Art Nouveau

Un architecte visionnaire à Budapest juste avant les heures sombres de la guerre de 1914. Un roman dense, bien écrit mais un peu décevant
De
Paul Greveillac
Gallimard -
290 p. - 20 euros.
Notre recommandation
3/5

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Thème

En 1896, Lajos Ligeti, jeune architecte juif, quitte Vienne, où ses parents tiennent une pharmacie florissante, pour Budapest, considérée comme la deuxième capitale de l’Empire austro-hongrois. Dévoré d’ambition, il connaît des débuts difficiles, alors qu’il est hébergé chez un oncle serrurier, pauvre, mais digne. Il multiplie les démarches et sera embauché par Odön Lechner et Gyula Partos, pionniers de l’Art Nouveau, qu’ils adapteront à leur culture en style « Sécession hongroise ». Lajos se voit déjà en bâtisseur de l’Europe. Certes le talent rare de « l’enfant terrible » est reconnu, mais la concurrence est rude et les rivalités font rage. Ses projets brillants ne sont pas retenus … Il tente sa chance avec un nouveau maître d’œuvre, Barnabas Kocsis, tout en se résignant d’abord à construire des tombes ! Petit à petit, il va se faire un nom. Il gagne un concours pour édifier une église à Paris. Elle sera toute en ciment, car Ligeti croit à l’utilisation révolutionnaire du béton armé. Son ascension va culminer à travers le projet fou d’une usine démesurée, commandée par des industriels tchèques. Parviendra-t-il à les convaincre du caractère visionnaire de cette utopie pyramidale ?

Points forts

• L’évocation de l’effervescence artistique, de 1896 à 1911, autour de l’Art Nouveau, qui touche la peinture, la musique, en plus de l’architecture, ne manque pas d’intérêt. On croise Bela Bartok, Schiele, et même le jeune peintre Hitler!

• Le parcours semé d’embûches de cet architecte aussi audacieux que naïf permet à l’auteur de souligner ses succès comme ses échecs, à l’image de l’Europe brillante, mais menacée par un avenir noir.

Quelques réserves

• Un roman inégal : la deuxième moitié et l’épilogue finissent par ennuyer le lecteur, qui se doute trop de ce qui va se passer.

• Un personnage principal pas assez incarné et peu attachant : il délaisse trop vite sa ravissante épouse et son fils, comme il néglige ses parents pourtant bienveillants. Il n’est même pas touché par l’affection de son oncle. La froideur du jeune présomptueux n’est jamais analysée, elle est seulement constatée.

Encore un mot...

Un roman d’apprentissage ample et dense, qui reste cependant accessible et qui nous transporte dans cette Mitteleuropa, si riche et si fascinante. Paul Greveillac mêle avec aisance le réel et la fiction, sans toutefois convaincre le lecteur des enjeux de son récit. Une écriture ciselée, plutôt classique, tout en étant modernisée par une ponctuation audacieuse, lui donnant du rythme.

Une phrase

- Lajos Ligeti voyait le royaume de Hongrie se bâtir sous ses yeux. Lui-même rêvait plus grand encore : il abhorrait les frontières. Il voulait construire l’Europe … p.62

- Aucun art, semble-t-il, n’a tout à la fois réifié, aimé, idéalisé, sanctifié les femmes autant que « l’art nouveau ». Il s’est épanoui dans une débauche de sensualité et de vie, avant que de pourrir dans l’horreur et la mort de la guerre.  p. 212

L'auteur

Né en 1981, Paul Greveillac est un auteur reconnu dans le monde des lettres. Il a remporté le prix Roger Nimier 2016 avec Les Âmes rouges (Gallimard)  et le prix Jean Giono 2018 avec Maîtres et esclaves  (Gallimard).

Le clin d'œil d'un libraire

Librairie Les Extraits à Rueil. Une longue et belle tradition familiale à l’ombre du château de Joséphine

Les  Extraits  est une librairie de proximité, créée sur les fondations (dans tous les sens du terme) d’une revue littéraire initiée par les grands parents de notre interlocuteur associé dans l’entreprise, Kevin Lebreton. Engagement, passion, jeunesse  mais aussi réflexion et démarche positive transparaissent dans cet échange spontané et vivant avec Kevin. «La crise sanitaire a mis en lumière les atouts des librairies indépendantes et a créé un mouvement d’empathie, durable je pense, en notre faveur ».  Pourquoi voir ailleurs effectivement  ? pour quelques centimes seulement en plus, le conseil de lecture, l’émotion partagée et maintenant le service digitalisé près de chez soi, tout cela le vaut bien. Avec 16 000 références et 3 libraires plus le Clic et Collect, les Extraits de Rueil Malmaison assurent. « On a bénéficié d’une double communication : un besoin de lire accru par le fait même du confinement et, en même temps, la stimulation d’un réflexe de défense de notre profession par nos lecteurs eux- mêmes ».

Disons- le, de non essentiel administrativement parlant, le libraire est devenu essentiel pour le citoyen lisant. Alors que lit-on aux Extraits ?  Kevin est enthousiaste : 1 /« Terre promise » de "notre ami" Barak ».  Un titre « prometteur » qui tombe bien même s’il ne surprend pas. Barak Obama devient un phénomène d’édition. 2/« Le dernier Erik Sattouf, «L’Arabe du futur » tome V, une bonne BD intelligente, un regard très amusant sur une histoire assez dure lié au mouvement pan arabique » ; Sattouf, d’origine franco syrienne, est en effet un témoin privilégié et éclairé. « C’est un bel album, avec un humour décalé», estime Kevin.

En tout cas, de cet entretien ressort un « extrait » de la vitalité qui règne près de la Malmaison.

Les Extraits, 43 rue du Château 92500 Rueil Malmaison. Tel 01 47 14 13 03 www.librairielesextraits.com 

Texte et interview par Rodolphe de Saint-Hilaire pour la rédaction de Culture Tops.

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