DOCTEUR?

UN DUO D’ACTEURS ÉPATANTS POUR UNE COMÉDIE DE NOËL, LÉGÈRE, MAIS PAS SEULEMENT…
De
TRISTAN SÉGUÉLA
Avec
MICHEL BLANC, HAKIM JEMILI…
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

C’est le soir de Noël. A SOS-Médecin, la permanence n’est assurée que par un seul médecin, Serge (Michel Blanc). Un drôle de toubib celui-là, ronchon comme tout, cossard comme pas deux avec, en plus, un penchant tellement appuyé pour la picole que la radiation lui pend au nez. Mais bon, il est là, et la standardiste (Chantal Lauby) doit  faire avec. Les visites s’enchaînent bon gré mal gré, jusqu’à ce que Serge doive se rendre chez Rose, une jeune fille qu’il a connue dans des circonstances douloureuses. Le hasard va faire qu’il va y rencontrer un livreur Uber Eats, Malek, lui aussi de service ce jour là. Personne ne peut alors soupçonner que Serge va se bloquer le dos au point de ne plus pouvoir sortir de sa voiture et qu’il va avoir la drôle d’idée de demander à Malek de prendre sa place. La comédie va s’accélérer…

Points forts

– Chic, voilà un scénario futé, qui sort des sentiers battus et rebattus des vaudevilles contemporains et des comédies entre potes. Avoir l’idée d’ « atteler » un toubib en bout de course et un livreur même pas secouriste guidé à l’oreillette par son mentor, pour aller prodiguer des soins à des malheureux patients, il fallait y penser! Evidemment cela donne lieu à des  imbroglios et des situations aussi loufoques que rocambolesques avec, aussi, entre les deux, de beaux moments d’émotion. « Abracadabrantesque »? Pas tant que cela :Tristan Séguéla affirme que toutes les anecdotes du film lui ont été inspirées par des faits réels. 

– L’autre atout du film est son tandem d’acteurs. Quel plaisir de voir Michel Blanc renouer avec la comédie. Ce rôle de docteur bougon au grand coeur, hilarant malgré lui et  « alcoolo » par désespoir va comme un gant à cet immense comédien, aussi bon dans le drame que dans la comédie. Il est là, une fois encore, irrésistible de drôlerie, de mélancolie,de finesse et de sincérité. Dans le rôle du livreur qui devient « médecin malgré lui », l’humoriste youtubeur Hakim Jemili  fait lui aussi des étincelles. C’est la première fois qu’on le voit sur le grand écran, mais, ce ne devrait pas être la dernière !

Quelques réserves

Une musique peut-être un peu trop omniprésente  (dont le scénario, assez solide n’a pas besoin) et quelques scènes un peu trop convenues, cependant, précisons le, jamais ratées, ni caricaturales. C’est tout? C’est tout.

Encore un mot...

Vous aimez les buddy movies, ces films à duos  bâtis sur les tribulations de deux compères aussi dissemblables que complémentaires? Alors ce Docteur?, bien écrit, charmant, truffé de gags et de rebondissements, aussi  amusant qu’émouvant, est pour vous.

Une phrase

« Docteur? est né le jour où mon ami et co-scénariste Jim Birmant m’a demandé si ça m’intéresserait d’écrire un polar sur un médecin de nuit qui se fait remplacer par un type qui ne l’est pas du tout. Tout de suite l’idée de substitution m’a plu… Mais j’y ai mis une condition : oublier le polar et écrire une comédie. J’ai senti immédiatement l’énorme potentiel comique qu’il y aurait à mettre en situation ce faux médecin, attendu par des familles en détresse. Qu’allait-il se passer? Comment allait-il s’en sortir? C’était de l’or. Il suffisait de creuser. » ( Tristan Séguéla, réalisateur)

L'auteur

Logiquement, Tristan Séguéla aurait dû, comme son père, tomber dans le chaudron de la pub. Pourtant, c’est le cinéma qui l’a fasciné dès son plus jeune âge. La faute en revient à Yul Brynner. Il aimait tellement cet acteur, qu’il se passait en boucle  Les Sept mercenaires. 

Après le lycée, le jeune Tristan aurait pu aller se former dans une école spécialisée mais, pressé d’en «découdre » avec le « milieu », il choisit d’apprendre sur le tas. Après quelques stages, il se lance dans la réalisation d’un faux documentaire intitulé Pierre 41, et qui narre le récit d’un homme ayant arrêté de vieillir à 41 ans. En 2013, après avoir tourné des clips et quelques épisodes de web-séries (dont Smash), un producteur lui propose de réaliser son premier long métrage :  16 ans ou presque .Trois ans après, c’est  Rattrapage .

Avec Docteur? qui sort cette semaine, Tristan Séguéla quitte pour la première fois le monde des films d’ados ( teen-movies) pour entrer dans la cour des « grands ».

Et aussi

 

– « Une vie cachée » de Terrence Malick – Avec August Diehl, Valerie Pachner, Maria Simon…

C’est un film inspiré de l’ histoire vraie de Franz Jägerstätter, un paysan autrichien, mari et père de famille exemplaire, qui, pour avoir refusé de se battre aux côtés des nazis pendant la seconde guerre mondiale, finira guillotiné en 1943 dans un garage , à la prison Brandenburg de Berlin après plusieurs mois de détention abominables.

Composé de deux parties, ce film en forme de fresque nous emmène d’abord sur de verdoyants pâturages alpins, sublimes de beauté. On y voit  Franz vivre avec sa femme et ses deux filles en complète osmose avec la nature. C’est à la fois tellement harmonieux, élégiaque et paradisiaque qu’on pourrait se croire dans un épisode de Heidi. Et puis, annoncée par le bruit des avions, la guerre arrive. Tout bascule, insensiblement d’abord, vers la menace, l’obscur, la dépendance, l’horreur et enfin,  l’innommable. Franz part faire ses classes, mais, plus tard, devant les atrocités commises par l’armée, il refuse de s’enrôler. C’en est fait de lui et de son libre-arbitre. On l’arrête, on le menace et le jette en prison. Il s’entête, refuse de se soumettre. Dans son village, on crache sur sa femme et ses filles, on leur jette des cailloux. Franz est jugé. Porté par sa foi dans ses convictions, il refusera de se renier. On le condamnera à mort. Il avait 36 ans.

 A cause de ses derniers films aussi abstraits qu’insondables (The Tree of life, Song to song…), on croyait avoir perdu le génial Terrence Malick des Moissons du ciel et de La Ligne rouge. Le voici de retour avec ce film romanesque, mystique, d’une beauté renversante, réflexion, sans équivalent cinématographique, sur la foi, la guerre, la force de l’amour et celle de la nature. Attention : chef d’oeuvre exigeant. 

Recommandation: en priorité.

 

– « Lola vers la mer » de Laurent Micheli – Avec Mya Bollaers, Benoît Magimel…

Alors que Lola, jeune fille transgenre, apprend qu’elle va bientôt pouvoir se faire opérer, sa mère, qui devait la soutenir financièrement décède. Pour respecter ses dernières volontés, Lola et son père, que tout oppose, vont partir ensemble au bord de la mer. Leur road-movie, éprouvant et plein d’embûches, sera pour eux l’occasion de s’apprivoiser et de s’accepter malgré leurs différences.

Quelques mois après Girl, qui faisait le portrait d’une jeune danseuse transgenre, voici donc Lola vers la mer. Dissemblables dans leur forme et leur contenu, ces deux films ne houblonnent pas. Ils s’additionnent pour donner une visibilité au problème de la trans-identité, encore souvent mal acceptée. Le réalisateur Laurent Micheli – dont c’est seulement le deuxième long métrage – le traite ici à travers une relation père-fille, un père hétéro qui ne comprend pas la souffrance de son enfant qu’il persiste à voir comme un garçon. Si son film est bouleversant, il ne tire jamais sur la corde du misérabilisme.  Il ne porte pas non plus de jugement, sur aucun des deux protagonistes. Et pourtant l’émotion s’invite à tous les plans. Il faut dire que ce Lola vers la mer, qui avait fait sensation au dernier Festival d’Angoulême est porté par un duo d’acteurs magnifiques : Benoît Magimel, déchirant dans son rôle de père paumé et anéanti par le chagrin et la jeune Mya Bollaers, elle même trans, bouleversante de naturel et de sincérité, qui est une  révélation.

Recommandation: excellent.

 

– « Jeune Juliette » d’Anne Emon – Avec  Alexane Jamieson, Léanne Désilets, Robin Aubert…

Juliette est une jeune québécoise, fille d’un père célibataire aimant. Effrontée, mais pas trop, affabulatrice, quelquefois, tout le temps intelligente et malicieuse, elle aurait (presque) tout pour être heureuse si elle n’avait pas un problème de poids qui, parce qu’elle se sent mal dans sa peau, la rend très souvent hargneuse vis à vis des autres.

Au lycée, ça va de mal en pis pour elle. Sa seule amie va  même finir par lui faire la gueule. Après une année scolaire chaotique, Juliette finira par comprendre que l’ouverture aux autres commence par l’acceptation de soi…

Entre drôlerie et émotion, douceur et amertume, cocasserie et poésie, voilà un film d’ados particulièrement réussi. Ni gnangnan, ni bien-pensant, ni condescendant, il nous touche en plein coeur, beaucoup grâce à son interprète principale, l’incroyable Alexane Jamieson. En plus, il nous fait souvent rire, grâce à des dialogues  bien envoyés, souvent savoureux. Cerise sur le gâteau: tourné en 35 mm, il est visuellement très soigné.

Recommandation: excellent

 

– Les Envoûtés » de Pascal Bonitzer – Avec Sara Giraudeau, Nicolas Duvauchelle,, Anabel Lopez…

Pigiste dans un magazine féminin, Coline est envoyée dans le fin fond des  Pyrénées pour interviewer Simon, un artiste un peu sauvage, qui aurait vu lui apparaître le fantôme de sa mère au moment précis où elle est décédée. Coline est d’autant plus intéressée de rencontrer Simon que sa voisine, la belle et curieuse Azar, prétend pour sa part avoir vu le fantôme de son père, également au moment de sa mort.

Nous voilà, embarqués dans une histoire fantastique. Elle est d’autant plus intéressante à suivre que Pascal Bonitzer la raconte du point de vue des personnages (dialogues très soignés) et sans effets spéciaux, ce qui montre, une fois de plus, son grand savoir faire, Hélas, sans doute pour pimenter cette histoire surnaturelle inspirée de Les Amis des amis (une nouvelle d’Henry James), le cinéaste lui a incorporé une romance compliquée – je t’aime, moi non plus – entre ses héros.Cet ajout brouille son film, et en déplace l’intérêt. Reste, sa manière de filmer, si élégante et si plaisante. Reste aussi, surtout, la façon dont Sara Giraudeau et Nicolas Duvauchelle  se sont emparés de leur personnage. Il sont tous les deux prodigieux de vérité, de justesse et de sincérité. Les regarder jouer est un régal . 

Recommandation: bon


 

– « le Choix d’Ali » d’Amor Hakkar – Avec Yassine Benkhadda, Sophia Chebchoub, Florian Guillaume…

Ali vit à Paris avec Eric depuis deux ans, heureux, en apparence. Un soir, un coup de fil de sa soeur lui apprend que sa mère qu’il n’a pas vue depuis 5 ans a fait un A.V.C. En même temps qu’il décide d’aller la revoir à Besançon où elle vit avec le reste de la famille, il redoute l’instant des retrouvailles : il est homosexuel, et dans une famille musulmane  pratiquante, cela n’est pas concevable. Ce ne l’était pas il y a cinq ans, cela ne l’est pas plus aujourd’hui. Comprenant très vite qu’il ne sera jamais vraiment réintégré dans le foyer familial, Ali repart pour Paris, mais il trouve porte close. Las d’être sans nouvelles, son compagnon est parti. Rejeté d’un côté, abandonné de l’autre, écrasé par le poids de la honte de devoir vivre comme un paria, Ali va opter pour un départ sans retour…

Pour son cinquième film le réalisateur Amor Hakkar a choisi de parler d’un sujet brûlant : l’homosexualité dans les familles de confession musulmane. Si son film est loin d’être parfait (dialogues faibles, personnages pas toujours bien dessinés et « filmage » un peu trop « scolaire »), il a pourtant le mérite de nous faire pénétrer dans le quotidien de ces familles  au sein desquelles la religion a chassé toute tolérance. Triste et édifiant. 

Recommandation: bon  

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