Le Lion

Un grand classique magnifiquement lu par Hippolyte Girardot

Joseph Kessel

Version audio réalisée par les éditions Écoutez lire parue en 2014.
Texte lu par Hippolyte Girardot.
Durée 6 h 50
17,99 Euros en téléchargement.
(Edition brochée, première parution en 1958 chez Gallimard 319 pages)

Notre recommandation

4/5

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Thème

Le Lion décrit la rencontre rare, presque miraculeuse, entre Patricia, enfant libre et farouche, et King, le lion qu’elle a recueilli et élevé. À travers ce lien fragile, le roman fait affleurer la ligne de fracture entre l’innocence lumineuse de l’enfance et les lois implacables de la nature.

Points forts

Un puissant dépaysement : Kessel entraîne le lecteur au cœur du Kenya, à l’ombre majestueuse du Kilimandjaro. La savane s’ouvre sous sa plume avec une précision sensible : course des animaux, souffle de la chaleur, silences chargés de vie, autant de détails portés par un regard attentif et respectueux, nourri par l’expérience du voyageur. Ici, la brousse ne se contente pas d’entourer l’action : elle l’impose et la guide.
Une relation forte et originale : Le lien qui unit Patricia à King est le cœur battant du livre. À la fois tendre et indomptable, cet attachement échappe aux catégories ordinaires de l’amitié, fondé sur une confiance absolue faite de gestes simples et de silences partagés.
Un récit initiatique : Le Lion explicite le passage douloureux de l’enfance vers l’âge adulte. Patricia grandit au contact de la nature libre, dans un paradis qu’elle croit immuable. Mais l’irruption des lois, de la mort et de la raison vient briser cet équilibre fragile, révélant à l’enfant que l’amour ne suffit pas toujours à protéger ce que l’on chérit.
Le contexte historique : L’ouvrage s’inscrit dans une époque où l’esprit colonial affirme encore sa prétendue supériorité, imposant ses certitudes et ses hiérarchies. Kessel ne s’en fait pas le simple témoin. Par la voix du narrateur, il prend position, rappelant avec fermeté que les hommes se valent, quelle que soit leur origine ou leur couleur de peau.
Le style : L’écriture de Joseph Kessel se distingue par sa clarté et son efficacité. Sans recherche d’effet inutile, la phrase est ample, précise, toujours habitée. Cette maîtrise donne à l’histoire une force tranquille : tout est très bien écrit, avec une justesse qui rend le monde, les êtres et les silences profondément crédibles.

Quelques réserves

Incipit bien trop long : le roman s’attarde longuement à installer son atmosphère, et l’on se laisse gagner par la magie de l’écriture de Kessel, qui ressuscite avec talent le climat colonial des années cinquante. Pourtant, cette lenteur finit par déséquilibrer le récit, dont l’intrigue véritable ne se déploie pleinement que dans les dernières pages du livre.

Encore un mot...

L’éditeur recommande Le Lion aux enfants dès huit ans, une indication qui paraît pour le moins optimiste. Le recours fréquent au passé simple, l’emploi d’un vocabulaire exigeant - le Kilimandjaro est dit « tabulaire », par exemple - et la rareté des péripéties sur une longue partie du récit risquent de mettre à l’épreuve la patience d’un jeune auditeur. Là où l’enfant peut se lasser, le lecteur plus âgé, lui, goûtera la lenteur, la richesse de la langue et la profondeur du texte.

Une phrase

“ Il devait protéger les animaux en toutes circonstances, excepté celle où un animal menaçait la vie d’un homme. Alors, il n’y avait plus de choix. Il l’avait dit lui-même : à la bête la plus noble, son devoir était de préférer l’homme le plus vil.”

L'auteur

Joseph Kessel (1898-1979), grand reporter autant que romancier, a parcouru le monde, attentif aux hommes, aux paysages et aux destins qu’il croisait. Auteur d’ouvrages marquants, dont Les Cavaliers, Kessel a su imposer une œuvre accessible et exigeante, couronnée par son élection à l’Académie française, reconnaissance d’un écrivain populaire au sens le plus noble du terme.

Le lecteur :
Né en 1955, Hippolyte Girardot est un acteur français récompensé à trois reprises : en 1985, il obtient le César du meilleur espoir masculin dans Le bon plaisir, en 1990 César du meilleur acteur pour Un monde sans pitié et en 1992 César du meilleur acteur pour Hors la vie. Sa voix chaude et enveloppante épouse avec justesse l’univers du roman.

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