Villa des Femmes

Du souffle, une atmosphère et du style
De
Charif Majdalani
Editions du Seuil
Notre recommandation
4/5

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Lu
par Culture-Tops

Thème

A Beyrouth, dans les années 60, Skandar Hayek règne sur son monde : son négoce de tissu, son usine, ses terres, son clan et sa famille. Survient sa mort subite, qui pose le problème de sa succession. Son fils aîné ,Noula, arrogant incapable, ne fait pas face et court à la ruine. Hareth, le dernier, épris d'aventures, est absent. Ce sont donc les trois femmes de la maison qui vont prendre le relais : Marie l'épouse, froide mais toujours solide; Mado, la soeur, vieille fille acariâtre; et Karine, la fille, ravissante et déterminée, qui espère et guette le retour de son dernier frère.

Points forts

- Le talent de conteur du narrateur, qui est le chauffeur de la maison, confident et observateur discret et clairvoyant, attaché à chaque membre de la famille, avec une vision lucide et distanciée des événements, au travers de ses paupières entrouvertes, du haut de la terrasse ensoleillée de la maison : toujours présent et toujours à sa place....  

- L'atmosphère et la langueur orientale qui se dégagent de l'écriture fluide, lente, douce et colorée, vivante et mélancolique à la fois : le passage inexorable du temps et le sentiment d'éternité malgré les violences et les déchirures de la guerre civile.   

-  Dans une société dominée et gouvernée par les hommes, la force, la volonté, la dignité et le courage des trois femmes qui  tiennent debout, transformant leur rivalité en solidarité quand tout s'effondre autour d'elles.

Quelques réserves

- Pas de grandes actions ni de rebondissements, une lenteur délibérée qui peut désarçonner ou lasser certains, mais qui, en revanche, rend l'écriture addictive dès lors qu'on est sensible à la langueur orientale.

- La guerre est là, mais elle est plus évoquée par les perturbations qu'elle crée sur le quotidien de cette famille qu'elle n'est vraiment décrite : cela pourra sembler un peu "léger" pour ceux qui sont épris d'histoire.

- Il faut savoir prendre tout son temps pour savourer ce livre. Donc amateurs d'émotions fortes s'abstenir.

Encore un mot...

La grandeur et le déclin d'une riche famille libanaise, racontés avec une plume délicate, subtile et originale par le biais du chauffeur, témoin privilégié de l'histoire; avec un charme indéniable qui agit d'un bout à l'autre du roman.

Une phrase

"Nous vivions comme si tout allait perdurer, comme si le tissu des jours ne pouvait jamais se déchirer, et moi, j'aimais sentir se nouer et se dénouer autour de moi les gestes quotidiens parce qu'ils étaient la preuve de l'éternité du monde et des choses". Page 182

L'auteur

Charif Majdalani est né au Liban en 1960. Il est professeur de lettre françaises à Beyrouth. Il est l'auteur d'Histoire de la Grande Maison (2005), Caravansérail (2007) et Le Dernier Seigneur de Marsad (2013).

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