La symphonie du hasard. Livre 1

C'est bon, mais Douglas Kennedy peut mieux faire
De
Douglas Kennedy
Editions Belfond - 384 pages
Notre recommandation
3/5

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Lu
par Culture-Tops

Thème

Bienvenue chez les Burns… Alice vit à New York, y est éditrice. Elle va visiter son frère cadet Adam en prison. Hier, il bossait à Wall Street, il y était un de ces jeunes loups à qui rien ne résistait, ne s’opposait ; aujourd’hui, il passe ses jours et ses nuits entre les quatre murs d’une cellule de prison. 

Alice visite son frère une fois par semaine, et ce jour, il va révéler un secret. Un de ces secrets qui, inévitablement (?), font exploser les relations (sincères ou feintes) qui cimentent une famille. « Aux États-Unis, explique Douglas Kennedy, on est obsédé par l’image de la perfection, du bonheur, de l’opulence, etc. Mais cette vie idéale est un grand mensonge, ce vernis impeccable masque de grandes pathologies. Je pense que la famille est le grand défi de notre époque, son reflet aussi. C’est pourquoi, à travers un récit familial truffé de secrets, de trahisons, on aborde la question plus large de la société ».

         Cette « Symphonie du hasard. Livre 1 » ne conte pas seulement une destinée familiale: en verve, Kennedy plonge la famille Burns dans l’histoire de l’Amérique des sixties et des seventies. Cette époque où le féminisme était balbutiant, où l’homosexualité était tenue pour une maladie mentale, où le racisme était encore l’ordinaire au quotidien, où un président américain faisait poser des micros dans les bureaux du parti adversaire… 

Portés de New York à Dublin en passant par l’Amérique latine, les Burns, comme l’Amérique, c’était un clan. On y est volontaire et ambitieux, on veut la réussite, on est tout habité par les démons, on pense tant et tant au rachat. « La vie parfaite est un mensonge », aime répéter Douglas Kennedy.

Points forts

- En se lançant dans le Livre 1 de cette « Symphonie du hasard » (une saga qui va courir sur, au final, environ 1 300 pages en trois volumes, le deuxième à paraître en mars 2018 et le troisième en mai 2018), on a la confirmation que Douglas Kennedy, un des auteurs les plus populaires en France mais encore méconnu dans son pays natal, est monté d’un cran dans l’ambition littéraire.

- Des mots qui cinglent, qui bousculent, qui interpellent. Exemple : « Toutes les familles sont des sociétés secrètes. Des royaumes d’intrigues et de guerres intestines, gouvernés par leurs propres lois, leurs propres normes, leurs limites et leurs frontières, à l’extérieur desquelles toutes ces règles paraissent souvent insensées ».

- L’histoire est contée par une femme. Sous la plume de Kennedy, c’est la huitième fois, sur treize romans. Mais plus précisément, c’est une première pour l’auteur puisque la narratrice est une adolescente, Alice Burns (née la même année que lui, ce qui lui fait dire à la manière d’un Flaubert : « Alice, c’est moi ! »).

Quelques réserves

- Des longueurs, beaucoup trop de longueurs.  Et une tendance à accumuler les détails, dont bon nombre ne se révèlent pas indispensables.

- Le métier de l’auteur ne parvient pas à masquer, à faire passer quelques facilités de style et d’écriture.

Encore un mot...

         En ouverture de « La symphonie du hasard. Livre 1 », il y a une belle première phrase toute emplie de promesses : « Toutes les familles sont des sociétés secrètes ». Il y a aussi l’intention de Douglas Kennedy, auteur à succès : écrire, en trois tomes, la saga d’une famille américaine qui traverse les années 1960- 1970. Mais, en achevant la lecture de ce premier livre, immanquablement on se dit que, à l’image d’un champion conscient de son talent, le romancier américain a joué « petit bras » et assuré le minimum syndical. 

Ceci étant, comme Kennedy n’est pas manchot, ça donne quand même un bon livre…

Une phrase

- « (…) ce que j'adore dans cette famille. C'est cachotterie sur cachotterie. On est infoutus d'être honnêtes les uns envers les autres »  

- « A y regarder de plus près, le base-ball est comme un symbole de tirer toujours plus haut, toujours plus loin, sans pour autant exclure la possibilité de l'échec. Le vocabulaire américain de la réussite est constellé de références au base-ball. Notre nation est obsédée par la célébrité, la fortune, la victoire ».

L'auteur

Douglas Kennedy est né le 1er janvier 1955 à New York. Après des études à la Collegiate School (le plus vieux lycée de New York) puis dans le Maine, il étudie au Trinity College de Dublin (Irlande) pendant un an. Retour à New York, il se retrouve à 20 ans régisseur dans des théâtres new yorkais. En 1977, il décide de retourner à Dublin pour voir des amis. Il y restera cinq ans, y fondera une compagnie théâtrale, deviendra administrateur du National Theatre of Ireland, commencera à écrire (en 1980, il vend sa première pièce à la BBC), décidera de se consacrer à l‘écriture et tiendra une rubrique dans le quotidien « The Irish Times ». 

En 1988, il s’installe à Londres et publie son premier livre, un récit de voyages (« Au-delà des pyramides »). Son premier roman, « Cul de sac », parait en 1994. Suivront « L’Homme qui voulait vivre sa vie », « Les Désarrois de Ned Allen » puis « La Poursuite du bonheur », « Une relation dangereuse », « Au pays de Dieu » ou encore « Toutes ces grandes questions sans réponse », un texte paru en 2016 dans lequel il quittait le domaine romanesque pour l’intime. Récemment, Douglas Kennedy est revenu au roman avec, donc, ce quatorzième livre et premier tome de sa trilogie, « La symphonie du hasard ».

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