
13 jours, 13 nuits
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Thème
Kaboul, 15 août 2021. Alors que les troupes américaines s’apprêtent à quitter le territoire afghan, les talibans prennent d’assaut la capitale et s’emparent du pouvoir. Terrifiées, des milliers de personnes tentent de se réfugier dans le dernier lieu encore protégé: l’ambassade de France, dont la sécurité est assurée par le commandant Mohamed Bida (Roschdy Zem) et ses troupes (parmi lesquelles un agent de service incarné magnifiquement par Christophe Montenez).
Pour ces derniers s’engage une course contre la montre et la mort. Comment évacuer jusqu’à l’aéroport les ressortissants civils français et les centaines d’Afghans, habitants ou réfugiés à l’ambassade ? Pour essayer de minimiser la dangerosité de l’opération, Bida décide de négocier avec les talibans. Il demande l’aide d’Eva, une jeune humanitaire franco-afghane parfaitement bilingue (Lyna Khoudri). Sous le regard d’une journaliste de guerre (Sidse Babett Knudsen, merveilleuse d’intelligence douce et de fraternité), débute alors une partie de dés très serrée. Elle durera 13 jours et 13 nuits…
Points forts
Le réalisme du scénario. 13 jours, 13 nuits est tiré du roman autobiographique éponyme de Mohamed Bira, le commandant qui prit la tête des opérations de l’évacuation de l’ambassade de France vers l’aéroport de Kaboul. Malgré quelques petites infidélités, Martin Bourboulon a essayé de rester au plus près de ce récit « inspiré de faits réels, tout en le nourrissant, ça et là, de vraies images d’archives. C’est ce qui donne à son film son poids de vécu.
L’efficacité de la mise en scène. Sans mouvements intempestifs ni effets factices, elle est claire et lisible et elle accompagne plutôt bien le réalisme et la tension du récit.
La perfection du travail des comédiens. A commencer par Roschdy Zem qui campe impeccablement le commandant Bida. L’humanisme, l’autorité, le calme et l’assurance…Son jeu donne à voir toutes les facettes de son personnage. L’acteur est au meilleur de lui-même, sans conteste dans l’un de ses plus beaux rôles. Lyna Khoudri (dont Martin Bourboulon avait fait précédemment sa Milady) et Sidse Babett Knudsen sont elles aussi prodigieuses, la première dans son personnage d’humanitaire courageuse, déchirée et fragile, la seconde dans son rôle de journaliste de guerre à la fois lucide, douce et déterminée.
Quelques réserves
Bien que ce film soit dans l’ensemble réussi, il aurait gagné :
En émotion, si la psychologie de ses personnages avait été mieux dessinée
En crédibilité, s’il avait évité quelques maladresses scénaristiques
En intensité si son montage avait été plus resserré.
Encore un mot...
Martin Bourboulon serait-il en passe de devenir « le nouveau cinéaste des blockbusters à la française » ? Après avoir gagné son pari du diptyque sur D’Artagnan (Ses 62 millions d’euros de budget ont été largement remboursés), le cinéaste vient de gravir une nouvelle marche vers ce statut si convoité en réussissant son premier film de guerre. Malgré quelques bémols, la critique étant dans l’ensemble plutôt élogieuse on peut raisonnablement penser que, sauf imprévu, les 28 millions investis dans la fabrication de ce 13 jours, 13 nuits seront largement remboursés par la vente des billets. Du casting (formidable) à la réalisation (d’un beau réalisme) en passant par le scénario (plutôt bien maîtrisé ), tous les voyants semblent au vert pour attirer un large public.
Une phrase
« Notre but était de rester le plus proche possible des événements réels. L’histoire est assez intense comme cela et ajouter des scènes d’action inventées n’auraient pas servi le récit. C’est la quête du vraisemblable qui m’a animé tout au long du tournage. Je souhaitais rester au plus proche des faits et du personnage de Mohamed Bida. C’est comme cela que le film gagne en intensité et en émotion » (Martin Bourboulon - Dossier de presse).
L'auteur
Il a eu beau tourner comme acteur dans quelques films comme, en 1999, dans Ma petite entreprise de Pierre Jolivet, Martin Bourboulon est un homme qui n’aime rien mieux que de se trouver derrière une caméra. Homme discret, il communique très peu. Tout juste sait-on qu'il est né en 1979, qu’il est le fils du producteur Frédéric Bourboulon et qu'il a appris son métier de réalisateur en assistant, d'abord Mathieu Kassovitz sur le tournage des Rivières pourpres (en 2000) puis Jonathan Demme sur celui de The Truth about Charlie en 2002, puis encore Jean-Paul Rappeneau sur celui de Bon voyage, en 2003.
C'est à cette époque qu'il tourne son premier court-métrage, Sale hasard, qui lui vaut d’être sélectionné au festival du film policier de Cognac. Suit en 2007, Emprise. Pour s’ouvrir à d'autres horizons et explorer d'autres techniques, le cinéaste se lance alors dans le film publicitaire. Orangina, Adidas et Domus lui doivent quelques-unes de leurs meilleures pubs. Parallèlement en 2007, ce boulimique de pellicule intègre l'équipe des Guignols de l'info. En 2013 il réalise son premier long-métrage, Papa et maman. Coup d’essai, coup de maître : écrit par Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière (auteurs du Prénom), porté par le duo Marina Foïs et Laurent Lafitte, le film cartonne avec près de 3 millions d'entrées. Deux ans plus tard, il sort Papa et maman 2, avec, devant la caméra, les deux mêmes comédiens vedettes, et à l’écriture, le même tandem de scénaristes.
En 2021, le réalisateur se lance dans le film d’époque avec Eiffel avec Romain Duris, qui obtient un joli succès public. Il récidive avec Les Trois Mousquetaires. Produit par Pathé pour 72 millions d’euros (l’un des budgets 2023 les plus importants du cinéma français), ce film est présenté en diptyque. Sa première partie, D'Artagnan, sort le 5 avril 2023; sa seconde, Milady, six mois plus tard.
13 jours, 13 nuits son sixième long métrage, a été présenté à Cannes en sélection officielle, hors compétition.
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