plon
Parution en février 2025
447 pages
22 €
Notre recommandation
3/5

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Thème

Michel Onfray démonte le préjugé selon lequel la gauche serait philosémite et la droite antisémite. En étudiant les écrits des grands penseurs du XXième siècle sur la question juive, l’auteur a déniché des propos sidérants, honteux et méconnus chez les pionniers de l’islamo-gauchisme.

Points forts

  • Une thèse provocatrice et argumentée, qui interroge le consensus et oblige à regarder en face les zones d’ombre de la gauche intellectuelle.
  • Une érudition ahurissante, qui convoque noms, dates, citations et documents pour étayer son assertion.
  • Un style incisif, direct et percutant, estampillé Onfray : un écrivain qui prend position et ne craint pas de heurter.
  • Une analyse salutaire, notamment sur le traitement inégal du passé par les institutions et les médias.
  • Des qualités pédagogiques remarquables, qui lui permettent de faire comprendre aux néophytes des concepts ardus.

Quelques réserves

  • Un manque de nuance dans les démonstrations, qui tend parfois à généraliser ou à amalgamer des figures intellectuelles différentes.
  • Un ton polémique, qui peut donner l'impression d’un règlement de comptes plus que d’un travail d’historien. Michel Onfray s’attaque entre autres à Alain, Sartre, Beauvoir, Genet, Derrida, Garaudy, Deleuze, Foucault, Ricoeur, Nancy, Lacoue-Labarthe et Badiou.

Encore un mot...

L’autre Collaboration dérange autant qu’il stimule. Onfray y poursuit son entreprise de révision critique de l’histoire intellectuelle française, en y ajoutant cette fois une charge contre l’hypocrisie mémorielle. À lire non comme une conclusion, mais comme une incitation à rouvrir les dossiers et à débattre sans tabou : la précision des notes de bas de page invite à se forger une opinion personnelle.

Une phrase

“ Cette gauche est très douée pour fabriquer une mythologie à sa gloire en affirmant qu’elle s’est toujours trouvée du bon côté de l’histoire, nonobstant ses combats douteux, ses choix liberticides et ses millions de morts au compteur.”  (p.407)

L'auteur

Michel Onfray est un philosophe prolifique, essayiste engagé et fondateur de l’Université populaire de Caen. Il est connu pour son esprit libre, ses attaques virulentes des dogmes - religieux, politiques ou idéologiques. On pourra, par exemple, consulter sur le site de Culture-Tops : 

Commentaires

PIERRE HEUDIER
jeu 11/12/2025 - 08:59

Le Journal inédit d’Alain (1937-1950) face à sa caricature
M. Onfray, suite à la publication du Journal inédit d’Alain, a rédigé à la hâte un pamphlet riche en contre-vérités et réduit un ouvrage monumental à quelques passages d’avant 1941 qui révèleraient l’antisémitisme du philosophe. Attaques reprises en 2025 dans L’autre Collaboration, livre dans lequel il oublie aussi des textes contre Hitler comme ce Propos de 1936 : " Ces orages oratoires préparent la récolte des croix de bois. À mesure qu'il dit : « Allemagne, lève-toi », je vois des armées de morts qui se couchent. »

Alain s’est engagé dans le combat dreyfusard et a toujours condamné toutes les formes de racisme. On ne trouvera aucun soupçon d’antisémitisme dans ses œuvres destinées à la publication, pas plus que dans sa correspondance ou dans des témoignages le concernant. Propos de 1913 : « Un juif, un protestant, un théosophe, un libre penseur, un catholique, doivent être également respectés. Voilà le principe des principes. »
En 1934 la Ligue internationale contre l’antisémitisme l’invite à prendre la parole lors d’un meeting. Sa santé l’empêche d’accepter, mais il apporte son soutien appuyé. La même année, il est un des fondateurs et présidents du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes.
Si, dans ce Journal, il avoue, par exemple, ne pas supporter le style de Bergson, ou avoir dans sa jeunesse lancé des piques visant ses amis juifs, il se le reproche et affirme « (s)on horreur naturelle des antisémites. » (1938). Autres extraits :
« Telles sont mes folies de jeunesse. Il faut que j’ajoute que la violence hitlérienne m’a toujours révolté… » (1940)
« Heureusement l'antisémitisme va finir et mettre fin à tous ces exils sinistres. Il est malheureux pour moi que j'aie eu un peu d'indulgence pour cette cruelle folie. » (1943) « À la pensée qu’un Juif n’a pas tous les droits, il faut bondir (1947) »
Depuis les années 30 Alain est physiquement très diminué. Mais celle qui vit à ses côtés jusqu’en 1941 (et dont le témoignage est intégré dans le Journal inédit) signale aussi ses nombreuses incohérences, ses cris de souffrance et de délire (« Enlevez-moi ces animaux, ces serpents »), ses plaintes répétées quand, par éclairs, il parvient à exprimer la détresse qui le submerge : « il vaut mieux mourir que souffrir ainsi » (1940) « Quel désespoir d’assister ainsi à l’écroulement de son être. » (1941).
Jean Paulhan, qui lui rend visite en 1941, écrit à R. Guérin : « Alain, fort vieilli, souffrant, ne bougeant qu’à peine, parfois semblant près du gâtisme. »
Tout cela est ignoré dans l’affligeante diatribe de M. Onfray, qui ose écrire, qu’Alain « ne se plaint jamais » et qu’« à aucun moment il ne fut mentalement, psychologiquement ou spirituellement défaillant.»
L’art de ne pas lire a trouvé son maître !

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