A voir au cinéma cette semaine

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4/5

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  • Eleanor The Great de Scarlett Johansson - Avec June Squibb, Erin Kellyman, Chiwetel Ejiofor… 

Eleanor Morgenstein (June Squibb) a 94 ans et vit en Floride avec sa meilleure amie, Bessie (Rita Zohar). Mais le jour où cette dernière décède brusquement, la vie d'Eleanor s’effondre. Ne pouvant rester dans son appartement qui lui rappelle trop de souvenirs, elle déménage à New York chez sa fille, Lisa (Jessica Hecht). Dans cette ville où elle prend petit à petit ses marques, la vieille dame se lie d’amitié avec une jeune étudiante en journalisme, Nina (Erin Kellyman). Entre les deux femmes, séparées par plusieurs générations, se tissent des liens forts à partir d’un mensonge que va raconter Eleanor…

On la connaissait actrice chez Woody Allen et Sofia Coppola puis dans des blockbusters hollywoodiens. Voici comment l’on pourrait résumer la carrière de Scarlett Johansson, aussi à l’aise chez des auteurs indépendants que dans des projets beaucoup plus spectaculaires. Comédienne talentueuse et insaisissable, elle se découvre aujourd’hui sous un nouveau jour avec son premier film en tant que réalisatrice, Eleanor The Great. Présenté dans la sélection Un Certain Regard lors du dernier Festival de Cannes, ce long-métrage est certainement l’un des plus beaux de l’année. Dès le départ, Scarlett Johansson emporte le spectateur avec l’histoire incroyable de l’incroyable Eleanor interprétée par la bluffante June Squibb. Bouleversant dans ce qu’il raconte sur la transmission et l’amitié, Eleanor The Great touche en plein cœur et pour longtemps. On savait que Scarlett Johansson était une actrice talentueuse. Et bien, elle l’est aussi désormais comme une cinéaste à surveiller de très près.

Recommandation : 5 cœurs

Antoine Le Fur

 

  • Franz K d’Agnieszka Holland - Avec Idan Weiss, Katharina Stark, Carol Schuler, Sebastian Brod…

De son enfance passée à Prague sous la coupe d’un père autoritaire et violent, jusqu’à sa disparition à Vienne, où il mourut, à 40 ans, de tuberculose, ce film retrace le parcours de Franz Kafka, l’écrivain que l’on sait, mais qui cachait un homme hypersensible, insaisissable, obnubilé à la fois par l’obéissance et la liberté, marqué par des relations amoureuses compliquées et  déchiré entre son aspiration à une existence banale et son besoin irrépressible d’écrire…

Le pari était gonflé de dessiner le portrait de Franz Kafka, l’un des plus grands écrivains du XXème siècle, mais aussi l’un des plus  méconnus (ignoré  de son vivant, ce Tchèque germanophone et juif connut une gloire posthume). La cinéaste polonaise Agnieszka Holland  (50 ans d’une carrière européenne !) n’a pas eu peur, qui a conçu autour de cette figure littéraire si singulière un biopic…singulier lui aussi. Bâti comme un puzzle, à la fois réaliste, surréaliste et poétique, son film parvient, dans des allers et retours entre passé (la  reconstitution de la vie de l’écrivain) et présent (le décryptage de sa phénoménale notoriété encore aujourd’hui), à lever le voile sur les énigmes de l’auteur de La Métamorphose. Ce qui  éclaircit l’image si sombre et si austère qu’on a souvent de lui. Fascinant d’un bout à l’autre, porté d’une distribution parfaite et doté, qui plus est, d’une image d’une rare beauté, ce biopic est  entré en lice sans problème, pour la première sélection des Oscars. Il mériterait d’être de la dernière.  

Recommandation: 4 cœurs

Dominique Poncet

 

  • Des preuves d'amour d'Alice Douard - Avec Ella Rumpf, Monia Chokri, Noémie Lvovsky, Jeanne Herry…

Quelque temps après le vote de la loi Taubira qui adopta en 2013 la légalisation  du mariage homosexuel et l’adoption pour les couples du même sexe, Céline (Ella Rumpf) et Nadia (Monia Chokri), un couple lesbien, attend son premier enfant grâce à une PMA.  C’est Nadia qui le porte, mais c’est Céline qui l’adoptera, à condition qu’elle prouve qu’elle sera capable de s’occuper du nouveau-né. Des preuves d’amour vont raconter la joie mais aussi la difficulté, pour les homosexuels, de faire couple et famille, même, comme c’est le cas ici, aux yeux de leur propre mère.

Pour son premier long métrage, Alice Douard propose un film presque autobiographique sur les heurs et malheurs des couples lesbiens qui attendent un enfant. Disons-le sans détour : Des preuves d’amour, présenté en mai dernier à la Semaine de la critique à Cannes, est une réussite, qui parvient à enchaîner, avec habileté et fluidité, comme dans la vie réelle, scènes dramatiques et séquences légères, pour ne pas dire heureuses, et même joyeuses. Les comédiens, à commencer par Ella Rumpf et Noémie Lvovsky (extraordinaire dans un rôle de mère pianiste à la fois déglinguée et égocentrée) sont tous d’une justesse rare. Nécessaire, romantique, et lumineux. 

Recommandations : 4 cœurs

Dominique Poncet

 

  • Dossier 137 de Dominik Moll - Avec Léa Drucker, Guslagie Malanda, Mathilde Roehrich…

Stéphanie (Léa Drucker) est enquêtrice à l’IGPN, la police des polices. Elle se retrouve en charge du dossier 137 dont le but est d’éclaircir les causes de la blessure par LBD d’un jeune homme lors d’une manifestation. En apparence, il ne s’agit que d’une enquête de plus pour Stéphanie. Mais un événement inattendu va venir ébranler ses certitudes et donner un autre sens à ce dossier qui ne se résume pas uniquement à un numéro…

Il y a deux ans, le précédent long-métrage de Dominik Moll, La Nuit du 12, triomphait aux César avec pas moins de sept trophées dont celui du meilleur film. Autant dire que le réalisateur français était particulièrement attendu au tournant. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le cinéaste n’a en rien perdu son inspiration. De prime abord, Dossier 137 est un film assez simple dont le scénario tient sur un timbre. Et pourtant, de ce postulat de départ plutôt basique, il en construit un film d’une incroyable richesse grâce à une structure aussi fluide que complexe. Grand metteur en scène, Dominik Moll offre en outre l’un de ses meilleurs rôles à Léa Drucker qui a manqué de peu le prix d’interprétation féminine lors du dernier Festival de Cannes, où le long-métrage était présenté en compétition. Un « oubli » qui n’enlève en rien la puissance de ce Dossier 137.

Recommandation : 4 cœurs

Antoine Le Fur

 

  • Jean Valjean de Eric Besnard - Avec Grégory Gadebois, Bernard Campan, Isabelle Carré, Alexandra Lamy…

1815, Jean Valjean (Grégory Gadebois) sort du bagne. Condamné pour avoir volé une miche de pain (pour nourrir les enfants affamés de sa sœur), puis pour avoir voulu s’enfuir à plusieurs reprises, il vient d’y passer 19 ans. Brisé et rejeté par tous, errant sans but, sans toit et sans un sou, il trouve refuge chez un homme d’Église (Bernard Campan), sa sœur (Isabelle Carré) et leur servante (Alexandra Lamy). Face à la générosité et à leur gentillesse, l’ancien forçat  vacille. Il doit choisir ce qu’il veut devenir.  C’est le début de sa rédemption…

Pour son dixième film, Eric Besnard (Délicieux, Les Choses simples …) a plongé à son tour  dans Les Misérables de Victor Hugo et il a choisi de traiter d’un de ses  épisodes les moins exploités sur le grand et petit écran : celui où, dans la France rude des années post-napoléoniennes, Jean Valjean, ébranlé par la main tendue de ses hôtes, choisira  l’honnêteté plutôt que le crime. La distribution du film est  impeccable : dans le rôle-titre, tout de tendresse et de révolte mêlées, Grégory Gadebois est meilleur que jamais; en évêque, Bernard Campan est sensationnel de douceur et d’humanité; en femme blessée, Isabelle Carré fait preuve d’une nostalgie bouleversante. Quant à Alexandra Lamy, sans maquillage sous un bonnet de coton, presque méconnaissable, elle compose avec une belle justesse une servante au grand cœur, mais bougon et méfiante. Si on ajoute que sa photographie et ses costumes y sont particulièrement soignés, on pourra recommander sans crainte ce Jean Valjean aux fans de Victor Hugo, aux amateurs de films d’époque et aux…curieux.

Recommandation : 3 cœurs 

Dominique Poncet

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