Merci pour ce Moment

De
Valérie Trierweiler
Editions Les Arènes - 320 pages
Notre recommandation
3/5

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20 €
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Thème

Difficile de passer à côté de ce paradoxe qui ressemble à un phénomène de société… Dans un livre dont le succès fulgurant n’a d’égal que les critiques incendiaires qu’il a suscitées, Valérie Trierweiler revient sur son séjour de dix-neuf mois à l’Elysée, sa relation avec François Hollande depuis un premier baiser intense et clandestin, ainsi que sur son passé de journaliste politique. Elle y livre les coulisses de l’affaire de la rue du Cirque et la rupture officielle et cinglante qui en a découlé, malgré les tentatives officieuses et quotidiennes du Président pour la récupérer. 

Le texte est avant tout marqué par le désir assumé de l’auteure de faire entendre sa voix quant aux rumeurs acerbes dont elle a été l’objet (on lui prête une ascendance richissime, une tyrannie amoureuse et des caprices de diva); mais aussi de croquer d’un point de vue personnel des portraits de personnages publics, principalement celui, souvent féroce (mais pas seulement) de François Hollande, sans pour autant s’épargner elle-même.

Points forts

• Le sujet, bien sûr, traité sous un angle parfaitement inédit… Comment ne pas s’intéresser à l’envers du décor de la « Scooter Gate » dont chacun a suivi les détails, parfois malgré lui, à travers chaque organe de presse ? Alors que le Président dont il est question est encore en exercice, rien, sans doute, ne pouvait être plus alléchant qu’un livre tenu secret révélant quelques péripéties de son mandat, de ses fantaisies chorégraphiques à ses plaisanteries grinçantes, de ses ministres hypocrites à la confusion hilarante de l’un de ses policiers porteurs de croissants. Défiant par sa vraisemblance et ses détails toutes les séries télévisées dédiées au monde politique, Valérie Trierweiler décrit les faux-semblants des proches du Président, dont ceux d’Aquilino Morelle et de Manuel Valls, les réactions parfois élégantes de personnalités de droite comme Cécilia Attias ou Carla Bruni-Sarkozy, les dessous de l’affaire du Tweet, ses rapports avec Ségolène Royal, et, bien sûr, les mensonges de François Hollande avant et après la découverte de ses infidélités.

• Le tour de force du texte est peut-être, curieusement, l’empathie que peuvent ressentir certains lecteurs pour cette auteure qu’il est pourtant de si bon goût de mépriser… Une femme trahie par un homme à qui elle a fait confiance ne pourrait-elle pas refléter plus que jamais le sentiment actuel de ceux qui ont voté pour lui, à en croire du moins les sondages d’opinion ?

Quelques réserves

• Les reproches violents qui ont été faits à ce livre se situent pratiquement tous sur le terrain de la morale. Dans ce cas, on est en droit de se poser la question suivante: devant l’indifférence qui a suivi son éviction, si Valérie Trierweiler ne s’était pas défendue elle-même, qui, franchement, l’aurait fait à sa place ? Il semblerait que ceux qui lui reprochent de s’attaquer à un homme fragilisé par les déboires politiques n’aient pas été enclins à lui témoigner la moindre sympathie lorsqu’elle était répudiée par communiqué de presse. Mais, après tout, faut-il absolument entrer dans ce débat ? C’est oublier un peu vite que des centaines de milliers de lecteurs ne s’en soucient guère et qu’ils cherchent surtout à se divertir, à s’émouvoir et à satisfaire leur curiosité, ce que « Merci pour ce moment » leur permet amplement.

Encore un mot...

Je ne saurais dire si le succès de ce livre décrié est le symptôme d’un irrespect croissant, peut-être bien justifié, pour la fonction présidentielle, d’une "poepolisation" irréversible de la vie politique ou d’une émancipation féminine mal acceptée. Mais j’avoue avoir lu « Merci pour ce moment » sans jamais m’ennuyer, et m’être dit, surtout, que Valérie Trierweiler, qu’on aime tant détester en public, devient, dans la solitude tranquille de la lecture, une héroïne sulfureuse mais humaine dont le venin pas si toxique est, ma foi, diablement rafraichissant. C'est notre sorcière bien-aimée, en quelque sorte...

L'auteur

A en croire la tornade médiatique de ces dernières semaines, a-t-on déjà vu une femme être plus officiellement honnie que Valérie Trierweiler ? « Merci pour ce moment » a  l’avantage d’en présenter un visage qui ne méritait sans doute pas d’être ravagé par les flammes des bûchers systématiquement dressés pour elle dans les colonnes des journaux. Présentée le plus souvent comme une pimbêche hautaine, arriviste et sans scrupules, elle se révèle ici être une femme complexe, parfois complexée, issue d’un milieu pauvre mais ambitieuse, impulsive mais intelligente, sensible mais forte. Journaliste politique reconnue, elle a été la compagne officielle de François Hollande de 2007 à 2013, mais sa relation avec lui a débuté en secret, quelque temps plus tôt, lors d’un déplacement à Limoges, à l’heure où personne n’aurait parié sur l’avenir politique du futur Président.

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