L’aéroport mis en scènes

Comment prendre le large en restant à terre ? Un lieu pour de multiples scènes de films… magique !
De
Léo Soesanto
Ed. espaces & signes - collection Ciné-Voyage - 70 p. 14 €
Notre recommandation
4/5

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Thème

La série Ciné-Voyage, créée et animée par Edouard Dor, a fait naître une collection dont L’aéroport est le dix-neuvième livre. Cette fois ce ne sont plus des capitales des quatre coins du monde, des espaces ou des pays eux-mêmes qui en sont la vedette mais l’aéroport : ce lieu magique de toutes les attentes, des retours comme des départs, un théâtre où le pire comme le meilleur peuvent arriver. L’auteur, Léo Soesanto y voit un spectacle, un monde en miniature, un vivier de personnages. Dès les premières pages du livre, le lecteur le suit, prêt à tout redécouvrir. Tapis roulants, rampes mobiles, décalage horaire, panneaux d’affichages des vols, dans le gigantisme architectural de l’aéroport, le cinéma traque l’état d’esprit des passagers en attente de l’inconnu. Qui viendra ou non les chercher ? Pourquoi ce retard annoncé d’abord de trente minutes, puis d’une heure ? Où est le piège ?

Points forts

L’aéroport est un outil au même titre que l’IPhone ou l’électricité. Le lissage des recoins de l’embarquement ou du débarquement, le tarmac et ses règles, l’arrivée des valises, les entrailles de l’aéroport vu sur tous ses angles sont autant de passages que nous franchissons par habitude. Ce qui nous fait trembler c’est l’inquiétude, l’alerte soudaine de retards inexplicables, la panique d’un attentat colorant les lieux devenus, derrière la caméra comme dans notre imaginaire, des moments où toutes les gammes de l’émotion sont saisies sur le vif. Pour une raison que l’on ne s’explique pas, le romanesque peut à tout moment devenir partie intégrante de l’aéroport. Quand, de temps à autre, l’auteur y glisse son sens de l’humour, comment ne pas mesurer la masse de connaissances accumulées pour savoir diriger sa plume à un rythme aussi soutenu ?

Quelques réserves

Aucun. L’index des films, celui des aéroports cités, l’index des réalisateurs et la table des illustrations, rien ne manque au lecteur.

Encore un mot...

Après la réclusion sanitaire imposée au monde entier depuis un an, l’aéroport vu par Léo Soesanto nous ouvre ses portes. Voilà douze mois que nous l’attendons et les avions en sont le symbole. Ce n’est pas la fuite qu’ils suggèrent mais l’évasion, l’ailleurs indispensable. « C’est comme si l’aéroport était déjà là, fantomatique, - écrit Soesanto -, se superposant à l’image avec ses foules de gens en attente …nous regardons, perplexes, l’aéroport et ce qu’il y a au-delà de ses portes comme un autre monde. »

La réussite narrative de l’auteur est d’avoir su brosser des scènes de films traversant la vie de l’aéroport. Fassbinder, Woody Allen, Lelouch, Tarantino, Klapisch, Alan Parker, Almodovar, Godard, Ben Affleck, Hazanavicius, Spielberg, Clint Eastwood et bien d’autres y ont imprimé leurs marques. Pris au jeu, le lecteur, plonge à leur suite en faisant jouer sa mémoire. Quand il n’en a pas, Leo Soesanto l’attire dans le dédale des chefs d’œuvre du cinéma. Une vraie prouesse.

Une phrase

« Une fois à l’aéroport, où est-on vraiment ?...Passagers, personnel navigant et pilotes franchissent (les portes d’arrivée) au ralenti, tandis que retentit le Miserere d’Allegri. Certains sont accueillis par des proches, d’autres semblent se dissoudre, fantomatiques. Puisque l’avion est synonyme d’ascension, l’aéroport pourrait être une porte pour le paradis et les voyageurs des élus pour l’au-delà. »

L'auteur

Leo Soesanto collabore à Libération, aux Inrockuptibles et à Vogue Hommes. Il est aussi chroniqueur à l’émission Le Cercle sur Canal Plus. L’aéroport est le premier livre de ce jeune journaliste talentueux.

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