Le Roman de Rabelais

Une biographie personnelle, émouvante, savoureuse et poétique de François Rabelais, moine, prêtre, écrivain, médecin
De
Michel Ragon
Poche Albin Michel, 1993 -
186 pages - 4,50 euros.
Notre recommandation
4/5

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Thème

Michel Ragon dresse un portrait subjectif de l’écrivain et médecin vieillissant Rabelais, proche de la famille Du Bellay, elle-même conseillère de François 1er et de Henri II. Moine prêcheur, prêtre, c’est dans la bibliothèque de l’Abbaye de Maillezais qu’il se frotte au latin, au grec, découvre la botanique, la médecine, Erasme. Dénonçant dans un dernier baroud d’honneur, à travers Le Quart Livre, les hypocrisies de son temps, Rabelais finira seul, désavoué par ses anciens protecteurs. L’auteur s’intéresse particulièrement au Rabelais médecin auprès des humbles comme des puissants.

Points forts

Le style simple mais truculent de Michel Ragon décrit merveilleusement ce personnage attachant que fut Rabelais, qui puisait dans la langue du peuple sa verve inépuisable. Nous suivons le personnage Rabelais, flanqué d’un petit moine, Gilles, et vivons avec lui les affres de ces temps troublés, traversés par la violence religieuse, la superstition, l’indigence terrible du peuple, mais aussi par le rire inextinguible du héros.

Ce récit, convoquant nombre de figures historiques et littéraires nous plonge dans la France de la Renaissance que traverse l’humanisme d’Erasme et parallèlement l’intolérance mortifère de la Réforme, des papes et des rois. Le lecteur, dans ce compagnonnage chaleureux et émouvant, côtoie l’architecte Philibert de l’Orme bâtisseur du château d’Anet pour Diane de Poitiers, le jeune Ronsard, noble, délicat, à la langue affectée, opposé au vieux Rabelais, apôtre d’une langue rustre et insolente, Joachim Du Bellay maladif et malingre, mais aussi le petit peuple amassé chaque jour devant sa masure de Saint-Maur des Fossés auquel il prodigue sans relâche ses soins consciencieux.

Quelques réserves

Nous n’en trouvons pas !

Encore un mot...

C’est un personnage attachant que nous décrit Michel Ragon : Rabelais, vieil écrivain nostalgique de François 1er et de Marguerite de Navarre, « sa dame à la Licorne », comme aussi d’un Villon qui répugne, comme lui, à l’afféterie, il exalte, jusqu’à l’outrance, un verbe coloré. L’hyperbole, le calembour, la trivialité qui mènent au rire sont là pour pallier la misère du pauvre, la tristesse de cet homme dont la foi sincère est foulée aux pieds par une certaine église et le pouvoir en place.  

Une phrase

Vos livres (dit le petit moine Gilles, compagnon de route de Rabelais) sont une apothéose de la boustifaille. Vos géants, au lieu d’être avalés par la faim du monde, triomphent du monde en l’avalant. Vous y montrez la faim vaincue par une voracité délirante. Vous exorcisez la faim par le rire. Les bourgeois avalent le paysan, puis le déglutissent encore plus pauvre qu’il n’était. Les nouveaux riches sont riches de cette digestion du pauvre, avalé, dévoré.

L'auteur

Michel Ragon, né en 1924 et mort en cette année 2020, est un écrivain français, prolétarien, libertaire revendiqué. Il est l’auteur de nombreux romans, dont des fresques de sa Vendée natale, mais aussi d’ouvrages de référence de critiques d’art et d’architecture qui lui ont valu une notoriété internationale : nous citerons par exemple, dans son immense bibliographie, Histoire mondiale de l’architecture et de l’urbanisme modernes (Seuil, 1971), les Mouchoirs rouges de Cholet (Albin Michel, 1984), Les ateliers de Soulages (Albin Michel,1990).

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