Paul Poiret, la mode est une fête

L’audacieux créateur qui a libéré la femme du corset, inventé la mode moderne et transformé Paris en capitale du luxe
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Musée des Arts Décoratifs
107 Rue de Rivoli,
75001
Paris
01 44 55 59 75
Du 25 juin au 11 janvier 2026. Du mardi au dimanche de 11h à 18h Nocturne le jeudi jusqu’à 21h. À partir du 13 décembre 2025, nocturnes le samedi jusqu’à 21h et le dimanche jusqu’à 20h

Thème

L’exposition nous plonge dans le monde prolifique de ce créateur, de la Belle Époque aux Années folles, et explore ses créations que ce soit dans le domaine de la mode, des arts décoratifs, du parfum, de la fête et de la gastronomie. Les 550 œuvres (vêtements, accessoires, beaux arts et arts décoratifs) mettent en lumière le rayonnement durable de Paul Poiret (1879-1944) et révèlent l’ampleur de son génie créatif. C’est un voyage enchanteur à la rencontre d’un homme qui a inspiré les créateurs de mode contemporains, de Christian Dior en 1948 à Alphonse Maitrepierre en 2024.

Cent ans après son apogée, ce couturier de l’audace revient hanter les salons du Musée des Arts Décoratifs, où son génie flamboyant se déploie dans une exposition aussi théâtrale que ses robes. Bienvenue dans l’univers d’un visionnaire qui a osé tout révolutionner – jusqu’à sa propre légende. Le parcours constitue un voyage immersif dans l’ère Poiret (1900-1930) grâce à une scénographie spectaculaire. En effet, les salles reproduisent l’esprit des Soirées Poiret, ces fêtes extravagantes où art, mode et avant-garde se mêlaient : lumière tamisée, mannequins en mouvement, et même des parfums recréés (comme Rosine, sa maison de parfumerie) pour une expérience sensorielle.

En tant qu’inventeur du prêt-à-porter de luxe, Paul Poiret, est sans aucun doute le premier "designer" de la mode : avant Chanel, il a démocratisé les lignes fluides (Robes-tuniques) et les tissus exotiques, inspirés de l’Orient ou des Ballets russes.

Il a également pratiqué le marketing avant l’heure : catalogues illustrés, collaborations avec des artistes (comme Raoul Dufy pour les textiles), et même une école de décoration (Martine, du nom de sa fille). Bien avant Karl Lagerfeld, Paul Poiret avait le sens du spectacle et du contact direct avec le public. En 1906, il utilise le scandale comme méthode et ose présenter des robes sans corset, choquant la bourgeoisie. Ses silhouettes libérées (et ses jupes-culottes !) font de lui un féministe malgré lui.

De plus, l’exposition étudie son héritage controversé : pourquoi Poiret a-t-il été éclipsé par Chanel ? Cette rivalité est abordée avec des comparaisons stylistiques frappantes qui préfigurent les tailleurs de Coco Chanel. Enfin, le déclin de son empire après la Première Guerre mondiale, causé par trop d’excès et des dettes colossales, est raconté sans fard, avec des archives inédites (lettres, factures, procès).

Points forts

  • Plus de 200 pièces rares sont exposées, dont des robes iconiques comme La Persane (1911) ou La Lampe (1913), prêtées par le MET de New York ou le Palais Galliera. Certaines n’avaient jamais quitté les réserves 

  • Ses innovations – comme les parfums d’ambiance ou les défilés-théâtre – ont inspiré Saint Laurent, Gaultier, et même les défilés contemporains.

  • La reconstitution de La Mille et Deuxième Nuit constitue le clou de l’exposition : en 1911, Poiret organise une fête légendaire dans son hôtel particulier, où 300 invités déguisés en sultans et odalisques dînent sous des tentes persanes. Le musée recrée cette folie en réalité augmentée : les visiteurs peuvent entrer dans la soirée via des écrans tactiles, avec des extraits de musique de l’époque et des animations 3D des robes.

Quelques réserves

Il n’est pas nécessaire d’être passionné par la mode pour apprécier l’exposition. Paul Poiret n’était pas qu’un couturier : c’était un artiste total, un provocateur, et le dernier grand dandy de Paris. Cette exposition est une célébration de la mode comme art de vivre – et un rappel que la révolution, parfois, se porte en soie et en brocart.

Encore un mot...

A l’issue de la visite ne manquez pas de découvrir la boutique. Le catalogue de l’exposition (45€) – Éditions Gallimard 2025 est en vente à la librairie. Il retrace le parcours fascinant de Paul Poiret et son impact durable.

Une illustration

George Barbier — Couverture du magazine Les Modes, Avril 1912 Paris, Manzi, Joyant et Cie, 1912 Héliogravure © Les Arts Décoratifs

L'auteur

Né à Paris en 1879, Paul Poiret commence sa carrière comme apprenti dans plusieurs maisons de couture. Il se forme aux côtés de Jacques Doucet dès 1898, puis rejoint en 1901 la maison Worth, alors dirigée par les deux fils du fondateur de la haute couture. Dans ces maisons, Poiret observe et assimile les rudiments du métier de couturier : le contact avec les clientes et le travail en équipe. Ces expériences lui confèrent l’impulsion nécessaire pour établir sa propre maison de couture en 1903.

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