THE GENTLEMEN

UN FILM DE GANGSTERS COMME ON LES AIME : MARRANT, EXPLOSIF, BRANCHÉ…
De
GUY RITCHIE
Avec
AVEC MATTHEW McCONAUGHEY, HUGH GRANT, CHARLIE HUNNMAN, COLIN FARREL
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Mickey Pearson (Matthew McConaughey) est un gangster pas exactement comme les autres : il est à la fois terrifiant et raffiné. Alors que dans sa vie conjugale et sociale, cet américain devenu londonien a acquis les manières d’un lord et les goûts d’un dandy, dans ses activités « professionnelles » (culture intensive de cannabis dans des fermes de la campagne anglaise et vente de la drogue tous azimuts), il se comporte toujours comme le roi des voyous. C’est un « patron », un vrai, poigne de fer et sans aucun  état d’âme, qui se fait seconder par un dénommé Raymond (Charlie Hunnam), un homme de main fidèle, dont les allures d’ange dissimulent en fait un comportement de « pitbull ».

Un jour, Mickey laisse entendre qu’il serait prêt à revendre son business pour 400 millions de dollars. Entre les acheteurs potentiels, une guerre sans merci se déclenche. Instantanément, Londres devient le théâtre de tous les chantages, de tous les complots et de toutes les trahisons.Tout ce que la capitale anglaise compte de voyous, de caïds et  de racailles en tous genres entre dans la danse. Un détective véreux qui travaille pour des tabloïds (Hugh Grant) va profiter du chaos pour jouer les maîtres chanteurs. Parallèlement, à cause des pétages de plomb de ses « protégés » (des « minots » qui ont essayé d’avoir une part du gâteau), un patron de salle de boxe (Colin Farell) va être entraîné malgré lui dans la tempête.

Points forts

Dès les premières images, on sait qu’on est embarqué dans un polar délirant, décalé et ludique. Il suffit d’accrocher sa ceinture et de se laisser aller au plaisir que procure, ce petit chef d’oeuvre d’embrouillamini servi par des acteurs au meilleur de leur inventivité. En roi de la pègre chatouilleux et retors Matthew McConaughey offre une fois de plus la démesure de son (immense) talent. En total contre-emploi avec ses habituels personnages de séducteur nostalgique, dans son rôle de paparazzi véreux, Hugh Grant s’amuse à casser son image. Il est habillé tellement ringard qu’on a du mal à le reconnaître. Quant à Colin Farrell, il est impayable en coach sportif obligé, malgré lui, d’aller récupérer ses « ouailles » qui ont voulu jouer les malins avec les rois de la pègre .

A la fois aux manettes de l’écriture et de la mise en scène, Guy Ritchie s’en est donné à coeur joie pour nous en mettre plein la vue. Son scénario rebondit à chaque minute (ou presque), ses dialogues ont la saveur des plats sucrés-salés et sa réalisation est d’une efficacité redoutable, le tout étant épicé par la dose d’humour pince-sans-rire nécessaire à ce genre de film.

Quelques réserves

Le réalisateur n’a pas pu s’empêcher de succomber à ses péchés mignons habituels : les effets de mise en scène un peu trop tape-à-l’oeil et une intrigue qui se perd parfois dans des tarabiscotages ou des raccourcis qui la rendent difficiles à suivre.

Encore un mot...

Douze ans après RocknRolla, Guy Ritchie revient à ses fondamentaux : le film de gangsters choral, déjanté, survitaminé et bourré d’humour. De temps en temps, son scénario va trop vite et nous largue? C’est pour mieux nous rattraper ! On est comme dans un « grand-huit » grisé par la vitesse et les coups de théâtre d’un scénario machiavélique. On est d’autant plus emballé que la distribution est sensationnelle. Oui, sans aucun conteste, le cinéaste de Arnaques, Crimes et botanique a retrouvé tout son panache. Pour les amateurs, c’est une excellente nouvelle! 

Une phrase

– « Ce film est comme un hommage aux débuts de Guy Ritchie, même si ses thèmes sont très actuels et même si, en vingt ans, ses personnages ont évolué » ( Ivan Atkinson, producteur et co-auteur du scénario).

– « Gentlemen est un mélange de dialogues bien sentis, de dynamisme, d’humour, de dextérité, d’énergie positive et de défis constamment relevés. Chacun de ses personnages possède une identité qu’on n’est pas prêt d’oublier. » (Matthew McConaughey).

L'auteur

Après quelques années passées dans le monde de la pub à fabriquer des clips, Guy Ritchie (né le 10 septembre 1968 à Hatfield) entre dans le monde du cinéma en réalisant un court métrage de 20 minutes, The Hard Care, au vu duquel une productrice décide de trouver le financement de son premier film. Arnaques, crimes et botanique sort en 1998 et est immédiatement remarqué par la critique. Humour noir, violence, cynisme, rythme effréné, dialogues d’une crudité rare sur les écrans. Le film est lauréat du Bafta Award. 

Le cinéaste enchaîne avec Snatch, qui est également un succès. Après une parenthèse dans la comédie sentimentale (A la Dérive avec sa compagne Madonna, qui sera un échec), il revient à son premier amour – les comédies de gangsters – avec, en 2005, Revolver, puis, en 2008, RocknRolla.
En 2009, la Warner fait appel à lui pour deux blockbusters – le diptyque Sherlock Holmes –, puis Agents très spéciaux code UNCLE et Le Roi Arthur : la légende d’Excalibur.

En 2019, il tourne pour Walt Disney Pictures, Aladdin (plus d’un milliard de dollars de recettes mondiales).
Après Gentlemen, qui marque son retour au genre qui a lancé sa carrière, ce fan de jiu-jitsu qui est aussi producteur va réaliser Cash Truck avec son acteur fétiche Jason Statham.

Et aussi

 

– « La cravate » – de Mathias Théry et Etienne Chaillou – Documentaire.

Qu’est-ce qui pousse un « adolescent » à militer dans un parti d’extrême-droite ? Après avoir filmé pour la télévision de jeunes politiques à l’Assemblée nationale, c’est la question que se sont posés les documentaristes Etienne Chaillou et Mathias Théry ( La sociologue et l’ourson). Quand ils rencontrent Bastien Régnier à Beauvais, ce dernier n’est encore qu’un jeune militant aux cheveux ras, complètement fasciné par Marine Le Pen. Devant sa détermination et l’honnêteté de son engagement, les cinéastes pressentent que l’ado ne va pas en rester là et qu’il va monter dans la hiérarchie du F.N., ne serait-ce que pour endosser ce costume de politicien « professionnel » qui le fait tant rêver… Bastien va accepter les caméras et les micros du duo pendant deux ans. Le tournage va donner ce documentaire qui alterne confessions intimes ( pourquoi cet engagement ? Par rapport à qui ?) et scènes prises sur le vif sur les marchés ou pendant les meetings. Une des grandes forces de La Cravate (Pour Bastien, l’accessoire de la respectabilité) est qu’il donne à comprendre comment « fonctionnent » les militants FN, ce qui les motive (quête de la respectabilité, besoin d’autorité, etc) et ce qui les déçoit (l’opportunisme de certains dirigeants). Fascinant, intelligent, édifiant, ni à charge ni non plus à décharge, voici un des documentaires les plus honnêtes jamais réalisés sur les militants de l’extrême droite.

Recommandation : excellent.

 

-« #JeSuisLà » – d’Eric Lartigau – Avec Alain Chabat, Doona Bae, Blanche Gardin…

Entre son restaurant dont il est le chef cuisinier, ses deux fils, devenus adultes, et son ex-femme avec laquelle il a désormais une relation apaisée, Stéphane mène une vie plutôt tranquille dans son Pays basque natal. Sa fantaisie, c’est sur Internet que ce grand quinqua  doux et sentimental l’exprime. Il échange au quotidien avec une jeune coréenne dont il ne sait pas grand chose, si ce n’est qu’elle est jolie, se prénomme Soo et qu’il en est tombé éperdument amoureux. Dans l’espoir de la rencontrer, il décide un jour, sur un coup de tête, de partir pour Séoul. Elle se sera pas à l’arrivée, mais lui va se perdre avec délice dans cette ville dont il ignore tout mais à qui il va trouver un charme infini…

Pour son retour sur le grand écran six ans après La Famille Bélier, l’inclassable Eric Lartigau est encore là où on ne l’attendait pas : dans une histoire au romantisme assumé et pourtant bien ancré dans ce XXIème siècle où les amoureux rêvent  d’aventures, ou croient les vivre, par le seul truchement de messages écrits en style télégraphique. #JeSuisLà est un récit  d’amour virtuel qui ne se réalisera pas, mais qui permettra à un homme  de vivre d’extraordinaires aventures sensorielles dans un milieu dont il ne savait rien.

C’est charmant, attendrissant, onirique, d’autant plus délicieux que le héros du film est incarné par un Alain Chabat désarmant de naïveté et de douceur. A condition de se laisser embarquer dans son histoire improbable et ténue, voilà un film qui peut apaiser, faire un bien fou. 

Recommandation : excellent

 

– « La dernière nuit de Simon » de Léo Karmann – Avec Benjamin Voisin, Martin Karmann, Camille Claris…

Orphelin de père et de mère, Simon, 8 ans, a comme meilleur ami Thomas, un garçon de son âge chez les parents duquel il est souvent reçu. Un jour Simon révèle à Thomas et à sa soeur Madeleine qu’il est doté d’un pouvoir magique : il peut prendre l’apparence des gens qu’il a touchés. Peu après, un accident va survenir et Simon va se servir de son pouvoir. Pourquoi ? Au profit de qui ? Chut !! Mais à partir de là, le film, plutôt réaliste, va basculer doucement dans le fantastique, avant de bifurquer vers le thriller…

Pour leur premier film, Léo Karmann et sa co-scénariste Sabrina B. Karine ont mis la barre très haut. Plutôt que de se faire les griffes avec une énième gentille petite comédie, ils ont décidé de se lancer dans une aventure à la Spielberg : démarrage d’une histoire touchante mais quasi normale, qui bifurque dans le surnaturel et se termine quasiment par une sorte de course poursuite. Le pari était casse-gueule. Ils le gagnent haut la main. Avec son scénario écrit au cordeau, ses dialogues millimétrés, sa réalisation à la fois simple et raffinée, et son casting impeccable (Benjamin Voisin, Martin Karmann et Camille Claris), La dernière nuit de Simon est la plus jolie surprise cinématographique de ce mois de février. D’ailleurs, partout où il a été projeté en avant première, il a fait un carton. Ajouter qu’en plus, il est tout public à partir de 10 ans.

Recommandation : excellent 
 

– « Adam » de Maryam Touzani – Avec Lubna Azabal, Nisrin Erradi…

Dans la Médina de Casablanca, Abba, mère d’une fillette de 8 ans qu’elle élève seule, tient un magasin de pâtisseries orientales. Un jour, une jeune femme prénommée Samia frappe à sa porte. Elle est enceinte, épuisée, cherche du travail et ne sait pas où dormir. Abba va l’accueillir à contre coeur. Après un début difficile, les deux femmes vont cohabiter et se serrer les coudes. Quelques mois plus tard, Abba va dissuader Samia d’abandonner l’enfant dont elle vient d’accoucher…

C’est une histoire vraie qui a soufflé à Maryam Touzani son premier film, tendre récit très féminin sur le difficile quotidien de deux mères célibataires, dans un pays très patriarcal. Mine de rien, à travers la douceur de ses dialogues et aussi la simplicité lumineuse et sensuelle de ses images, la jeune cinéaste signe un film très politique. Ce dernier est d’autant plus émouvant qu’il est porté par deux actrices formidables, Lubna Azabal (Incendies, Tel Aviv on Fire ) et Nisrin Erradi.

Recommandation : bon

 

– « Aquarela – L’Odyssée de l’eau » de Victor Kossakovsky – Documentaire.

Au centre d’une immense et immaculée étendue de glace (le lac Baïkal en hiver), un point noir, puis deux, puis plusieurs. Il s’agit d’une équipe d’hommes qui s’acharnent à treuiller une voiture immergée. On comprend que ses occupants ont roulé trop tard dans la saison sur le lac et que sa glace a cédé. Ces images impressionnantes de beauté et de mystère donnent le ton de ce qui va suivre…Sans un mot de commentaire, soutenu simplement par des sons d’eau et de glace, quelques paroles d’humains, de rares chants d’oiseaux et la musique, formidable, du compositeur finlandais Eicca Toppinen, Aquarela va proposer un voyage à travers la beauté et le pouvoir brut de l’eau. Un pouvoir impitoyable et incontrôlable par l’homme. 

Pour réaliser ce documentaire sans équivalent, où le pire (les catastrophes) côtoie le sublime (la beauté renversante des paysages), le russe Victor Kossakovsky est allé planter ses caméras aux quatre coins de la planète (de la Russie au Groenland en passant par le Vénézuela et les Etats-Unis) et il a filmé en 96 images secondes. Cela donne ce film spectaculaire, hypnotique, qui, sans aucune posture pédagogique, plaide pour la préservation de la planète. Dommage que dans ce beau voyage le spectateur manque parfois de repère.

Recommandation : bon

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