Soyez imprudents les enfants

Un ton particulier et juste. Difficile à oublier
De
Véronique Ovaldé
Editions Flammarion - Roman
Notre recommandation
4/5

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Thème

Jeune ado espagnole élevée dans la raideur franquiste, Atanasia Bartolome a treize ans lorsqu’elle découvre dans un musée de Bilbao les œuvres du peintre Roberto Diaz Uribe. Pas seulement un choc esthétique mais une sorte de déclic qui va lui ouvrir les portes d’un passé familial dont elle ignore tout. Du pays basque à Montmartre, Atanasia croise les fantômes de ses aïeux, un russe en exil qui a connu le peintre espagnol, Savorgnan de Brazza, des tantes et des oncles oubliés ou méconnus. Tous détiennent des sésames qui lui permettront peut-être de trouver des réponses cohérentes aux questions qu’elle se pose. Un jeu de pistes comme les adultes les aiment autant que les enfants mais sans oser l’avouer. Se terminera-t-il sur l’île perdue de Barsonetta, là où affluent par milliers des bancs de méduses ?

Points forts

Un ton particulier et, d’emblée, juste. Celui utilisé par une gamine singulière, rêveuse et mélancolique, qui dessine page après page sa vision du monde : au premier plan, ses parents. Au-delà, l’inconnu avec son attractivité, ses énigmes en cascade et son avalanche de questions irrésolues. Un vrai roman qui croît comme un arbre, s’élançant vers le ciel avec les saisons qui lui sont propres, traversant des dangers, le tout avec une allégresse juvénile à laquelle on succombe dès les premières lignes. La construction narrative, faite de retours en arrière et de scènes prises sur le vif aux âges successifs que traverse l’adolescente est un modèle du genre. Les incursions dans un passé lointain, tantôt diabolique tantôt lyrique ont cette féérie à laquelle il est bon de croire. Le lecteur est à la fois pleinement dans le roman et s’en voulant d’y céder tandis que se tisse autour de lui une toile dont il n’a plus envie de sortir.

Quelques réserves

Pourquoi bouder son plaisir ? Ils n’ont pas assez de consistance pour mériter d’être évoqués.

Encore un mot...

A lire avec ce goût singulier qu'ont ces romans dont on sait, dès la première page, qu'on ne les oubliera pas.

Une phrase

"Ma mère occupait sa vie conjugale à nettoyer les lames des stores avec une application menaçante, à préparer la soupe de poissons, l’axoa de veau, la crème de noix, et le café très fort qu’aimait son mari et qu’ils buvaient tous deux debout dans la cuisine en se regardant dans les yeux.

… J’étais depuis toujours celle qui demeurait assise au bord de la piscine et regardait les autres se rendre ridicules en tentant de nager la brasse papillon… et je jouais comme tous les adolescents avec la possibilité de ma mort volontaire …"

L'auteur

Véronique Ovaldé a derrière elle treize romans dont Et mon cœur transparent  (Prix France-Culture-Télérama 2008) etCe que je sais de Vera Candida (Prix Renaudot des lycéens 2009, Prix France-Télévisions 2009, Grand Prix des lectrices de Elle 2010). Ses romans sont traduits dans une dizaine de langues.

A propos de ce dernier roman, Soyez imprudents les enfants, l’auteure a déclaré au micro de France-Info, le 12/9/2016 : on devrait interdire aux enfants de lire, ils auront l’impression de transgresser quelque chose.  Elle dit d’elle-même que dès l’âge de cinq ans, elle savait qu’elle serait écrivain.

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