Midi

Petites lâchetés qui plombent une vie.
De
Cloé Korman
Editions du Seuil- 216 pages
Notre recommandation
3/5

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Thème

En découvrant le nom d’un nouveau patient, pris en charge dans son service, Claire, médecin, voit ses souvenirs afflués. Des souvenirs qui dérangent.

Il s’agit de Dominique, Dom, qu’elle a connu à Marseille, l'année de ses dix-huit ans. Elle avait été recrutée, avec son amie Manu, pour être animatrice d’un stage théâtre pour enfant pendant l’été, et Dom dirigeait le théâtre associatif. 

C’est un jeune homme charismatique, que tout le monde semble apprécier, et très vite les deux jeunes filles sont sous le charme. Attentives aux enfants, mais sans plus, Manu et Claire se disputent les faveurs de Dom. 

Cependant, une petite fille,Joséphine,  ingrate, réservée, solitaire retient l’attention de Claire à plusieurs reprises. Elle soupçonne une enfant maltraitée derrière cette petite fille difficile à aimer, et s’en ouvre à Dom, qui prendra le problème à la légère, plus préoccupé à devenir l’amant de l’une, après avoir été celui de l’autre. Ils ne semblent pas conscients de la gravité de ce qu’ils pressentent, trop absorbés par leur triangle amoureux. Et le drame va se produire, mettant fin à ce joyeux été marseillais. 

Les trois jeunes gens se sépareront et ce n’est que quinze après, lors de l’hospitalisation de Dom, que Manu et Claire vont enfin évoquer ces quelques jours qui ont marqué à jamais leur vie .

Points forts

- C’est un sujet difficile, très bien traité par Cloé Korman. La tension monte au fil des pages, mais doucement, comme si le soleil empêchait de voir réellement ce qui se trame derrière une vie familiale, comme tant d’autres. 

- Cloé Korman donne vie aux enfants. Ils ont un prénom, une particularité et grâce à cela, on a l’impression d’être parmi eux. Comme chacun dans la vie, certains sont plus attachants que d’autres, et l’on se sent coupable de cette attirance.

- Coupable aussi d’une certaine lâcheté au quotidien. Ne rien dire, douter, de ce que nous voyons, parce que nous avons d’autres préoccupations, plus joyeuses, ou parce que nous devrions renoncer à quelque avantage.  

- Cloé Korman aborde aussi le sujet des services sociaux, et l’on touche du doigt le manque de moyens matériels et humains. Trop de souffrance qui déshumanise l’institution.

Quelques réserves

Des longueurs dans les explications des répétitions de la pièce de théâtre de Shakespeare.

Encore un mot...

"Midi" est un livre fort que je n’ai apprécié réellement qu’à la deuxième lecture.  Cloé Korman passe aisément du présent au passé, mais certains passages du présent, peu pertinents pour moi, m’ont empêché d’apprécier au départ ce récit. J’ai ressenti une certaine frustration, car le sujet, qui m’intéressait, et qui est fort bien traité, semblait se diluer au fil des pages.

Une phrase

"Par contre, il s’est refusé à indiquer la deuxième date, celle à laquelle le petit corps s’arrête de grandir, de gêner la vie de ses parents, de leur faire faire des trajets inutiles. La date où elle arrête d’embêter tout le monde. Elle n’est pas écrite là. Mais moi, je la connais. Est-ce qu’on peut faire quelque chose pour que quelqu’un y pense, est-ce que je peux signaler ce qui se passe à un service ? "

L'auteur

Cloé Korman, est une jeune écrivaine française qui a travaillé deux ans au ministère de la Culture et de la Communication, avant de se consacrer à l’écriture et à l’enseignement.

Entre 2010 et 2013, elle publie deux romans, "Les hommes-couleurs", distingué par le prix Valérie Larbaud et le prix du livre Inter, et "Les saisons de Louveplaine", sélectionné pour le prix Médicis et le prix Renaudot.

Son troisième roman, "Midi", a fait partie de la sélection du prix Renaudot.

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