John Blake

Thriller maritime, scientifique et technologique dans les couloirs du temps !
De
Philip Pullman et Fred Fordham
Ed. Glénat, 2019
155 pages
18,50 €
Notre recommandation
3/5

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Thème

Au large de la Somalie, au milieu de la nuit, l’équipage d’un pétrolier voit surgir du brouillard une goélette au sommet de laquelle se tient un jeune homme dont il faut absolument éviter le regard car, selon la légende, « celui qui le regarde dans les yeux meurt dans le mois ». 

A San Francisco, au siège de l’organisation maritime internationale, les recherches de Danielle Quayle Reid sur le Mary Alice, étrange navire fantôme qui « apparaît et disparaît quand le brouillard se lève », sont surveillées de façon étroite par son patron et son menaçant bras droit, Henry Harland.

A Londres, Roger Blake, commandant de la Royal Navy, moderne croisement entre James Bond et Ehtan Hunt, dérobe de façon musclée sur un navire remontant la Tamise les preuves de l’intérêt de la Pentagram Foundation, « organisation suspecte aux chefs mystérieux », pour le Mary Alice.

En plein Pacifique Sud, Serena, adolescente australienne partie faire le tour du monde à la voile avec sa famille, tombe à l’eau lors d’une tempête. Elle est sauvée de la noyade par John Blake, jeune homme portant une chemise rouge, et membre de l’équipage du Mary Alice.

Points forts

John Blake est jolie une jolie relecture du thème du voyage dans le temps. Sa dynamique et son découpage très cinématographiques, offrant au lecteur comme l’adaptation en BD d’une œuvre cinématographique, lui confèrent une grande modernité. En faisant du Mary Alice et de son équipage composé au gré de ses sauts temporels la figure pivot de l’intrigue, il rend un bel hommage à la culture maritime et aux grands inventeurs.   

Le scenario est joliment construit, sur la base d’histoires parallèles dont l’intrication se dévoile progressivement tout en convergeant vers l’affrontement final des deux personnages principaux : John Blake et Carlos Dahlberg. Ce combat final fait immanquablement penser à celui qui oppose Luke Skywalker à l’Empereur Palpatine dans Le Retour du Jedi, ainsi qu’à tous les ouvrages et films construits autour de l’affrontement du Bien et du Mal. 

John Blake regorge de figures emblématiques des romans et films d’aventures contemporains : le capitaine d’industrie mégalomane et sans scrupules, la jeune femme courageuse combattant des forces qui la dépassent, l’homme de main à la violence glacée sous une élégance de façade, l’adolescente rebelle étouffée par le carcan familial... 

On saluera également l’hommage appuyé rendu à l’univers de Ian Fleming ; que ce soit au travers du personnage du commandant Roger Blake, tout en élégance, désinvolture et infaillibilité ; de sa « boss », proche cousine de la M incarnée par Judi Dench dans SkyFall ; du personnage de Carlos Dahlberg, perpétuant la lignée des milliardaires maléfiques initiée en 1962 avec le Dr No. On ne pourra également que relever le clin d’œil à la mythique série des Retour vers le Futur de Robert Zemeckis.

Enfin, le dessin de Fred Fordham, par son dynamisme et son épure, transmet parfaitement le rythme et l’énergie du scenario Philip Pullman.

Quelques réserves

En installant l’intrigue à un fort niveau d’intensité dès les premières pages de l’album, les auteurs s’étaient eux-mêmes fixés un challenge difficile : trouver la chute qui surprendra un lecteur qui n’aura cessé de se demander quelle pourrait être la fin de l’histoire. A cet égard, on pourrait considérer que la fin concoctée par Philip Pullman et Fred Fordham n’est peut-être pas tout à fait à la hauteur du reste de l’album.

Encore un mot...

Quand une BD mêle histoire maritime, voyage dans le temps, roman d’espionnage, tout en multipliant les références cinématographiques et en faisant un joli clin d’œil aux circonstances « douteuses » dans lequel est né Facebook, le premier géant des réseaux sociaux, le lecteur ne peut passer qu’un bon moment. 

John Blake induit également un phénomène assez paradoxal : si la fin de la première lecture peut laisser un léger goût d’inachevé… la deuxième, si on s’en donne la peine, le fait disparaître.

Une illustration

L'auteur

Fred Fordham est Londonien depuis toujours. Le dessin et la peinture ses hobbies depuis l’enfance. Une année sabbatique prise après le lycée lui permet de commencer à en vitre en tant que freelance. 2008 est marquée par l’obtention d’un diplôme de politique et philosophie de l’université de Sussex et la découverte de la BD. Pendant quelques années, il en perfectionne l’apprentissage avant de réaliser Nightfall, sa première publication, en 2013-2014, éditions Delcourt. Suivra en 2018, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, éd. Grasset. 

Né en Angleterre, Philip Pullman grandit en Afrique avant de rentrer en Angleterre après la mort de son père, pilote dans la R.A.F. Il fait ses études au Pays de Galles, lorsque puis à l'Université d'Oxford, dont il sortira diplômé en 1968. D’abord enseignant, il décide de suivre sa passion des contres pour devenir écrivain.

Ecrivant majoritairement pour la jeunesse, il signe des adaptations théâtrales d'œuvres littéraires célèbres. La trilogie A la croisée des mondes, publiée entre 1995 et 2000, est l’un de ses plus grands succès, en France et au Royaume-Uni. Le scenario de John Blake marque son entrée dans le monde de la BD.

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Fred Campoy, scénario et dessin et Mathieu Blanchot, dessin et mise en couleur, d'après la biographie de Marie Madeleine Peyronnet