DIVA

A la fois polar, film d’action et romance…le film culte des années 80 pour la première fois en BLU-RAY…
De
Jean-Jacques Beineix
DVD, BLU-RAY- Studiocanal- Disponible le 1er janvier 2021
Avec
Frédéric Andrei, Wilhelmenia Wiggins Fernandez, Gérard Darmon…
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Jules, un jeune postier timide (Frédéric Andrei), est fasciné par Cynthia Hawkins, une célèbre et énigmatique diva qui n’a jamais voulu qu’on enregistre sa voix (Wilhelmenia Wiggins Fernandez). Lors d’un concert parisien, il enregistre clandestinement son récital, vole sa robe et s’enfuit. Mais il est pris en chasse par deux Taïwanais qui veulent faire commerce de sa bande-son et aussi, pour une autre raison (chut, suspense !) par deux flics ripoux. Tout est bien qui finit bien. Après une multitude de péripéties, Cynthia et Jules vont tomber dans les bras l’un de l’autre au cours d’une scène mémorable filmée au Théâtre du Châtelet.

Points forts

- Parce que, depuis, d’autres cinéastes sont passés par là - Luc Besson et Léos Carax notamment- il est difficile d’imaginer à quel point, à sa sortie en 1981, Diva déconcerta public et critiques. Non seulement il mêle les genres -une aberration au pays de Descartes!-  mais son esthétique sort de tout ce qu’on a l’habitude de voir à l’époque. Si on loue le soin apporté à sa photo, on décrie ses couleurs, jugées trop vives et trop racoleuses et on réprouve aussi  l’audace provocatrice de ses mouvements de caméras. Certes, Diva s’appuie sur une histoire et des dialogues, mais ces derniers ne sont pas primordiaux. La préférence est donnée à l’image, à la fois spectaculaire et tape-à-l’œil, qui s’inspire des pubs au ton drôle et décalé du début de cette décennie-là. Il faudra que ce film, si  inventif et novateur, fasse un aller et retour Outre-Atlantique et en revienne auréolé d’un succès phénoménal, pour qu’il enflamme enfin le public français par un incandescent bouche à oreille. Diva devient film culte. Aujourd’hui encore, il a conservé ce statut.

- Sa distribution n’est pas pour rien dans l’engouement qu’il finit par soulever. Tous les interprètes sont formidables, qui se coulent magnifiquement dans l’esthétique culottée, poétique et talentueuse de  Beineix.

- Et puis, il y a la musique, qui porte, en le magnifiant, cet objet ciné inclassable. Plus justement, il faudrait écrire « les »  musiques, car outre l’originale, signée Vladimir Cosma, il y a aussi les morceaux additionnels, dont ceux de  l’Ave Maria de Gounod et surtout celui extrait de l’opéra de La Wally d’Alfredo Catalani.

Quelques réserves

Un scénario un peu trop « alambiqué » et décousu ; quelques invraisemblances aussi.

Encore un mot...

Quel autre film, retiré des circuits de distribution après deux semaines d’exploitation calamiteuse a -t-il connu ensuite une envolée somptueuse, grâce au soutien obstiné d’un directeur de salle parisien et un triomphe inattendu à New York? Dans les annales du cinéma, Diva est un cas unique. Cette virevolte dans une carrière de film devrait exciter la curiosité de ceux qui ne l’ont jamais vu et les inciter à se précipiter sur sa sortie en Blu-ray. Ils découvriront une œuvre, certes imparfaite, mais rococo, poétique, audacieuse (pour l’époque), pleine de cette insolence souveraine que trimballent parfois , malgré eux, les « objets » encore non identifiés.

Une phrase

« J’ai des scènes, des idées, comme ça, et puis petit à petit, je relie les unes aux autres, et une idée en amène une autre. C’est une dialectique permanente entre ce qui existe et ce qui existera. Ça se remanie constamment. Je suis un opportuniste, c’est-à-dire que je me sers de ce que je trouve et découvre, au fur et à mesure…En plus, je cadre mes films. Ça me permet continuellement de pouvoir réajuster en fonction de mon humeur, de la lumière et de l’état dans lequel les acteurs se trouvent » ( Jean-Jacques Beineix, réalisateur- 1987).

L'auteur

Il y a plus de vingt ans que Jean-Jacques Beineix , né le 8 octobre 1946 à Paris, a posé sa caméra et n’a plus réalisé de long métrage, mais il reste aujourd’hui encore aux yeux de nombreux cinéphiles, un cinéaste culte pour avoir inventé à 35 ans, avec Diva, la « Nouvelle-Nouvelle-Vague », un style de ciné qui privilégie l’image au détriment du texte.Une démarche en apparence  assez paradoxale pour un homme qui fut toujours le scénariste de ses films et qui vit désormais presque exclusivement de sa plume.

Quand il naît d’une mère au foyer et d’un père directeur d’une compagnie d’assurances, rien n’indique que Jean-Jacques Beineix va s’orienter vers le 7°art. D’ailleurs, après son bac, il s’inscrit en médecine. Mais brusquement, en 1968, il plaque la faculté et s’inscrit à l’Idhec. Un an plus tard, à 23 ans,  il devient assistant de Jean Becker sur plusieurs films, puis celui de Claude Berri et de Claude Zidi.

Le succès de son premier court-métrage (Le Chien de M. Michel, 1977) l’incite à se lancer, en 1980, dans le long. C’est Diva. Primauté de l’image et du son, mélange des  genres (ici, thriller et romance et opéra)… d’emblée, le nouveau réalisateur applique les recettes qui le feront d’un côté, connaitre et aduler, de l’autre, mépriser, notamment par une partie de la critique ( dont Serge Daney) qui ne supporte pas l’esthétique « publicitaire » de son film.

Après Diva, qui rafle quatre Césars en 1982 et attire plus de 2 millions de spectateurs, le cinéaste tournera encore cinq films, qui connaîtront des destins divers: La lune dans le caniveau (1983) sera un échec, 37°2 le matin (1986), son plus gros succès, Roselyne et les lions (1989), un flop commercial, IP5: L'Île aux pachydermes (1992), son œuvre la plus célébrée, et Mortel transfert (2001), un bide critique et commercial. Dégoûté par le cinéma français, le réalisateur abandonnera la fiction pour le documentaire, résistant même à quelques jolies propositions en provenance d’Hollywood. Devenu essentiellement homme de plume, il publiera ses mémoires en 2006 et tentera parallèlement plusieurs adaptations, dont Au revoir là-haut, (finalement adapté par Albert Dupontel). En 2015, il se fera dramaturge pour un spectacle inspiré de la vie de Kiki de Montparnasse.

En 2020, ce créateur mélancolique, touche à tout et, à sa manière, franc-tireur et précurseur, publiera son premier roman, Toboggan, l’histoire d’un cinéaste triste qui a cessé de… tourner.

Bonus: entretien de 5’ avec Jean-Jacques Beineix.

Et aussi

 

L’ANGLAIS  de STEVEN SODERBERGH- Avec TERENCE STAMP, LUIS GUZMAN, PETER FONDA…

 L’Anglais, un homme mystérieux (en fait, un tueur à gages)  arrive à Los Angeles. Il s’appelle Wilson, il revient de Londres où il a passé neuf années en prison, et il n’a qu’une idée: comprendre ce qui est arrivé à sa fille -maîtresse d’un producteur de disques- dans des circonstances suspectes. Du plus petit voyou aux plus grands chefs de gangs, tout le monde est prévenu : il va y avoir du sport, car ce père blessé ne reculera devant rien. Il veut se venger, et il se fiche bien d’ignorer les us et coutumes de la pègre de la ville américaine…

Vingt et un an après sa sortie, L’Anglais, polar macho et très maitrisé du réalisateur de Sexe, mensonges et Vidéo et de Ocean’s Eleven n’a rien perdu de son pouvoir hypnotique. Sa construction, non linéaire, tout en  flash-back et flash-forward, fonctionne  toujours du feu de Dieu et ses interprètes cassent toujours la baraque, notamment,Terence Stamp, qui semble ici pouvoir transpercer l’écran du seul bleu de son regard, et Peter Fonda, qui dans son personnage de Valentine, s’amuse à nous renvoyer à son rôle mythique dans Easy Rider. Concocté juste avant l’entrée dans le XXI° siècle, ce thriller non conventionnel, à la fois noir et lumineux, tragique et ironique, est un régal.

Recommandation : **** excellent.

Sortie DVD BLU-RAY, nouveau master HD avec traitement 4K -édition limitée en boîtier métal Steelbook- L’ATELIER D’IMAGES.

Bonus : Interviews d’époque du film, interview de Steven Soderbergh, Interview de Terence Stamp,  entretien avec Philippe Guedj, journaliste cinéma,  spots TV V9, bande annonce.

 

-BEAU-PÈRE de BERTRAND BLIER- Avec PATRICK DEWAERE, ARIEL BESSE, NATHALIE BAYE NICOLE GARCIA…

Après la mort de sa mère, Marion, 14 ans, doit choisir entre vivre avec son père, homme dépressif, dépassé par les situations et légèrement porté sur la bouteille, et son beau-père, un pianiste raté et affectueux qui l’élève depuis des années et pour lequel elle éprouve, selon ses propres termes un "désir physique ».

Quand il sortit en salles, après avoir concouru en sélection officielle au Festival Cannes 1981 -mais il en était reparti sans récompense- Beau-père reçut un accueil plutôt favorable de la critique. A cause de son thème qui rappelle celui de Lolita, certains pensaient que Bertrand Blier en tirerait  une œuvre provocatrice. Surprise, le film oscille entre tendresse, humour, tristesse et érotisme raisonnable. Cela tient beaucoup à l’interprétation de ses deux principaux protagonistes : la jeune Ariel Besse qui incarne une Marion lucide et résolue, à la fois enfantine et précoce, loin de toute minauderie malsaine, et surtout à Patrick Dewaere qui interprète le rôle titre avec la finesse de jeu, la tendresse et la sensibilité qu’on lui connaît. Il faut dire que Bertrand Blier, qui a écrit le scénario à partir de son roman éponyme, ne tire à aucun moment sur les ficelles de la vulgarité et de la facilité. A l’époque, cette retenue n’avait pas suffi à empêcher que le film écope d’une interdiction aux moins de 13 ans. Est-ce à cause de cette interdiction qu’à la grande déception de Patrick Dewaere, il n’avait rassemblé que 1 197 816 spectateurs ? Sa sortie en Blu-Ray est l’occasion de réparer cette injustice. Car, sur un sujet difficile, et malgré quelques temps morts, Beau-père est un film formidable de pudeur.

Recommandation : *** excellent.

Sortie BLU-RAY - STUDIOCANAL.

Bonus : entretien avec Bertrand Blier ( 21’).

 

- SUR LA ROUTE DE COMPOSTELLE  de FERGUS GRADY et NOËL SMYTH- DOCUMENTAIRE.

Faire le « Camino »- le chemin de Compostelle qui court sur 800 kilomètres entre Saint-Jean-Pied de-Port, situé à la frontière française, et la ville espagnole de Saint-Jacques de Compostelle- est une expérience qui a bouleversé la vie de centaines de milliers de personnes à travers le monde. Cette expérience réunit des marcheurs de tous horizons qui viennent chercher le réconfort et l’amitié au sein d’une communauté d’inconnus, tout en y puisant la force de surmonter leurs difficultés.

Ce sont six de ces « pèlerins » -tous marqués par des traumatismes- qu’a choisi de suivre le duo de réalisateurs australo-néo-zélandais, Noël Smyth et Fergus Grady. Certains entreprennent ce voyage pour la première fois, d’autres non. Mais tous savent que la route sera aussi longue et difficile que pleine de joie et de réconfort. Tous comprennent aussi que c’est tous les six ensemble, qu’ils viendront à bout de leurs problèmes existentiels et spirituels…

Quand il sortit en salles en Nouvelle Zélande en juillet 2019, Sur la route de Compostelle, tourné en 42 jours dans des paysages d’une beauté encourageant à l’introspection, battit tous les records d’entrées lors de son premier week-end d’exploitation. Sorti en France en septembre dernier entre deux confinements, il n’a pas pu connaître la même carrière. Sa sortie en DVD ( le 5 janvier prochain) devrait lui ouvrir une seconde vie hexagonale.

Recommandation : *** excellent

Sortie DVD- L’ATELIER D’IMAGES

Bonus : « Le Camino vu du ciel »

Commentaires

Phoenix
sam 18/06/2022 - 14:20

Totalement "culte", n'en déplaise alors à des Critiques "formatés" de l'époque

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