La France peut-elle tenir encore longtemps ?

Une analyse convaincante proposant de pertinentes solutions. Oui, mais... qui aura le courage de les mettre en œuvre ?
De
AGNÈS VERDIER-MOLINIÉ
Albin Michel, paru le 13 janvier 2021 -
304 pages -
19.90 €
Notre recommandation
4/5

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Thème

Le problème des cassandres, c’est de déterminer le moment où leurs prévisions apocalyptiques vont se réaliser. Pour madame Verdier-Molinié, qui dénonce depuis des années les carences de l’Etat français, ce moment est peut-être venu. La gestion de la crise sanitaire, l’accumulation de dettes abyssales, le fonctionnement calamiteux de certains services publics sont autant d’occasions pour l’auteur d’enfoncer les clous sur lesquels elle tape avec ardeur depuis longtemps.

Points forts

Batterie de statistiques à l’appui, madame Verdier-Molinier établit un bilan de la situation gravissime de la France : la dette publique explose ; entre déconsolidations et non-provisionnements, elle est d’ailleurs bien supérieure à ce qu’indique les chiffres officiels, probablement aux alentours de 250% du PIB. L’administration est dans un état déplorable, gangrénée par l’absentéisme des fonctionnaires, la complexité des procédures, la sous-productivité, le tout pour un coût bien supérieur à ce qui se fait dans les pays comparables. Les gouvernements successifs ont été incapables de réduire la dépense publique et ont laissé glisser le déficit budgétaire, tout en multipliant les impôts et taxes (483)  qui font de la France un enfer fiscal.

Quant à l’industrie, notre auteur indique à juste titre que sa part dans le PIB a été divisée par deux pour atteindre 10%, contre plus de 20 en Allemagne et même 14 en Italie. Elle explique assez bien les raisons de cet effondrement.

En se fondant sur un ensemble de comparaisons avec des pays européens, elle expose les solutions qui, dans la durée, pourraient inverser le processus de déclassement en cours: réhabilitation du rôle du Parlement, baisse des impôts et des dépenses publiques, sauvetage de ce qui reste de l’industrie, décentralisation véritable... Toutes mesures frappées au coin du bon sens et que des pays dans une situation aussi dégradée que la France ont pu mettre en œuvre avec succès.

Quelques réserves

L’analyse que nous sert madame Verdier-Molinié est convaincante. D’ailleurs les 50 pages de statistiques fournies en annexe offrent une base utile à la thématique développée. Les solutions proposées, certes d’inspiration assez libérale, sont probablement celles qui conviennent le mieux. Mais comme tous les ouvrages critiques, celui-ci pèche par l’absence de précisions sur la faisabilité des solutions suggérées. Quel homme politique aura suffisamment de courage et d’habileté pour mettre en pratique les mesures en question? On peut considérer que le report de l’âge de la retraite à 65 ans ou au delà aurait un effet très positif sur les finances publiques ou souhaiter que les syndicats français prennent modèle sur leurs homologues allemands ou encore espérer fusionner les niveaux de collectivités locales, malheureusement, en l’état actuel des forces politique et syndicales, tout ceci paraît assez peu réaliste.

Encore un mot...

Une bonne synthèse de la situation économique de la République, certes sans révélations fracassantes, mais qui doit pénétrer le lecteur de l’imminence de la catastrophe.

Une phrase

“L’avancée gouvernementale en crabe, sans explication, sans pédagogie, assénant des milliards auxquels plus personne ne comprend rien tout en niant un quelconque danger sur la soutenabilité de la dette est devenue insupportable.”(p.196)

L'auteur

Directrice de l’IFRAP, Agnès Verdier-Molinier est un personnage médiatique, considéré comme ultra libérale, prônant par écrit et par oral des solutions que d’aucuns jugent simplistes pour réformer l’Etat. Elle est l’auteur de nombreux ouvrages destinés à alerter le grand public sur les dérives de la République.

Entre autres : Ce que doit faire le (prochain) Président (Albin Michel, 2017). En marche vers l’immobilisme (Albin Michel, 2018).

On lira également sur Culture-Tops une autre chronique de Jean-Pierre Tirouflet sur l’ouvrage  On va dans le mur (Albin Michel, 2015).

Le clin d'œil d'un libraire

Librairie LE PASSAGE à Lyon. Les épidémies n’y passent pas, la culture si !

Passer le message, passer les idées, passer la culture, c’est-à-dire transmettre c’est le concept premier de cette librairie bien connue du cœur du Lyon historique. Mais cette institution de la capitale des Gaules c‘est aussi un passage très fréquenté du 2e arrondissement. Le PASSAGE est donc un lieu d’échanges privilégié qui a su résister à la pandémie grâce à une clientèle fidèle et qui n’a cessé de s’agrandir depuis 20 ans. Le clic et collect a permis d’éponger une partie de la chute des ventes (une partie seulement...) grâce au dévouement des 9 libraires de l’équipe.

« Les gens se sont habitués à commander ou à réserver les ouvrages. Avec 23 000 références surtout littérature et sciences humaines, on est centré sur littérature de création proposée par des éditeurs indépendants comme les Editions de Minuit ou P.O.L. On a toujours voulu défricher les nouvelles voies de la pensée… » confie Mathieu Baussart, co-directeur de cette librairie dans la force de l’âge (fondée il y a 20 ans !).

Bonnes lectures, nous repasserons vous voir dès l’ouverture des petits « bouchons », c’est écrit.

Librairie LE PASSAGE, 11 rue de Brest 62002 Lyon tel 04 72 56 34 84.

Texte et interviews réalisés par Rodolphe de Saint-Hilaire pour Culture-Tops.

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