Deux bombes sous le Rainbow Warrior, les derniers secrets de l’affaire qui aurait pu couler Mitterrand

Une plongée dans les eaux troubles du pouvoir. Une enquête d’un intérêt exceptionnel

Hervé Gattegno

Flammarion
Publication le 11 juin 2025
347 pages
22€

Notre recommandation

4/5

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Thème

A partir de nombreux documents dont la véracité est inattaquable, d’échanges avec des personnes ayant participé à des titres divers à l’environnement des cabinets politiques ou à des services de la DGSE, dans la mesure de leur obligation de réserve, l’auteur relate l’attentat des services secrets français contre le Rainbow Warrior, navire de Greenpeace dans le port d’Auckland en Nouvelle Zélande survenu le 10 juillet 1985, et la mécanique du mensonge institutionnalisé.

Points forts

Le rappel des différents responsables politiques liés en premier rang à cette affaire : le président Mitterrand, le Ministre de la Défense Charles Hernu, Le ministre de l’intérieur Pierre Joxe, le premier ministre Laurent Fabius. Tous sont concernés à des titres divers soit qu’ils aient demandé l’opération, assumé la responsabilité de l’acte politique, ou cherché la vérité n’ayant pas été informés de l’ordre de sabotage, voire trompés.
En face des responsables politiques : les exécutants. En premier lieu l’amiral Lacoste directeur de la DGSE, nommé par François Mitterrand, les services divers opérationnels, les agents de terrain, dont les « époux Turenge ».
L’organisation mise en place sur le terrain par la DGSE pour une mission de ce type : contacts préliminaires avec la cible, renseignements sur les lieux, choix des agents pour la mission, assistance pour les aider post opération et les exfiltrer ensuite.
L’ historique du mouvement Greenpeace fondé en 1971 au Canada et fort, en 1985, de 3 autres bateaux dont les actions visent à entraver voire empêcher les essais nucléaires dans le Pacifique, ce que dénoncent les officiers supérieurs de la flotte française chargée de sécuriser ce secteur.
La situation des Turenge après leur arrestation : leur interrogatoire, leur situation par rapport à leur service qui les lâche malgré le souhait de l’amiral Lacoste, mais tout est maintenant orchestré par le mensonge et devient une affaire d’Etat. Leur emprisonnement.
Le livre répond à la question comment se sortir d’une aussi mauvaise affaire : la démission du ministre de la défense qui par fidélité pour le président a dû mentir, le limogeage du directeur de la DGSE qui ne peut dire qui lui a donné l’ordre. Classique!

Quelques réserves

Je ne peux en formuler compte tenu de la qualité et du sérieux des informations analysées.

Encore un mot...

L’intérêt exceptionnel de ce livre est de permettre de mesurer combien le mensonge d’Etat peut cahoter de personnes en responsabilité qui ne le dénoncent pas, à des personnes devant en assumer les conséquences dans leur carrière ou dans leur vie privée.

Le mensonge d’Etat est un luxe que peuvent seuls s’autoriser ceux qui ont l’occasion de le pratiquer et qui en ont le goût.

Une phrase

(L’amiral Lacoste contacté par Herve Gattegno lui répond :) « si vous avez lu mon rapport vous savez la vérité. » p.15
« Suite à la divulgation d’extraits du rapport Lacoste dans le Monde, la cause était entendue. Au pire le Président s’était laissé surprendre. S’ il avait autorisé l’opération c’était forcément par mégarde ou parce qu’on l’avait abusé, en tous cas, sans savoir en quoi elle devait consister. Jadis l’adage monarchique prétendait : Le roi ne peut mal faire. A la fin du siècle dernier, sous le règne de l’absolutisme présidentiel, il s’appliquait encore quelquefois. » p.16

L'auteur

Hervé Gattegno a été journaliste d’investigation et a dirigé les rédactions du Journal du Dimanche et de Paris Match. Il est actuellement directeur de l’information de Radio Classique. Son livre Un Cadavre sur la route de l’Elysée. Les derniers secrets de l’ affaire Markovic (Flammarion, 2023) a reçu le prix spécial du jury du Livre politique en 2024.

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