Seydou Keita

Un témoignage historique d'une grande beauté artistique
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Grand Palais
3 Avenue du Général Eisenhower
75008
Paris
01 44 13 17 17
Jusqu'au 11 juillet

Thème

Seydou Keita est né, vers 1921, à Bamako, alors capitale du Soudan français. Autodidacte, il ouvrira son studio de photographe portraitiste en 1948 sur la parcelle familiale. Seydou Keita devient vite célèbre grâce à ses talents de metteur en scène, à sa capacité à dompter la lumière et à sa sensibilité. Il cherche avant tout à renvoyer la plus belle image de ses clients. 

Cette exposition rétrospective présente des tirages argentiques modernes, en noir et blanc, de portraits  réalisés, souvent en une seule prise, entre 1948 et 1962.

Il fermera ensuite son atelier, ayant été recruté comme photographe officiel, de 1963 à 1977. Puis se consacrera à l’une de ses passions, la mécanique.                           

Il est mort à Paris en 2001.

Son regard sur sa démarche de photographe et la manière dont elle était perçue:

- « Les jeunes générations, ma principale clientèle, aimaient vraiment mes photos à cause de leur qualité, de leur netteté, de leur précision. Il y en avait qui disaient que ‘même le poil qui pousse là, on le voit’. » Keita

- « Le portrait en buste de biais, c’est moi qui l’ai inventé » Keita

Points forts

- Des portraits magnifiques, à la fois sensibles, très précis et surtout inondés de lumière.  Ils affirment l’identité personnelle de Keita mais aussi, celle d'une société aspirant à la modernité. L’artiste utilise des accessoires : automobile, Vespa, fume-cigarette, costumes européens, etc…dont ses clients s’emparent pour « se représenter ». Il a vraiment ouvert une nouvelle ère de la photographie africaine et offre un témoignage sur les changements de la société malienne à la fin de l’époque coloniale.

- Des œuvres remarquables, souvent réalisées à la lumière naturelle,  avec des personnes « qui sont  là en chair et en os» comme la photo de l’affiche, une jeune femme « très présente » s’appuyant sur une TSF (1956-1957). 

D'autres exemples: la femme à « l’odalisque » (1956-1957) qui pose selon la mode de l’orientalisme, les mains placés avec recherche, le regard visiblement mélancolique; cette photo énigmatique (1954),  de deux dames de la haute société bamakoise posant devant une Peugeot 203 (celle de Keita) et où l’on voit le reflet du photographe sur l’aile.

- La présence des tissus à motifs très décoratifs, comme celui qui tapisse l’entrée de l’exposition mais aussi ceux des boubous souvent somptueux des femmes, le bazin des costumes des hommes, les ‘rideaux’ en batiks utilisés en fond d’image. Le tissu est omniprésent et signifiant: il dit sur le statut social et civil du photographié.

- Trois vidéo (1995, 1998 et 2000) concluent la rétrospective, montrant l’artiste à la fois attentif, discret et reconnaissant.  Loin d’imaginer que trente après sa retraite, on viendrait de loin pour lui proposer de collectionner ses œuvres. «  Vous ne pouvez imaginer ce que j’ai ressenti la première fois quand j’ai vu des tirages de mes négatifs en grand format, impeccables, propres, parfaits. J’ai compris alors que mon travail était vraiment bon, très bon. Les personnes sur les photos paraissaient tellement vivantes. C’était presque comme si elles se tenaient debout devant moi en chair et en os. »  

Quelques réserves

- Les tirages d’époque, dans la dernière salle,  déjà vus mais en mieux dans la partie précédente de l’exposition, n’apporte pas grand-chose. Ces tirages ont été retrouvés en plus ou moins bon état. Keita ne conservait que les négatifs.

- Keita n’a fait que des portraits, la plupart des portraits de commande, individuel ou de groupe.  « Très demandé », il n’a pas eu le temps de faire  de « reportage en brousse », dommage.

- La majorité des photographies sont « sans titre » et peu de commentaires accompagnent  l’exposition. Là aussi, dommage.

Encore un mot...

La représentation d'une époque, à travers le regard d'un grand artiste. Du début de l’exposition jusqu’à sa fin, l’intérêt voué aux différents portraits reste le même et déclenche le même plaisir. 

Mais on aurait aimé qu'il s'intéressât aussi à d'autres choses qu'aux portraits...

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