Mademoiselle J. 1955, Le bonheur de dire Maman

Une héroïne attachante pour une plongée réussie dans les grands événements qui ont façonné la France du XXème siècle
De
Dessin Laurent Verron, scénario Yves Sente
Ed. Dupuis, 2025
64 p.
16,95€
Notre recommandation
4/5

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Thème

Mademoiselle J. s'appelle en réalité Juliette de Sainteloi. Né dans les années 1920, devenue orpheline, sa mère s'étant donné la mort après sa naissance, et son père, riche armateur, assassiné un peu avant la seconde guerre mondiale, elle décide à 20 ans de devenir reporter. Un choix courageux pour l'époque, fait sur un paquebot qui l'emmenait aux Etats-Unis et concrétisé en 1938. 

Ce quatrième album de la série nous entraine à ses côtés en 1955, en pleine décolonisation de l'Indochine. Une rencontre fortuite lui ayant laissé entendre que sa mère ne serait peut-être pas morte, elle va, dans un pays sur le point d'être divisé en deux, partir sur les traces de son passé et au secours d'orphelins vietnamiens. Réussira-t-elle à les soustraire à un enrôlement de force dans les forces armées de la République démocratique du Vietnam qui occuperont bientôt le nord du pays ? Que va-t-elle découvrir là-bas ?

Points forts

Mademoiselle J 1955 est le quatrième tome de la série débutée en 2022. Comme les précédents, Il est basé sur un scénario historiquement juste et intéressant, mêlant fiction et réalité. Ses 64 pages contribuent à rendre le récit, comme dans les albums précédents, plutôt immersif.

Au milieu des années 50, Juliette de Sainteloi incarne le combat des femmes pour l'émancipation et la liberté, et pourrait faire penser, toutes proportions gardées, à des aventurières comme Alexandra David-Neel ou la résistante et journaliste Madeleine Riffaud. Personnage attachant, elle a ses failles et ses doutes, très bien traduits dans le scénario et la mise en scène.

Le dessin de Laurent Verron est classique, très ancré dans l'esprit de la bande dessinée belge dont il a été un contributeur en début de carrière. Simple et fouillé à la fois, parfaitement documenté sur les lieux de l'aventure, ici Paris et l'Indochine qui deviendra le Vietnam. Quatrième opus de l'aventure, il présente aussi un personnage qui "mûrit", croise et recroise quelques personnages de ses aventures antérieures et offre une qualité qui invite à découvrir les épisodes précédents.

Quelques réserves

Pas de réserve pour cette bande dessinée grand public, qui plaira aux jeunes pour l'aventure, aux plus "séniors" pour la qualité du scénario, dû à Yves Sente.

S'il fallait une petite nuance à cet éloge, vous serez peut-être sensible au fait que les personnages, Juliette en particulier, présentent sur leur visage des expressions souvent très semblables. 

Encore un mot...

Cet épisode de Mademoiselle J. est à la fois intéressant par son histoire, et savoureux par son esprit. Il ne faut pas manquer de souligner que cette histoire est rapportée par un certain Oncle Paul, que les lecteurs seniors de cette chronique pourront reconnaitre comme le fameux conteur de ses "Belles histoires…",  créées au début des années 1950 dans le journal Spirou. Il ouvre et ferme l'album dans une atmosphère bon enfant qui fait retomber la pression !

Mademoiselle J, au-delà de cette année 1955 est une série éducative, intéressante, formellement et intellectuellement réussie, dont chaque album aborde une période différente. 

Le Tome 1, 1929, évoque la rencontre d’une Juliette adolescente avec un mousse au nom de Ptirou lors d'une traversée transatlantique. C'est une histoire en miroir qui associe le précurseur du personnage de Spirou, son inventeur Rob-vel, Robert Velter, représenté en steward du paquebot, ce qu’il fut dans la vraie vie, et cette héroïne en devenir.

Les tomes 2 et 3 traitent d'années noires : 1938 et la montée du nazisme sur fond de chantage industriel et sentimental ; 1945 et la lutte de Juliette pour retrouver son amie Léa Vollak disparue dans un camp de concentration.

Leur format généreux (23/31) et la qualité de l'édition font aussi de l’intégrale des aventures de Mademoiselle J. une idée de cadeau pour les fêtes.

Une illustration

L'auteur

Laurent Verron est dessinateur de bandes dessinées. Il commence sa carrière comme assistant de Jean Roba, le père de Boule et Bill, série publiée dans l'hebdomadaire Spirou des années 1970-1980. À partir de 2003, il en reprend le dessin jusqu’en 2015. Il illustre des séries comme Le Maltais (1991-1994) et Odilon Verjus (1996-2006). C'est en 2017 qu'il engage sa collaboration avec Yves Sente. Elle s'incarnera dans le premier tome de Mademoiselle J. Il s'appelait Ptirou, sorte de prélude au personnage à l’origine de Spirou, pour lequel il recevra, avec Yves Sente, un prix en 2018.

Yves Sente est scénariste de romans et de bandes dessinées, par ailleurs ancien directeur éditorial des Editions Le Lombard. Il est reconnu aujourd'hui comme l’un des grands scénaristes contemporains de BD, en reprenant des séries emblématiques comme Blake & MortimerThorgal ou XIII. Depuis les années 2010, il se consacre principalement aux scénarii dont le remarqué Cinq branches de coton noir (2018) et, en collaboration avec Verron, la série Mademoiselle J., qui témoigne de sa capacité à mêler Histoire, fiction et séries populaires. Il a signé son premier roman sous le titre de L'expérience Pentagramme, dont la chronique est à lire sur le site Culture-Tops.

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