Le roman de la France - une histoire de la liberté. Tome 1, de Vercingétorix à Mirabeau

Une contribution heureuse, et un peu partisane, à une relecture actualisée de l'histoire de la France
De
Laurent Joffrin
Ed Tallandier
Sortie septembre 2019
480 pages
21,90 €
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

A l'image de son titre, Le roman de la France allie une thématique accessible à une architecture simple : explorer sous le regard de Laurent Joffrin, que beaucoup connaissent comme Directeur de la rédaction du quotidien Libération, l'histoire de France et singulièrement, la naissance du concept républicain de liberté. De Vercingétorix à Mirabeau, des pouvoirs guerriers aux pouvoirs de droit divin, des conquêtes territoriales aux conquêtes par mariages, de la toute puissance religieuse à l'éclatement des Lumières, Laurent Joffrin déploie dans ce roman singulier une certaine idée de l'identité française, dont la Révolution, par ses contradictions et ses antagonismes, sera une synthèse violente.

Points forts

1. Un livre très bien écrit, au style alerte, mariant les connaissances académiques à des anecdotes plus "confidentielles", intéressantes toujours, surprenantes parfois. Cette écriture simple et imagée en rend la lecture vraiment agréable.

2. Une structure également simple car chronologique, qui met en exergue dans chaque période/chapitre, les signes de la naissance de l'idée de liberté, qu'elle soit le fait de la défense des territoires ou des conquêtes, qu'elle soit l'œuvre des "grands" et des petits.

3. A chaque chapitre sont associés un avant propos et une synthèse, pour lesquels l'auteur livre son interprétation "sur le chemin de la liberté" et accentue sa thèse.

4. Une belle galerie de portraits - figures iconiques de l'histoire de France, mais aussi de nombreux personnages moins connus. Il est particulièrement intéressant de revisiter leurs histoires sous un angle beaucoup moins caricatural que celui des livres d'histoires scolaires.

Quelques réserves

Je n'en vois qu'un, mais il sera relevé sans doute par un certain nombre de lecteurs. Chaque conclusion/synthèse de chapitre rend un verdict moralisateur sur ce que les acteurs de l'histoire auront réussi ou raté sur ce chemin vers la liberté. Parti pris,  notamment sur l'idée de nation que Laurent Joffrin démonte allègrement avec les images archétypales de Vercingétorix, Charlemagne et quelques autres.

Encore un mot...

Malgré les réserves émises ci-dessus, ce livre peut se dévorer avec gourmandise, tant le récit est intéressant, mêlant grande et petite Histoire. C'est une contribution heureuse à une relecture actualisée de l'Histoire de la France, qui, si elle ne cache pas la sensibilité de son auteur, ne manque ni d'érudition ni d'objectivité. 

Ce récit, fort peu académique, rafraîchit l'image des personnages et des événements qui ont fait l'Histoire de France. Les rois et les reines, les intrigants, les dissidents, les sages et les fous, les visionnaires et les réactionnaires, religieux et athées, ministres zélés et bourgeois éclairés, dessinent cette histoire de la liberté qui se lit vraiment … comme un roman !

A suivre, le tome 2, qui devrait "couvrir" les années 1790 à nos jours.

Une phrase

En épitaphe, sur le dos de couvrture :
"Je raconterai cette marche difficile vers une société plus libre et plus égale : elle tisse le destin de la nation. Je raconterai donc, à ma manière, le vrai roman de la France".
"La France n'existait pas au moment des conquêtes de Clovis. Chlodowig (son vrai nom) inaugure le regnum francorum, le règne des Francs sur des territoires mouvants, qui durera jusqu'à Charlemagne […]. Clovis a été transformé en mythe pour donner à la France des origines lointaines…" P 64

A propos de François 1er
"Pour lui, l'ouverture internationale et la défense de la culture nationale vont de pair. On dresse les premières cartes du continent, on voyage de couvent en université, de cour princière en atelier d'artiste, d'Italie en Hollande, d'Espagne en Angleterre. Les lettrés de l'époque auraient été ahuris d'entendre un gouvernant s'inquiéter de cette ouverture aux cultures étrangères. Le mélange des civilisations, à terme, va produire une civilisation nouvelle". P 257
"Dans la longue tradition des priapiques couronnés qui séduisent par leur position plus que par leur attrait, Henri IV fut le plus actif. L'homme au panache blanc était un Don Juan frénétique, un culbuteur acharné, une sorte de Strauss-Kahn couronné".  P279
"Ainsi la "première fronde", celle du peuple et du parlement, esquisse, plus d'un siècle à l'avance, une société politique nouvelle, plus réglée, plus libre, moins arbitraire. Son instauration, on peut le soutenir, aurait peut être même évité le grand affrontement de la révolution, à la manière de la Glorius Revolution de Guillaume d'Orange qui a entraîné la démocratisation du Royaume Uni." P 329
"Montesquieu, Diderot, d'Alembert, Voltaire, Rousseau, géants sur les épaules des géants de la renaissance, ont libéré l'esprit du cachot, fourni leurs armes aux ennemis de la tyrannie et fondé les régimes de liberté". P 422

L'auteur

Laurent Joffrin est journaliste et dirige le quotidien Libération. Laurent Mouchard (son "vrai" nom), a dirigé Le Nouvel Observateur et  demeure un commentateur familier des médias, radios et télévisions.  Il a animé Les détectives de l’Histoire sur France 5, attestant, comme ses romans sur les aventures de Donatien Lalanche, détective de Napoléon, ou sur les grandes aventures navales, d'un véritable goût pour les récits historiques. Il est aussi l'auteur de nombreux essais sur la politique française et internationale.

Commentaires

francois.verme…
lun 15/06/2020 - 18:03

Malheureusement des erreurs assez grossières dans ce livre.
Notamment à la page 254.
François 1er était mort depuis 24 ans au moment de la bataille de Lépante qui a eu lieu en 1571....
Et en outre le Pape Clément n’est pas celui qui a ameuté la coalition puisqu’il était mort depuis Longtemps.
Et je passe d’autres erreurs...

François Vermer
sam 11/07/2020 - 23:14

Décidément, cet ouvrage manque de sérieux : aux pages 115 et 116, l’auteur évoque deux empereurs germaniques de la famille Hohenstauffen et considère le deuxième cité comme le petit-fils de l’autre, alors qu’il s’agit de son grand-père !
Frédéric Barberousse est le grand-père du Frédéric II qui négocia avec Saladin.
Une telle confusion concernant des personnages historiques aussi célèbres et importants est inexcusable.

François Vermer
sam 18/07/2020 - 23:12

L’auteur semble avoir du mal à suivre la succession des générations dans les familles royales.
À la page 398, on parle du Roi Louis XV.

On lit: « Dès qu’il (Louis XV) s’empare des leviers du pouvoir, imitant son grand-père Louis XIV, l’arbitraire et l’intempérance du monarque sème le désordre et la guerre. »
C’est vrai.
Mais ce qui est vrai aussi, c’est que ce roi était l’arrière petit-fils de Louis XIV....

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