Essence

Road movie déjanté au purgatoire: une essence essentielle !
De
Benjamin Flao & Fred Bernard
Editions Futoropolis - 183 pages
Notre recommandation
5/5

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Thème

Difficile de décrire cette histoire sans trop en dévoiler. Essence est un petit bijou d’intelligence scénaristique et de graphisme exceptionnel. Il s’y croise deux univers qui doivent passionner les auteurs : celui de la Bande Dessinée et celui de la course automobile. Si vous aimez les deux, ne passez pas à côté, mais si, comme moi, vous ne connaissez rien dans le deuxième, n’hésitez pas non plus à plonger dans cette incroyable histoire. C’est celle d’Achille Antioche, un peu coureur automobile, un peu mécanicien de génie, un peu inventeur, qui doit remonter le fil des derniers instants de sa vie. Car Achille Antioche est mort ! Et l’histoire se déroule au Purgatoire. Il est accompagné de son ange gardien qui l’aide à reconstituer ce fil, prétexte à une balade psychanalytique (ici, le mot n’est pas galvaudé), psychédélique et totalement délirante.

Points forts

- Les auteurs ont fait le choix d’un format carré, très séduisant, qui fait ressembler chaque planche à un tableau. 

- On ne s’ennuie à aucun moment, car Fred Bernard réussit à garder une cohérence dans la conduite de son histoire, et, malgré le côté complètement déjanté, on ne perd jamais le fil du récit. 

- Benjamin Flao réalise une performance graphique impressionnante, car on a l’impression qu’il adapte son style à la narration. « Ses styles » conviendrait mieux, car en fonction du récit, il passe du tableau surréaliste au graphisme le plus classique, de la case surchargée de symboles à des passages entiers complètement épurés. Il s’amuse en truffant l’histoire d’allusions innombrables (j’ai adoré celles sur Tintin).

- Cerise sur ce copieux gâteau: une scène finale anthologique, qui vous propose une course poursuite comme on en a rarement vu en BD.

Quelques réserves

Il y a presque une frustration à ne pas pouvoir tout décoder. La lecture ressemble parfois à celle d’un ouvrage ésotérique, dont on ne posséderait pas toutes les clés. On lit cette BD et on la relit, on scrute chaque case avec attention, mais beaucoup des questions qui peuvent venir à l’esprit du lecteur restent sans réponse. J’aimerais avoir les auteurs sous la main, pour leur en poser quelques-unes :  comment ont-ils trouvé ce nom d’Achille Antioche (un souvenir de cours de grec ?) ? Quel est le modèle qui a inspiré le marchand dessinateur des pages 22-26 ? Quel est le logo au-dessus de la pompe à essence de la couverture ? …

Encore un mot...

L’offre pléthorique de la Bande Dessinée pourrait faire craindre que cet ouvrage passe inaperçu, ce qui serait une cruelle injustice. Embarquez donc avec Achille et son ange dans ce road movie déjanté. D’une page à l’autre, vous passerez d’univers diaboliques à des mondes paradisiaques (ce qui, dans le Purgatoire, n’est pas illogique...), vous croiserez Gilles Villeneuve ou James Dean, Tintin ou Milou, vous découvrirez des prouesses graphiques et vous la relirez une deuxième fois, une troisième fois…

Osons le dire: voilà une essence essentielle...

Une phrase

Achille : « Je ne sais pas ce que vous faîtes ici, mais moi j’ai perdu un morceau de ma mémoire, celui de ma mort … Et je dois le retrouver, et pour ça je dois rouler encore et encore. Enfin, c’est que dit mon ange »

L'auteur

Ne connaissant pas ces deux auteurs, j’ai extrait les éléments ci-dessous du site BDGEST:

- Fred Bernard est né à Beaune le 1er septembre 1969. Il a été maçon et a étudié les sciences naturelles avant d'entrer aux Beaux-arts de Beaune, puis il rejoint l'école Emile Cohl de Lyon où il fait la connaissance d'un ami et futur collaborateur : François Roca. Il est l’auteur de nombreux ouvrages pour la jeunesse réalisés en tandem avec François Roca, publiés chez Albin Michel et au Seuil Jeunesse. En bande dessinée, il est l’auteur, seul cette fois, de deux albums remarqués parus également au Seuil, La Tendresse des crocodiles (2003) et L’ivresse du poulpe (2004). 

- Benjamin Flao, est né à Nantes en 1975. Il est un des dessinateurs les plus talentueux de sa génération. Lauréat 2003, pour Carnets de Sibérie, du prix Lonely Planet (Clermont- Ferrand, Biennale du carnet de voyage), il a cosigné depuis Sillages d’Afrique, La Ligne de fuite, Mauvais garçons et Kililana Song, chez Futuropolis. Il vit près de Lyon.

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