Terres rares : Enjeu géopolitique du XXIe siècle : Chine - Etats–Unis - Europe - Japon - Groënland

Pourquoi le Groënland avive les appétits de la Chine et des USA : Excellentes explications.
De
Damien Degeorges
L’Harmattan - collection «Un autre regard » dirigée par Georges Nurdin, paru le 25 février 2021 -
75 pages - 10,50 €
Notre recommandation
4/5

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Thème

Les Terres Rares, légères ou lourdes, constituent un groupe de métaux comprenant 17 éléments dont 15 lanthanides allant du lanthane  à l’yttrium. Elles restent modérément abondantes, quasi monopolisées par la  Chine, et incontournables dans de nombreuses productions sensibles (numérique, puces  informatiques, etc.)  Elles sont  associées à des éléments radioactifs comme l’uranium et  le thorium ce qui rend leur exploitation sensible. Aussi, pour leur  extraction et leur affinage,ces terres rares entraînent l’apparition d’un dilemme environnemental majeur :  il a  en effet été établi que le Groënland est l’un des pays  disposant des plus importantes réserves au monde de ces “trésors” contemporains.

Le  Groënland, immense mais très peu peuplée région autonome danoise au cœur de la «région monde» ultra-stratégique de l’Arctique, suscite, pour ses  réserves de Terres  rares, des appétits croissants et une vive compétition entre les  grandes puissances mondiales, jusqu’à  justifier «l’annonce choc»  de  Donald Trump  de l‘éventualité de son  acquisition par les USA.

 Aussi  l’enjeu géopolitique que sous tend le potentiel en terres rares du Groënland  aura fortement impacté ses choix politiques jusqu’à lui  faire rêver de  devenir, comme son  voisin Islandais, un Etat autonome. Mais  cette utopie  se heurte à une réalité première :  son incapacité  à pouvoir  disposer durablement des  attributs d’une pleine  souveraineté ( monnaie, défense, budget).

 Avec un  territoire quatre fois plus grand que celui de la  France, quasi intégralement recouvert  d’une calotte glaciaire  et  guère plus de 55.000 habitants concentrés majoritairement dans leur capitale Nuuk, le potentiel de  développement autonome reste très mince  même si des ressources pétrolières difficiles à  exploiter peuvent venir s’ajouter aux  réserves des terres rares.

Reste que ce pays  de « l’or  vert » n’est pas à  vendre bien qu’il soit menacé par les ambitions chinoises qui souhaitent renforcer encore plus leur leadership sur les terres et  ressources  rares,  et par  les enjeux  majeurs des intérêts vitaux de défense pour les  Etats-Unis. Tout l’enjeu de ses  tensions géopolitiques autour de ce «petit département danois», prétendument autonome, tient à ce que les terres rares sont incontournables à la fois à l’ère numérique mais également et surtout dans un  siècle où l’économie faiblement émettrice en gaz à effet de serre s’affirme comme préalable à toute  croissance ; ce qui appelle, de facto, une concurrence dans leurs recherches et leurs approvisionnements, de plus  en plus forte.

Tout l’enjeu donc pour les pays arctiques est de rester vigilants face au défi chinois dans une région qui reste l’arrière-cour des Etats Unis et… de la  Russie.     

 C’est dire combien  cette  « région monde »  représente des  risques  d’ extrêmes  tensions géopolitiques pour l’avenir. Comme l’avait noté  Deng  Xiaoping :  « Le Moyen Orient a le pétrole, la Chine a les terres rares».

Points forts

 Dans ce petit opuscule, l’auteur  démontre  que l’ultra dépendance  -notamment  sur les  terres  rares- à la Chine n’est pas  saine du fait de la nature du  régime chinois et de ce qui en découle. Il souligne la nécessité et les moyens pour «entamer une cure de désintoxication à cette dépendance au plus tôt». 

Enfin et surtout il fait  découvrir la bataille  en cours, souvent  sous-marine, de plus en plus diplomatique,  entre les  grandes puissances, mais pas  seulement (la  France tente  aussi  de  tirer  quelques marrons  du  feu...) pour  faire bouger les lignes autour et sur le Groënland.

Quelques réserves

Les conditions nécessaires à l’ancrage des pays arctiques à l’Europe auraient mérité de plus amples développements  et appellent une suite à cet  essai.

Encore un mot...

Un brillant plaidoyer d’un chercheur passionné par l’Arctique pour  éveiller notre  attention sur le défi  sécuritaire posé par l’ intérêt de la Chine pour le Groënland.

Une phrase

« Cette croissance consommatrice de  terres rares ne  sera « durable » in fine que lorsque des développements significatifs auront lieu en matière de  substitution et de recyclage des terres  rares. »

L'auteur

Damien  Degeorges,  consultant international, diplômé  en études nordiques de l’Université de Paris-Sorbonne, est passionné par  ses expéditions sur la  calotte  glaciaire. Il s’agit ici d’une nouvelle édition de son premier ouvrage paru chez le même éditeur en 2012. Il est préfacé par Per Stig Moller, ancien ministre danois des affaires étrangères (2001-2010) et postfacé par Palle Christiansen, ministre groënlandais de l’Education, de la Recherche et de la Coopération nordique, 2012. 

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