
Quitter Berlioz
Publication en mai 2025
246 pages,
19,90 €.
Infos & réservation
Thème
A 23 ans, Younes bénéficie d’une libération anticipée de prison mais avec une nouveauté pour l’époque : le bracelet électronique !
Il doit trouver du travail, et doit être chaque soir à 20 heures maximum, dans la cité de son enfance, la Cité Berlioz.
Il reprend son travail de coursier moto où il retrouve son meilleur ami, Serge.
Nous sommes dans les années 90. Dans les banlieues parisiennes, avec toutes les difficultés rencontrées par les familles - notamment fraîchement immigrées- pour se loger, élever leurs enfants et leur donner un idéal.
Alors ces jeunes connaissent les dérapages, les petits-boulots, le deal, et c’est l’engrenage vers la délinquance et la prison.
Youssef et Serge sont tous deux de Bobigny, fils d’ouvriers, aux résultats scolaires vite désolants. Alors les voilà coursiers en scooters dans les rues de Paris, payés au nombre de plis portés.
Points forts
Le style fort, rapide et sans pathos d’Emmanuel Flesch nous entraîne vite et fort à la suite des déboires de ces deux jeunes. Dans ce quotidien gris et inhumain, deux lueurs nous réchauffent : l’amitié solide malgré tout qui existe entre ces deux garçons et l’amour de Youssef pour Vanessa, jeune hôtesse d’accueil qui rêve de cinéma.
Quelques réserves
Seul regret, le roman se lit tellement vite qu’on l’aurait souhaité plus épais et continuer à mieux connaître Youssef et Serge
Encore un mot...
Dans la même veine que le film L’histoire de Souleyman de Boris Lojkine (2024) primé à de multiples reprises à Cannes et aux César qui nous a fait vivre le quotidien douloureux des livreurs de repas en scooters ; un film pourrait être réalisé à partir de Quitter Berlioz sur le thème des livreurs de courriers dans Paris. Même stress, même inhumanité, même esclavage. Emmanuel Flesch nous entraîne dans les rues glissantes de Paris sous la pluie à la suite de ces jeunes paumés qui s’accrochent à ce boulot faute de pouvoir faire autre chose.
Une phrase
« 13 h 00. Le Singe avait envoyé Younes ramasser une course à la Défense. Après un parcours compliqué dans les entrailles du quartier d’affaires, il déboucha sur l’esplanade inondée de lumière, slalomant à bas régime entre les silhouettes pressées, qui se croisaient au petit trot, une mallette à la main, leur ombre sur les talons.
Le pli était à récupérer au sommet de la tour Ariane, le siège du Crédit Lyonnais. Au terme d’une interminable ascension, il se présenta à l’accueil pour demander l’autorisation de se rendre au service Conseil & Fiscalité. Sans interrompre sa communication, l’hôtesse acquiesça d’un battement de cils. Il fila dans le couloir.
Surprise. Boualem était sur place. Il attendait un pli, lui aussi.
« Pas possible ! S’exclama-t-il. C’est pour toi, la course à dix-huit bons ?
- Je prends de la bouteille, répondit Younes. Tu vas bientôt baver devant ma fiche de paie. »
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L'auteur
Emmanuel Flesch est né en 1976. Il a exercé de nombreux métiers entre Paris et Marseille et maintenant il est professeur d‘histoire-géographie dans le même collège d’Aulnay-sous-Bois en Seine Saint-Denis depuis 17 ans. Il a publié Un empire et des poussières (Kyklos, 2014), et 2 romans chez Calmann- Levy, Le cœur à l’échafaud (2021) et Gazoline (2022) qui ont été salués par la critique. Quitter Berlioz est son 4ème livre.
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