Le Grand Mort, Tome 8 : Renaissance

Ecologie, apocalypse, et bons sentiments...
Scénario : Loisel & Djian / Dessin : Mallié / Editions Vents d'Ouest / 82 pages / 18 €
Recommandation

8 tomes pour éviter la destruction de l'humanité, responsable du saccage de notre environnement. 8 tomes pleins de violence et de morts parmi des personnages ballotés au gré des événements.Une série qui se termine au petit trot mais qui nous a donné bien du plaisir.

Notre recommandation
3/5

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Thème

Le Grand Mort est une des sagas mythiques de la production BD de ces dernières années. En effet, depuis la Quête de l'Oiseau du Temps, parue chez Dargaud dans les années 80, Loisel s'est taillé une place à part, comme raconteur d'histoires fantastiques. On guette ses nouvelles idées avec gourmandise, et on attend les publications avec impatience.

Donc, en 2007, quand il démarre cette nouvelle aventure, avec l'aide de Jean-Blaise Djian au scénario, et Vincent Maillé au dessin, nous sommes nombreux à nous être précipités sur le tome 1, Larmes d'Abeille. Alors comment résumer les 7 tomes précédents en quelques lignes ? Le Grand Mort est l'histoire parallèle de deux mondes, le nôtre, et celui du petit peuple. Ce petit peuple est composé de quatre tribus qui vivent en une fragile harmonie, grâce à la répartition équitable entre elles de la Connaissance (avec un grand C).

Cette répartition doit être renouvelée régulièrement par quatre prêtresses (une par tribu) et un transporteur, maillon essentiel de cette cérémonie. Or le transporteur doit être quelqu'un de l'autre monde, le nôtre donc. Les transporteurs se forment à leur mission, en se passant leur savoir, et la saga démarre avec un jeune et nouveau transporteur, Erwan. Mais voilà, celui-ci va croiser la route d'une charmante, mais très têtue, jeune femme, Pauline, qui va venir troubler l'ordre établi. Erwan va faire découvrir à Pauline ce petit peuple, mais celle-ci va devenir, malgré elle, l'instrument d'un complot d'une des prêtresses évoquées ci-dessus, devant aboutir à la destruction de notre Humanité.

Points forts

On pourrait résumer cette saga en la qualifiant de fable écologique : la destruction de l'Humanité est voulue par un membre du petit peuple, car son évolution irresponsable et destructrice de notre environnement doit être stoppée. La force du récit est de choquer le lecteur par la violence de cette destruction, qu'on trouve en même temps immorale et compréhensible ! Le petit peuple symbolise une sorte de justice écologique qui nous condamnerait à mort, comme des malfaiteurs de la nature. Et des morts, il y en aura par centaines au cours de cette histoire.

Le récit évite les grands poncifs de la lutte du bien contre le mal, en mettant en scène des personnages, dont aucun n'est vraiment bon ou mauvais, aucun ne combat le mal avec courage, tel un preux chevalier, mais tous sont ballotés au gré des évènements, et essayent surtout de survivre comme ils le peuvent.

Le dessin de Maillé est certes classique, mais extrêmement bien maîtrisé, et ses scènes apocalyptiques de destruction de notre monde sont d'une force exceptionnelle.

Quelques réserves

C'est avant tout un air de déjà vu : ce n'est bien sûr pas le premier scénario qui aborde le thème de l'humanité autodestructrice. Ce n'est pas non plus le premier à proposer des variations autour d'univers parallèles. Il n'y a donc pas beaucoup de surprises dans l'évolution de l'histoire, jusqu'à une fin elle-même un peu convenue.

Il y aussi des longueurs dans ce récit, pas dans ce tome en particulier, mais tout au long des sept autres précédents. Le lecteur peut éprouver de la lassitude à voir cette aventure avancer lentement et sans trop de rebondissements.

Encore un mot...

Renaissance, le titre de cet album est un aveu d'impuissance : après tous ces drames, tous ces morts, l'histoire nous propose une fin en forme de « redémarrage ». L'image de couverture conforte cette impression en proposant une variation de celle du 1er album de la série. Tout recommence, un cycle dramatique s'est terminé, mais on en sortira meilleur pour le prochain.

Un peu trop simple à mon goût et un peu décevant. Mais bon, il n'en reste pas moins une bonne série qui nous aura tenus, presque toujours, en haleine tout au long des 11 années sur lesquelles se sont étalées les parutions des albums.

Une illustration

L'auteur

  • Régis Loisel est un auteur de bande dessinée, rendu célèbre en 1982 par la série La Quête de l'oiseau du temps, réalisée avec Serge Le Tendre au scénario. Loisel n'est pas seulement un spécialiste de l'héroïc fantasy. En effet, il adopte aussi un genre plus réaliste dans d'autres albums, dont notamment la série Magasin général. Il obtient le Grand Prix du festival d'Angoulême en 2002, en hommage à son œuvre. La Quête l'a imposé comme l'un des plus grands dessinateurs de la nouvelle génération auprès d'un large public. Le succès de cette saga d'héroïc fantasy fait de Loisel une des révélations des années 1980. En novembre 1989, il publie Troubles Fêtes aux Humanoïdes Associés. En 1990, Loisel commence, en solo, une interprétation originale du personnage de l'écrivain anglais J.M. Barrie, Peter Pan. Six tomes de cette série, aujourd'hui terminée, paraissent aux éditions Vents d'Ouest jusqu'en 2004.. Loisel a aussi eu l'opportunité de réaliser son rêve d'enfance et de travailler pour les studios de dessins animés Disney. Il a participé aux films Mulan puis Atlantide, l'empire perdu, sortis respectivement en 1998 et 2001.
  • Jean-Blaise Djian, scénariste d'origine arménienne, vit en Normandie. Dans les années 80, il se lie d'amitié avec Loisel qui lui apprend les codes de la bande dessinée. C'est un scénariste aux multiples facettes (western, fantasy, science-fiction, policier...), il est l'auteur de plusieurs albums chez Vents d'Ouest (Tard dans la nuit) et Soleil (Fleurs Carnivores). Aussi à l'aise dans l'écriture de récits de l'imaginaire (science fiction et fantasy) que dans ceux ancrés dans la réalité (polar, western), Jean-Blaise Djian a écrit quatre séries pour la collection Trilogies (Galathéa, La Tombelle, Adèle et Caïn, Chito Grant) et trois bandes dessinées dans la collection Petits Meurtres (L'Échiquier de Madison, Parabellum et Le Mystérieux Docteur Tourmente). Mais son projet le plus ambitieux est France-Arménie, l'histoire vraie d'un boxeur parti chercher la gloire en URSS...
  • Vincent Maillé passe le plus clair de sa jeunesse à recopier les pages d'Astérix et des Tuniques Bleus. Son bac en poche et trois mois de Faculté d'Histoire à Jussieu l'aident à trouver sa véritable vocation. En 1992, il décide de s'inscrire dans un atelier de dessin où il touche un peu à toutes les techniques. Il poursuit ses études dans une école de graphisme, puis débute comme story-boarder et stagiaire-décorateur sur un premier long-métrage en 1996. Une première histoire, "Hong Kong Triad", réalisée en collaboration avec Joël Parnotte, avec qui il travaille depuis le lycée, sera publiée dans le journal Golem fin 96. En 2000, cette série sort en trois albums chez les éditions Le Téméraire. Elle sera rééditée chez Soleil. Suivront, chez le même éditeur, "Les Aquanautes" et "L'Arche".

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