Le deuil du pouvoir

Un peu superficiel, mais on comprend mieux certaines évolutions
De
Alexis Brézet
Editions Perrin - Le Figaro - 319 pages
Notre recommandation
3/5

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Thème

Sous la Direction d’Alexis Brézet, chroniqueur de talent, historiens et journalistes se penchent sur sept présidents de la Vème République, avec des sous-titres quelque peu racoleurs :

Charles de Gaulle L’irrésistible force des choses par Arnaud Teyssier

Georges Pompidou : Une agonie à l’Elysées par Marie-Amélie Lombard-Latune

Valéry Giscard d’Estaing : Les adieux manqués par Guillaume Tabard

François Mitterrand : L’interminable cérémonie des adieux par Solenn de Royer

Jacques Chirac : Sur la pointe des pieds par Philippe Goulliaud

Nicolas Sakozy : Le président qui ne voulait pas redevenir candidat par Charles Jaigu

François Hollande : L’Abdication traitée en post-face par Solenn de Royer

Comme le livre n’était peut-être pas assez gros on ajoute, en remontant le temps :

René Coty : De l’abnégation au désœuvrement par Georges Ayache

Albert Le Brun : L’homme qui suicida la IIIème République par Jean-Christophe Buisson

Patrice de Mac-Mahon : Une démission pour l’honneur (en 1879 !) par Maxime Tandonnet

Ces trois chapitres, qui ouvrent le livre, sont traités par des historiens qui ont synthétisé leur pensée, en ayant déjà consacré des ouvrages à ces présidents.

Sachant que la roche Tarpéienne voisine le Capitole, c’était un bon moment que ces temps d’élections présidentielles pour éditer un livre sur les cent derniers jours des Présidents à l’Elysée et démontrer que les histoires de pouvoir finissent toujours mal.

Si certains d’entre vous se souviennent de la collection Sélection du Reader’s Digest, il y a un peu de cela. Chaque partie est traitée entre 27 et 35 pages, suffisamment  pour donner, ou non, l’envie d’en savoir plus.

Points forts

1- La préface d’Alexis Brézet, dont les quelques pages, à elles seules, constituent l’essence de la matière du livre, mettant bien en perspective le propos dont il est question.

2- La vision de Charles de Gaulle avec un personnage tellement hors normes, qu’on ne peut parvenir à l’abîmer, même si le constat d’une forme d’incompréhension de Mai 1968, montre que sa fin était en route, en dépit des vastes projets qu’il ne put faire aboutir.

3 – Le rappel des grandes crises traversées par l’Etat depuis 1970 est bien indiqué tout au long des chapitres concernés.

4 – Une meilleure connaissance de la douleur comme de la maladie, tant pour Georges Pompidou que pour François Mitterrand, lequel s’est maintenu au pouvoir au prix de souffrances insensées ; n’était-il pas une sorte de héros balzacien mâtiné de Machiavel ? Il faut reconnaître que le portrait  de Mitterrand, tel qu'il est tracé, comporte, lui, un réel intérêt.

D’une certaine manière, on éprouve de la compassion pour ces deux hommes qui nous ont gouvernés.

5 – Quelques détails, plus journalistiques qu’historiques, sont intéressants mais nous donnent un peu l’impression d’être transformés en « voyeurs ».

6 – Les traitements assez fins et sensibles des épisodes consacrés à Giscard, Chirac et Sarkozy. On sent que cela fait partie de la vie des journalistes qui ont bien connu la période et conservent peut-être des souvenirs, voire des émotions personnelles.

7 - La post face ne manque pas d’intérêt quand elle trace des perspectives, mais en réalité elle anticipe surtout le départ annoncé de François Hollande et aurait pu, à ce titre, figurer dans le corpus du livre.

Quelques réserves

1 - Pourquoi traiter le départ de Mac Mahon qui eut lieu en 1879 ?

2 - Pourquoi attribuer à ce pauvre seul Albert Le Brun « le suicide de la IIIème République » ?

3 - Pourquoi traiter avec tant de commisération René Coty qui eut, au cœur de cette IVème République, où l’on changeait de gouvernement comme de chemise, la force d’organiser le retour du Général de Gaulle au pouvoir, ce dernier allant ouvrir de nouvelles perspectives à la France?

Encore un mot...

Hormis les aspects qui traitent directement de l’Histoire et qui, à ce titre, sont un peu hors sujet, ce développement un peu superficiel des sept derniers adieux de nos monarques républicains, ouvre un regard presque nostalgique sur les 50 dernières années de notre République, mais, et c’est là l’essentiel, il rappelle aussi les crises fondamentales traversées par le pays et dont nous souffrons aujourd’hui.

Une phrase

François Mitterrand page 205

…Seule la sortie du Général trouve grâce à ses yeux : « Ah, de Gaulle en 1969 : quel magnifique départ… Cet orgueil blessé, cette bouderie somptueuse, ce manteau qui flotte dans la lande irlandaise…[…] Il a été chassé et pourtant, quel départ magnifique ! »

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